Un cabinet des ministres qui fait le bonheur des Acadiens
La nomination de Ginette Petitpas Taylor comme ministre des Langues officielles et le retour de Dominic Leblanc au sein du cabinet Trudeau réjouissent les Acadiens. La nomination de la Franco-Ontarienne Mona Fortier a un poste clé comme présidente du Conseil du Trésor fait aussi des heureux.
Mme Petitpas Taylor est la première Acadienne à occuper ce poste depuis sa création en 2001.
« On accueille sa nomination très favorablement », n’hésite pas à dire le président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), Alexandre Cédric Doucet.
« C’est quelqu’un qui gère très bien ces dossiers. Ce n’est pas la personne la plus explosive publiquement, mais c’est quelqu’un dont on a confiance pour régler le dossier de la Loi sur les langues officielles et la spécificité constitutionnelle du Nouveau-Brunswick en matière linguistique », ajoute-t-il.
Le fait que ce soit une Acadienne qui soit à ce poste rassure aussi la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA).
« Je pense qu’elle connaît quand même les enjeux venant d’une communauté francophone elle-même. Il y a aussi le fait que tous les partis pendant la campagne ont pris l’engagement de moderniser la loi rapidement… Mme Joly a tellement travaillé sur le processus que je présume que ça ne va pas retarder le processus pour Mme Petitpas Taylor. Nous, ce qu’on veut, c’est que ça soit bien fait avec les amendements que l’on propose », soutient sa présidente Liane Roy.
Toutes ces nominations s’ajoutent aussi à celle du ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté Sean Fraser, qui est député en Nouvelle-Écosse. Malgré qu’il soit anglophone, M. Fraser représente l’un des ministres clés avec qui les organismes francophones travaillent le plus en raison du besoin d’une immigration francophone. Ces deux nouveaux venus portent à six les membres du cabinet en provenance de l’Atlantique.
La présidente de la FCFA voit d’ailleurs d’un bon œil le retour de certains ministres francophones comme Mona Fortier et Dominic Leblanc (Affaires intergouvernementales, de l’Infrastructure et des Collectivités) ainsi que l’arrivée par exemple d’un Randy Boissonnault (Tourisme).
« Aller de trois à cinq francophones qui représentent les communautés, il faut le souligner et c’est positif et on va avoir des gens autour de la table qui comprennent les enjeux et qui les vivent de manière quotidienne. »
Départ de Joly
Il s’agira de la première fois en six ans que les organismes francophones d’à travers le pays feront affaire avec une autre personne que Mélanie Joly. Cette dernière s’est vue mutée aux Affaires étrangères. À la SANB, on ne craint pas nécessairement la transition entre les deux députées libérales.
« C’est certain qu’avoir quelqu’un qui vient du Nouveau-Brunswick, on aura beaucoup moins de travail pour faire connaître notre réalité… Il va probablement y avoir une transition de Mme Joly à Mme Petitpas Taylor, mais le fait qu’elle vient du Nouveau-Brunswick — où la question des langues officielles a toujours été de prime abord politique —, ça va faire en sorte que la transition va être beaucoup moins longue qu’une personne d’une autre province. »
Mélanie Joly était l’une des ministres les plus en vue de l’équipe libérale alors que Ginette Petitpas Taylor effectue un retour après un court mandat de deux ans (2017-2019) au ministère de la Santé.
« Il faut donner la chance au coureur. On va lui donner la chance de prendre connaissance des dossiers. Alors, je vois ça de manière positive », relate Liane Roy.
La nomination de la Franco-Ontarienne Mona Fortier est vue comme un bon signe, notamment pour le projet de loi C-32.
« C’est un poste clé du gouvernement fédéral. Nous, ce qu’on demande pour la communauté francophone au pays, c’est que la mise en œuvre de la modernisation de la Loi sur les langues officielles se retrouve au Conseil du Trésor alors ça va vraiment être intéressant de travailler avec elle pour faire avancer ça », soutient Carol Jolin, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO).
« Rassurant » pour le postsecondaire
Du côté de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne, on se dit « rassuré » par le fait que celle qui sera à la tête du ministère des Langues officielles représente la circonscription où se trouve l’Université de Moncton en situation financière précaire.
« Je sais qu’elle a une bonne connaissance du dossier… C’est quelqu’un de centré sur les solutions pour avoir travaillé avec elle lorsqu’elle était à la Santé. L’enjeu prioritaire pour nous est la promesse qu’a faite le gouvernement libéral pendant la campagne de doubler et rendre permanent le financement aux universités. Donc, c’est certain qu’on va vouloir s’assurer que ces promesses-là se concrétisent. »
Pour Carol Jolin, le fait de perdre une ministre qui connaissait bien le dossier du postsecondaire à Sudbury n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Il rappelle que les engagements qu’ont pris les troupes de Justin Trudeau ne changent pas avec un différent cabinet.
« Je pense que la connaissance du dossier peut se rattraper très très rapidement surtout que le gouvernement fédéral a annoncé une enveloppe de 80 millions de dollars de façon permanente, donc ça, c’est extrêmement important. On va travailler étroitement avec Mme Petitpas Taylor pour qu’elle soit au courant de notre dossier et on va voir comment le fédéral peut nous aider à aller d’une transition des cours en français. »