Wynne à Ottawa : une première assemblée publique en 2018

La première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne, lors de l'assemblée publique. Crédit image.

OTTAWA – Le calme n’aura pas duré le jeudi 18 janvier, alors que des centaines d’Ottaviens étaient présents pour l’assemblée publique de Kathleen Wynne. La légalisation du cannabis, la hausse du salaire minimum et les soins de santé se sont retrouvés à l’ordre du jour.

DIDIER PILON
dpilon@tfo.org | @DidierPilonONFR

Pour ce troisième exercice d’assemblée publique, la première ministre de l’Ontario en a vu de toutes les couleurs alors que les citoyens ont donné voix à leurs appuis, leurs inquiétudes, leurs frustrations et leurs anecdotes.

Les questions difficiles n’ont pas fait défaut. « Quand finira enfin l’abus des personnes âgées dans les foyers de soins? », s’est exclamée Shirley, 76 ans, qui affirme avoir peur pour sa vie puisqu’elle dépendra bientôt de ces services. « Comment assurerez-vous la sécurité de nos enfants alors que le cannabis sera vendu en magasin? » « Que ferez-vous pour contrer la violence croissante dans nos écoles? »

Toutefois, la question qui a déclenché les passions traitait de certains employeurs qui, en réaction à la hausse du salaire minimum, ont décidé de réduire les avantages sociaux de leurs employés.

La question a permis à la première ministre d’exploiter le message central de la soirée : « Alors que les entreprises génèrent des profits records et que le taux de chômage est bien ancré sous la moyenne nationale, tous les Ontariens ne tirent pas également profit de cette prospérité économique. »

Des opposants féroces

Le ton a été, à certaines reprises, moins courtois. En témoigne, l’opposition d’un participant. Il a raconté avec ardeur l’histoire de sa conjointe qui a récemment perdu son emploi à la suite de la hausse du salaire minimum, et a accusé le gouvernement de n’avoir pas tiré leçon du « socialisme soviétique ».

« C’est un faux dilemme d’opposer une économie forte qui crée des emplois et investit dans les infrastructures, au salaire de subsistance », a argumenté Mme Wynne. « Nous créons des emplois tous les jours dans cette province. Il est possible de veiller aux deux. »

Le poids démographique des francophones

La soirée n’a donné lieu qu’à une seule question en français. Michael Boucher, un enseignant d’histoire, a demandé comment la première ministre atteindra la cible de 5 % d’immigration francophone annuelle dans la province.

« Lorsque la francophonie est forte, l’Ontario est plus fort », a répondu Mme Wynne, en français, avant de réexpliquer en anglais. « On envoie un message aux francophones tout autour du monde, que l’Ontario est une province accueillante. » À ce jour, quelque 2 % des nouveaux arrivants en Ontario sont francophones.

Toutefois, avant même que l’enseignant finisse sa question, le chahut de quelques-uns s’est fait entendre. « En anglais! », s’est écrié un homme.

M. Boucher avoue ne pas avoir été surpris par cette réaction. « C’est un reflet d’une certaine partie de la population canadienne qui, malheureusement, est en retard à ce sujet. Ça peut être fâchant, mais j’ai aussi senti un soutien beaucoup plus fort de la foule. »

La prochaine assemblée publique aura lieu le mercredi 31 janvier, à Thunder Bay.


POUR EN SAVOIR PLUS :

Salaire minimum : l’Ontario enquêtera sur les entreprises récalcitrantes

Les cinq dossiers à surveiller en 2018 pour les Franco-Ontariens

Destination Ontario au Maroc et en Algérie : quels bénéfices?