
Une nouvelle voix pour la communauté LGBTQ+ de Prescott-Russell

RUSSELL – Depuis 2017, un groupe de bénévoles s’active dans Prescott-Russell pour soutenir les personnes LGBTQ+. L’initiative prend désormais une nouvelle ampleur avec l’incorporation et la création d’un conseil d’administration, une étape qui pourrait transformer sa capacité d’agir.
« En s’incorporant, on va pouvoir déposer des demandes de subvention et faire avancer les intérêts de la communauté LGBTQ+ dans la région », explique Martin Hébert, agent de santé communautaire au Centre de santé communautaire de l’Estrie (CSCE) et initiateur du projet.
Formé il y a huit ans, le Groupe LGBTQ+ et alliés de Prescott-Russell avait jusque-là fonctionné sur une base volontaire, avec deux volets principaux : une formation destinée aux organismes de la région pour mieux comprendre les réalités LGBTQ+, ainsi qu’un rôle de réseau communautaire permettant de rediriger les personnes vers les activités locales.
« Prescott-Russell, c’est une région immense. On veut être capables de mettre les groupes en lien entre eux et de répondre quand quelqu’un cherche du soutien », poursuit celui qui se définit comme un allié de la cause.

Une subvention qui change tout
L’élément déclencheur, cette fois, est venu d’une subvention fédérale du ministère de la Femme et de l’Égalité des genres du Canada. Cet appui financier permet d’engager une consultante et de mettre en place la structure juridique qui faisait jusque-là défaut.
« On avait déjà tenté une incorporation, mais sans financement, ça avait avorté. Là, on a les moyens d’aller chercher des partenaires, de faire de la promotion, de frapper aux portes des municipalités pour obtenir plus d’appuis », résume M. Hébert.
Les personnes intéressées à siéger au conseil d’administration ont jusqu’au 24 septembre pour soumettre leur candidature. La priorité sera donnée aux personnes 2SLGBTQ+ et à leurs alliés, ainsi qu’à celles ayant une expérience en gouvernance, de solides compétences interpersonnelles et un fort engagement envers la mission de l’organisme.
Un premier conseil d’administration intérimaire, composé de trois membres, sera sélectionné pour un mandat de deux ans.
Accueil mitigé, mais besoin réel
Comme en témoignent les réactions sur les publications Facebook de l’organisme, l’initiative suscite des réactions partagées.
« C’est toujours mélangé : certains sont contre, d’autres pour. Mais quand on parle aux gens de la communauté LGBTQ+, c’est bien accueilli. L’organisme pourra porter une identité claire qui représente toute la région », affirme M. Hébert.

S’il n’existe pas encore de données précises sur la taille de la communauté dans Prescott-Russell, les besoins sont bel et bien là, insiste-t-il.
« Parfois, les gens nous disent : pourquoi investir dans un organisme pour une petite partie de la population? Mais la demande existe, et l’accès à des services spécialisés aussi. »
Un organisme bilingue et inclusif
Le futur organisme se veut bilingue, reflet du visage de Prescott-Russell. « La région est majoritairement francophone, mais de plus en plus d’anglophones s’y installent. On veut représenter tout le monde », explique le Franco-Ontarien.
L’idéal serait d’avoir des administrateurs bilingues, mais l’organisme ne souhaite pas se fermer de portes. « On ne va pas refuser quelqu’un d’expérimenté et motivé simplement parce qu’il ne maîtrise pas les deux langues. On sera là pour traduire et accompagner si besoin », conclut-il.