Culture

Surf Bay, côte Ouest : une première série de fiction francophone en Colombie-Britannique

Camille Felton incarne Margot, le rôle principal de la série Surf Bay, côte Ouest. Photo: UNIS TV

Le tournage de la série Surf Bay, côte Ouest s’est terminé dans les dernières semaines en Colombie-Britannique. Cette première collaboration entre UNIS TV et Bell Média se présente aussi comme la première série de fiction francophone à être tournée dans la province la plus à l’ouest du Canada. ONFR a discuté avec le réalisateur franco-ontarien Dominic Desjardins et deux des comédiennes, Camille Felton et Mia Wistaff.

Dans la ville côtière fictive de Surf Bay, la surfeuse Margot Swann (Camille Felton) pourrait devoir choisir entre ses ambitions olympiques et ses convictions écologiques, alors que l’industrie touristique menace une forêt centenaire de sa communauté.

« Elle va se mettre à faire des actions écolos sans nécessairement penser aux impacts que ça peut avoir sur sa carrière. Ça va aussi jouer dans ses liens d’amitié ou avec son entraîneuse », explique la comédienne principale.

Le groupe de jeunes de Surf Bay, incarné par Karl Walcott, Mia Wistaff, Henri Picard, Camille Felton et Tony Hiu Joong Giroux. Photo : UNIS TV

Dominic Desjardins exprime le fait que l’océan et la forêt ont été traités comme « deux planètes ». L’eau est l’élément naturel de Margot, mais elle découvrira aussi l’importance de la terre.

Pour stimuler ce lien avec la nature, le réalisateur a voulu placer les acteurs en immersion dans ces deux mondes, ce qui a mené l’équipe à tourner dans des conditions ambitieuses, incluant des cascades, des scènes de nuit ou des dialogues en plein dans les vagues.

« Une des choses qui était très ambitieuses, c’était d’amener nos actrices dans l’océan. »
— Dominic Desjardins

Surf Bay proposera en effet des scènes où Margot et sa meilleure amie Zoélie (Mia Wistaff) s’entraînent et discutent assises sur des planches de surf professionnelles, qui sont minces et difficiles à maîtriser. Les prouesses sportives ont été tournées avec des doublures, mais les actrices ont passé deux journées de tournage directement dans l’océan.

« On s’amusait comme des petits poissons dans l’eau », lance Camille Felton en se remémorant des moments intenses, après une semaine d’entraînement alors qu’elle n’avait jamais surfé de sa vie. La comédienne a dû composer avec le mal de mer, mais finalement, « il a fait tellement beau, la mer était belle et on a tout donné. (…) Ça change tout, que les acteurs soient dans l’eau. On y croit encore plus. »

Mia Wistaff explique qu’elle avait une certaine expérience en surf, mais seulement sur des planches longues. « Je surfe comme une touriste, je suis loin de pouvoir me faire passer pour une surfeuse professionnelle, mais je suis hyper à l’aise dans l’eau », raconte celle qui espérait décrocher le rôle de Zoélie pour cette raison.  

« C’était vraiment un défi, mais tellement satisfaisant d’arriver au bout de ça et de dire : ‘yes, on a vraiment un show de surf’ », se réjouit Dominic Desjardins.

Amies et rivales

Camille Felton décrit Margot comme intense, impulsive, sensible et passionnée. « Il y a une énorme courbe narrative à ce personnage. »

Dans les 10 épisodes de 23 minutes, Margot et Zoélie partagent une profonde amitié, mais aussi une quête de soi propre au passage à l’âge adulte qui crée une rivalité certaine.

