Wynne : « une pension adéquate est la marque d’une société compatissante »
TORONTO – Les millions d’Ontariens qui n’ont pas accès à un fonds d’épargne retraite privé pourront compter sur un régime provincial de pensions si les libéraux sont reportés au pouvoir après les élections du 12 juin, promet la chef de la formation, Kathleen Wynne.
FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault
« La récompense pour toute une vie à contribuer à l’économie de l’Ontario ne devrait pas être l’épreuve et l’insécurité », a déclaré Mme Wynne lors d’un point de presse à Toronto, le jeudi 22 mai. « Une pension adéquate est la marque d’une société compatissante ».
La chef libérale a rappelé qu’un tiers des Ontariens n’ont pas accès à un régime d’épargne retraite privé. Et une fois passés le cap des 65 ans, bon nombre d’entre eux dépendent uniquement des prestations du Régime de pensions du Canada (RPC) pour espérer joindre les deux bouts.
Or, la prestation maximale du RPC est de 12 500 $ par année. Un revenu largement insuffisant, selon Mme Wynne, qui projette de doubler ces prestations à l’aide d’un régime provincial.
« Mon option préférée serait d’améliorer le RPC », a fait savoir Mme Wynne, reprochant au gouvernement conservateur de Stephen Harper à Ottawa d’avoir trop vite fermé la porte à une telle demande.
Pour l’ancien premier ministre canadien Paul Martin, qui agit à titre de conseiller spécial de Mme Wynne en matière de pensions, il est inconcevable qu’Ottawa ne soit pas réceptif à la demande de l’Ontario d’améliorer le RPC.
« Quand la première ministre de l’Ontario demande au gouvernement fédéral, avec d’autres provinces, de s’asseoir avec elle à la table pour parler de la pierre angulaire de la retraite des Canadiens, et que le gouvernement fédéral refuse, il s’agit d’un manque lamentable de leadership. Ce n’est pas ainsi qu’on érige une nation », a fustigé M. Martin.
Le régime de retraite que proposent les libéraux à Queen’s Park entrerait en vigueur en 2017, et pourrait initialement aider 3 millions d’Ontariens qui n’ont pas déjà accès à un régime privé auprès de leur employeur.
Le fonds, géré par un tiers, nécessiterait des contributions égales de l’employeur et de l’employé, n’excédant pas chacune 1,9%, sur des revenus s’élevant jusqu’à 90 000 $.
Une taxe sur les salaires?
Pour les progressistes-conservateurs de Tim Hudak, ce projet libéral de régime de retraite ontarien n’est rien d’autre qu’une « taxe sur les salaires » qui risque, selon eux, de coûter à la province jusqu’à 150 000 emplois dans le secteur privé.
Les troupes de M. Hudak, rappelons-le, promettent de créer 1 million d’emplois dans le secteur privé, mais aussi d’en éliminer 100 000 au sein de la fonction publique provinciale.
Ironiquement, c’était autrefois les néo-démocrates d’Andrea Horwath qui menaient la charge pour l’amélioration de pensions des Ontariens. Une idée depuis reléguée aux oubliettes. Si bien que la formation n’en fait même aucune mention dans son programme électoral, dévoilé le 22 mai.
Pressée de questions à ce sujet, Mme Horwath a dit préférer attendre un possible changement de garde à Ottawa avant de se réengager.