Voici comment Ottawa compte augmenter l’immigration francophone au Canada

Le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté Sean Fraser
Le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté Sean Fraser. Crédit: Compte Twitter Sean Fraser

OTTAWA – Assouplir le programme Entrée express, réviser les voies d’accès à l’immigration francophone et impliquer de façon plus accrue les municipalités. Voici quelques mesures que propose le fédéral pour augmenter le nombre d’arrivants francophones au Canada.

Le gouvernement a sorti hier son plan qui définit de façon générale ses priorités en matière d’immigration et le mandat d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). Une motion parlementaire adoptée en mai par le député libéral Randeep Sarai donnait 120 jours au gouvernement pour déposer un tel plan. L’immigration francophone est justement l’un des cinq piliers mentionnés dans le plan.

Le Canada cible la venue de 431 645 immigrants cette année, 447 055 en 2023 et 451 000 en 2024. Dans le cadre de sa stratégie nationale en immigration francophone, le fédéral indique vouloir recevoir au minimum 4,4 % d’immigrants francophones hors Québec. 

Entrée express

Le ministre Sean Fraser a souvent répété fonder beaucoup d’espoir sur une modification à la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés. Ce changement, affirme-t-il, lui permettrait d’inviter plus de candidats et d’augmenter le nombre de catégories d’emplois éligibles à Entrée express, favorisant ainsi les candidats notamment bilingues et répondant aux besoins de main-d’œuvre. Cette amélioration est justement mentionnée dans la stratégie d’IRCC.

Dans le rapport, il est question d’élargir le bassin de candidats des catégories C et D dans les voies d’accès à l’immigration économique permanente. Ces deux catégories regroupent des travailleurs ayant fait des études secondaires ou disposant d’une formation propre à l’emploi ou d’un emploi manuel pour lequel la formation est donnée en cours de route.

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« Cette mesure contribuerait à remédier aux pénuries de main-d’œuvre, à promouvoir la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire hors Québec… Elle s’accompagnerait d’une solide stratégie de communication visant à accroître la compréhension et la connaissance de ce volet par les employeurs canadiens afin de mieux soutenir l’entrée de travailleurs francophones au Canada », indique le rapport.

Les programmes d’immigration économique, qui favorisent notamment les francophones, sont souvent méconnus ou complètement inconnus aux yeux des employeurs soulignent des experts en immigration.

Révision du processus pour les francophones

Le rapport avance aussi vouloir s’attaquer aux obstacles qui bloqueraient la venue de demandeurs francophones, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Canada. 

« Le ministère effectuera également une analyse de l’ensemble actuel de ses voies d’accès en matière d’immigration, y compris celles qui facilitent la transition des résidents temporaires d’expression française, dans le cadre du travail de soutien à l’immigration francophone », peut-on lire.

Cette analyse portera notamment sur les parcours d’immigration pour les résidents temporaires et cela pourrait inclure des ajustements aux programmes qui ciblent directement les francophones, comme Mobilité francophone, par exemple indique le fédéral. Cet examen du processus visera aussi à trouver des moyens pour augmenter la probabilité que les étudiants internationaux francophones deviennent finalement des résidents permanents.

Étudiants étrangers

IRCC dit présentement revoir son processus qui implique l’obtention d’une résidence temporaire après avoir passé par le Programme des étudiants étrangers.

L’hiver dernier, les taux de refus des étudiants francophones d’Afrique avoisinaient autour de 70 % à 80 % dans les établissements francophones de l’Ontario. Plusieurs institutions avaient dénoncé le principe de double intention qui aurait nui grandement à la venue de ces étudiants dans les établissements postsecondaires. La double intention, qui est illégale, est définie comme un étranger demandant la résidence au Canada demande également à entrer au pays pour une période temporaire comme étudiant par exemple. Plusieurs agents d’IRCC refusaient les étudiants africains les soupçonnant de vouloir rester au Canada après leurs études.

« Le ministère examine l’application des dispositions relatives à la double intention afin de clarifier la façon dont l’intention de demeurer au Canada par l’un des chemins de résidence permanente et l’exigence de quitter à la fin du séjour autorisé sont évaluées. Ceci est afin d’améliorer l’uniformité du processus décisionnel et d’accueillir plus d’étudiants talentueux qui deviendront des résidents permanents à l’avenir », est-il écrit dans le plan.

Impliquer les municipalités

Le fédéral travaille à l’élaboration du Programme de candidats municipaux, ce qui pourrait aider les villes et leurs chambres de commerce a spécifiquement ciblé des candidats francophones.

En août, IRCC a ajouté les villes ontariennes de Timmins, Sudbury, North Bay et Thunder Bay à un autre projet, son Programme pilote d’immigration dans les communautés rurales et du Nord (PPICRN) qui vise à attirer plus d’immigrants dans des régions rurales ou loin des grands centres.

La cible de 4,4 % en immigration francophone hors Québec n’a jamais été atteinte depuis 2003, mais le ministre promet que son gouvernement y parviendra d’ici l’an prochain.