Mia Wistaff (à gauche) et Camille Felton (à droite) ont eu un coup de coeur mutuel lors des tournages de Surf Bay, côte Ouest. Photo : UNIS TV

Au début de la série, Zoélie revient à Surf Bay après des études à Vancouver. Celle qui s’est souvent définie par les autres (l’amie de Margot, la blonde de Noah…) devra trouver sa propre personnalité. Mia Wistaff apprécie ce « quelque chose de Zoélie qui est très commun. »

Dominic Desjardins croit que le type de relation entre les deux surfeuses n’est pas souvent exploité à la télévision. Pour trouver le bon ton, l’équipe derrière Surf Bay a interviewé les sœurs Sanoa et Mathea Olin, deux championnes de surf originaires de Tofino. Dominic cite une phrase de Mathea qui représente aussi la relation entre Margot et Zoélie : « La personne que je veux battre le plus en compétition, c’est (elle). Je sais par contre que si elle n’avait pas été là, je ne serais pas rendue où je suis. »

Une fiction en milieu minoritaire

Si les paysages de l’île de Vancouver sont particulièrement mis de l’avant, la réalité sociale de ce coin de pays n’est pas écartée. Les personnages principaux sont francophones, mais ils vivent dans la ville anglophone de Surf Bay, située dans la région de Tofino.

Dominic Desjardins spécifie : « Ça représente bien la réalité d’ici. Tout à coup, il y a une scène en anglais, après il y en a une en français. Les personnages s’expriment parfois en anglais quand ils parlent à la foule. »

Une partie de la distribution de Surf Bay, côte Ouest. De gauche à droite et de haut en bas : Mia Wistaff, Henri Picard, Camille Felton, Karl Walcott, Jessica Heafey, France Perras, Tony Hiu Joong Giroux et Émilie Leclerc. Photo : UNIS TV

Mia Wistaff aime ce bilinguisme qui transparaît dans la série. « Des fois, on parle beaucoup de ce face-à-face entre la francophonie et les anglophones. Ce que j’aime de Surf Bay, c’est que c’est vraiment juste un village, une réalité où il y a les deux et c’est correct. Ce n’est pas obligé d’être un gros enjeu. »

Originaire de Montréal, l’interprète de Zoélie a déménagé à Vancouver il y a un an, après un passage à Victoria pour ses études en Théâtre musical. « Je suis encore en train de réaliser ce que ça veut dire d’être dans cette industrie et de partager mon temps entre Montréal et Vancouver. »

« Quand tu annonces que tu vas faire un projet en français, tout à coup se révèlent des francophones invisibles. »
— Dominic Desjardins

Dominic Desjardins estime à 50 % le nombre de francophones dans le total de la production, incluant plusieurs chefs de départements. « Quand tu annonces que tu vas faire un projet en français, tout à coup se révèlent des francophones invisibles. Ce sont des gens qui sont ici depuis longtemps, qui travaillent juste en anglais, mais qui sont francophones. »

Selon Camille Felton, l’expérience de travailler dans l’Ouest a permis aux acteurs québécois de s’ouvrir à la francophonie canadienne. Elle parle déjà de collaborer à nouveau avec certaines personnes.  « Ça nous a tellement nourris de rencontrer de nouveaux acteurs, de découvrir une nouvelle industrie et de nouvelles personnes, autant devant que derrière la caméra. »

Aller plus loin

Dominic Desjardins croit s’être dépassé comme réalisateur. « Dans tout ce que j’ai fait, c’est la série où on est allés le plus loin au niveau du jeu avec les acteurs. »

Pour lui, il était important que la série en soit une d’action, que ce soit au niveau du surf ou de l’écologie. « On ne voulait pas que les actions écolos soient un concept intellectuel. »

Le réalisateur franco-torontois Dominic Desjardins. Photo : UNIS TV

Habituée des caméras depuis l’enfance, Camille Felton parle de Surf Bay comme de son « plus gros projet en 20 ans de carrière. »

L’interprète de Margot croit que la série s’écoutera bien en rafale. Le titre Surf Bay, Côte Ouest laisse d’ailleurs présager une certaine ambiance « très cool, très hip » à l’américaine, que Mia Wistaff a hâte de partager avec le public.

Dominic Desjardins croit « que ce sera quelque chose d’unique. On a monté la barre à tous les niveaux, mais il y a quelque chose, culturellement et au niveau du cœur qui va se distinguer de tout ce qui se fait aux États-Unis et au Québec. C’est une première en francophonie ».

Surf Bay, Côte Ouest sera diffusée sur TV5UNIS au printemps 2026, puis sur Crave en 2027. La série est coproduite par Reign Films et Locomotive Média.