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77 000 fonctionnaires ontariens de plus ont gagné plus de 100 000$ en 2024

Le Conseil du trésor de l'Ontario a publié ce vendredi matin la divulgation des traitements dans le secteur public pour 2024. Archives ONFR

TORONTO – Comme chaque année, le gouvernement de l’Ontario dévoile sa Sunshine List, soit la liste des employés de la fonction publique avec un revenu de plus de six chiffres. Des centaines de Franco-Ontariens figurent dans ce club de moins en moins fermé. On y retrouve des agents ministériels, des enseignants, des médecins, des dirigeants de conseil scolaire, d’université et d’hôpitaux.

En l’espace d’un an, 77 096 nouveaux employés de la province ou d’organismes publics ont fait leur apparition sur cette liste, qui regroupe tous les salaires en haut de 100 000$ pour l’année 2024. En 2023, la hausse par rapport à l’année qui l’avait précédée était de 30 000, un chiffre qui s’apparente également à celui des années précédentes.

On retrouve 377 666 employés des secteurs public et parapublic de l’Ontario sur la liste, comparativement à 300 570 noms l’année précédente. Ils n’étaient que 4 500 en 1996, au moment de sa création sous le gouvernement Harris.

Paiements rétroactifs, réajustements de salaire

Comme mentionné dans le communiqué de l’annonce de ces divulgations, le gouvernement ontarien explique cette notable augmentation par des « rajustements salariaux à l’échelle du conseil, aux paiements rétroactifs effectués au cours de l’année civile 2024 et aux résultats des plus récentes conventions collectives. »

Rappelons qu’en 2019, la Loi 124 avait plafonné les augmentations de salaire des travailleurs du secteur parapublic à 1 % par année pendant trois ans, mais avait été abrogée quand la Cour d’appel de l’Ontario a jugé cette mesure inconstitutionnelle.

Le gouvernement de l’Ontario devait alors payer une somme de plus de 6 milliards de dollars aux travailleurs du secteur public.

« Près de la moitié de la croissance constatée dans la liste est attribuable au secteur des conseils scolaires, les enseignantes et enseignants contribuant à 87 pour 100 de cette augmentation », pouvait-on aussi lire.

En haut de la liste

En haut de la pyramide et comme toujours, le patron d’Ontario Power Generation (OPG) culmine à 2 010 895,76 de dollars. Cette année, il n’est plus talonné par l’un de ses lieutenants, Dominique Minière qui, selon les informations de son portail LinkedIn, serait à la retraite depuis janvier 2023.

Cette année, c’est au deuxième rang que l’on retrouve une femme, Nicolle Butcher, avec un salaire vertigineux de 978 380,20 $ pour 2024, alors qu’en 2023, elle occupait la 4e place avec 894 783,33 $.

Parmi les plus hauts salaires, on retrouve Ronald Gagnon, président et chef de la direction du Grand River Hospital (GRH) de Kitchener avec 591 247,93 $ par an.

Notons aussi Paul Seguin, vice-président principal, Production d’énergie renouvelable à Ontario Power Generation (OPG), avec un salaire annuel de 544 604,26 $ et Guy Chartrand, Président-directeur général de Santé Bruyère à Ottawa avec 535 884,68 $.

Dans la sphère franco-ontarienne, on retrouve également Dominic Giroux, président directeur général de l’Hôpital Montfort, avec 440 069,18 $.

Toujours dans le domaine de la santé, le médecin-hygiéniste et directeur général du bureau de santé publique de l’est de l’Ontario, Paul Roumeliotis, a perçu un traitement de 373 871,65 $, soit beaucoup moins que Kieran Moore, qui a perçu 455 105,68 $ à titre de médecin-hygiéniste en chef de Kingston, puis de l’Ontario.

Des changements en éducation

Les dirigeants des institutions postsecondaires francophones sont aussi bien représentés sur la liste. Jacques Frémont, recteur de l’Université d’Ottawa, a obtenu 399 616,08 $.

À Toronto, l’ex-recteur de l’Université de l’Ontario français, Pierre Ouellette, n’est pas très loin avec 354 261,00 $, mais celui-ci a quitté ses fonctions en mai dernier. Normand Labrie, qui l’a remplacé au même moment a empoché la somme de 276 622,89 $.

Les dirigeants par intérim du Collège universitaire bilingue de Glendon, Dominique Scheffel-Dunand et Ian Roberge, ont empoché 234 353,11 $ et 198 029,64 $, respectivement. Lynn Wells, de l’Université Laurentienne, 215 111,25 $.

Daniel Giroux, président du Collège Boréal, a obtenu 279 520,74 $ en 2024. Son homologue à La Cité d’Ottawa, Lise Bourgeois, 397 411,20 $, mais celle-ci a quitté son poste en juin 2024.

Le recteur de l’Université de Sudbury, Serge Miville, a empoché la somme de 215 913,47 $. Le vice-recteur associé à la francophonie à l’Université d’Ottawa, Yves Pelletier, a remporté 206 764,32 $.

Aurélie Lacassagne, ex-doyenne des Facultés des sciences humaines et de philosophie à l’Université Saint-Paul (Ottawa) et rectrice de l’Université de Hearst depuis fin juin 2024, a gagné 129 906,24 $ en 2024. Luc Bussières, qui était le recteur de Hearst avant elle, avait cumulé, quant à lui, 194 859,36 $.

Anne Vinet-Roy, qui était présidente de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens jusqu’en septembre 2024, a remporté 189 399,49 $. Celle qui lui a succédé, Gabrielle Lemieux, a quant à elle récolté 150 825,48 $.

Des dizaines d’autres professeurs et cadres de ces institutions se trouvent aussi sur cette liste.

Doug Ford loin du top

Loin des hauts salaires des dirigeants d’établissements postsecondaires des grandes villes, on trouve le premier ministre, Doug Ford, qui a gagné 208 974,00 $ en 2024, soit exactement le même salaire que l’année précédente.

Autre élément à noter, 47 personnes du bureau du premier ministre se retrouvent sur la liste, dont six ont gagné plus que M. Ford en 2024. Rappelons que le salaire du premier ministre et des députés est gelé depuis 2008, bien que Doug Ford ait récemment signalé qu’il pourrait bientôt changer.

Les députés de l’Ontario gagnent d’ailleurs moins que les conseillers municipaux de Toronto, lesquels ont voté jeudi soir une augmentation de leur salaire de 24%, une première depuis 2006.

Les conseillères francophones de la ville reine, Alejandra Bravo et Dianne Saxe, ont chacune remporté 133 650,95 $. En comparaison, France Gélinas, députée néodémocrate de Nickel Belt, a gagné 125 874,00 $ et la libérale d’Ottawa-Vanier, Lucille Collard, 129 254,04 $.

Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones, s’en sort avec 165 851,03 $ et Roda Muse, sous-ministre au ministère des Affaires francophones de l’Ontario, avec 153 932,96 $.

Michelle Séguin, qui a quitté la direction de TFO en février 2024, a gagné 241 999,94 $. Le nouveau président-directeur général de la chaîne éducative en français de l’Ontario, Xavier Brassard-Bédard, ne figure pas encore sur la liste, mais il n’a été nommé qu’en décembre dernier.

Le commissaire aux services en français, Carl Bouchard, a obtenu une rémunération de 256 660,08 $ alors qu’Edith Dumont, lieutenante-gouverneure générale de l’Ontario, a gagné 156 100,09 $ en 2024.

Parmi les maires qui ont fait la liste, on compte Mark Sutcliffe d’Ottawa (198 702,14 $), Paul Lefebvre du Grand Sudbury (149 788,50 $), Robert Lefebvre d’Hawkesbury (113 753,14 $) et François Landry de Stormont Nord (102 609,49 $).

Divulguée chaque année avant le 31 mars, la Sunshine list est née de la Loi de 1996 sur la divulgation des traitements dans le secteur public, qui exige que les organismes qui reçoivent des fonds publics de la province de l’Ontario rendent publics les noms, postes, salaires et le total des avantages imposables des employés qui ont gagné 100 000 $ ou plus au cours de l’année civile précédente.