Casselman veut attirer les immigrants francophones dès leur pays d’origine
À travers le lancement de son Comité local en immigration francophone (CLIF) ce mercredi 1er octobre, la ville de Casselman entend se positionner comme Communauté francophone accueillante, capable d’attirer et de retenir de nouveaux arrivants dans la région de Prescott-Russell.
Inviter les immigrants francophones directement de leur pays d’origine. L’objectif de Casselman d’ici 2028 est clair pour soutenir sa croissance et celle de la région de Prescott et Russell.
« Nous sommes une communauté bilingue, à forte proportion francophone, qui cherche à maintenir ses effectifs, et l’immigration est un puissant levier », affirme Paul Groulx, conseiller municipal, rappelant qu’environ mille emplois sont à combler dans la région.
« Un grand besoin de main-d’œuvre se fait sentir dans toute la région de Prescott-Russell. Casselman est une municipalité à majorité francophone et se trouve également dans une forte poussée de croissance socioéconomique », renchérit son collègue Sylvain Cléroux.
Les atouts d’une ville carrefour
Située à 40 minutes d’Ottawa, à une heure de Montréal et sur l’axe routier qui mène à Toronto et aux États-Unis, Casselman met de l’avant plusieurs arguments : coût de la vie raisonnable, variété d’emplois, capacité d’accueil.
« Nous avons plusieurs projets immobiliers sur le point de se concrétiser, ce qui permettra de construire plusieurs centaines de maisons », fait valoir Paul Groulx.
La municipalité revendique un équilibre entre modernité et cadre rural. « Nous avons toutes les commodités d’une grande ville — commerces, Internet haute vitesse, accès à l’autoroute, proximité des grands centres — tout en demeurant accessibles en taille et en coûts », ajoute-t-il.
L’ouverture d’un centre de distribution de pièces automobiles Ford a déjà attiré plus d’une centaine de résidents venus de la région de Toronto, désormais établis à Casselman.

Mais, pour l’instant, la priorité demeure d’attirer des familles et des individus installés à Ottawa, Gatineau ou Toronto, « qui cherchent une communauté plus rurale, plus petite et plus abordable pour élever leur famille ou développer leur entreprise », précise Paul Groulx.
Vers une Communauté francophone accueillante
Dans cette optique, le conseil municipal a adopté à l’unanimité, fin mai, un plan stratégique pour faire de Casselman une Communauté francophone accueillante (CFA). « Lorsque nous aurons la désignation de Communauté francophone accueillante, nous pourrons inviter les immigrants directement de leur pays d’origine à Casselman », rappelle M. Groulx.
Première étape : le lancement officiel, ce 1er octobre, du Comité local en immigration francophone (CLIF) de Casselman. Un forum réunissant plus d’une cinquantaine de participants doit y identifier les opportunités d’affaires et les besoins de la collectivité pour mieux accueillir les nouveaux arrivants.

« Le CLIF est une table de concertation, un espace de dialogue, de co-planification et de mise en œuvre de projets en matière d’immigration », explique Lorvenson Larose, coordonnateur aux communications du Réseau de soutien à l’immigration francophone de l’Est de l’Ontario (RSIFEO). Impliqué dans l’organisation du CLIF de Casselman, le réseau joue aussi un rôle clé dans la promotion des villes de la région comme destinations d’immigration francophone.
« La mise sur pied de ce genre d’initiative permettra de préserver la culture franco-ontarienne tout en favorisant l’inclusion et la diversité. La francophonie est un pilier important de l’identité de Casselman. Sa croissance et sa vitalité sont notre responsabilité collective », soutient Sylvain Cléroux.

Des défis à relever
L’arrivée de nouveaux résidents devra toutefois être arrimée aux besoins du marché du travail. « Être une communauté francophone accueillante signifie accueillir, mais aussi retenir ces familles ici », souligne Caroline Arcand, directrice générale du Centre de services à l’emploi de Prescott-Russell.
Constatant déjà « une diminution du fait français dans ce village francophone », elle insiste sur l’importance d’accroître la population francophone pour maintenir la langue. « Nous travaillons déjà avec les commerçants et des groupes locaux pour favoriser l’inclusion des nouveaux arrivants et des personnes racialisées », ajoute-t-elle.

Ces enjeux d’intégration s’ajoutent à des besoins concrets en matière de services et d’infrastructures. « Dans notre plan stratégique, nous avons trois piliers : infrastructures, bien-être communautaire et service à la clientèle. Sous le pilier bien-être, nous voulons développer des attraits comme le nouveau parc et le sanctuaire d’oiseaux, ou encore fournir des espaces communautaires favorisant des modes de vie actifs pour tous les âges », indique Paul Groulx.
En matière de santé, la municipalité reconnaît des besoins pressants. « Nous travaillons avec le gouvernement de l’Ontario et l’Association médicale de l’Ontario pour attirer des équipes de santé et des médecins à Casselman », précise-t-il.
Une vision inclusive
« En tant que mairesse, mon leadership repose sur la confiance, la transparence et la création d’occasions pour que chacun trouve sa place », résume Geneviève Lajoie, mairesse de Casselman. Pour elle, soutenir l’initiative Communauté francophone accueillante s’inscrit parfaitement dans cette vision. « Mon objectif est de faire de Casselman un lieu où les nouvelles familles, qu’elles soient francophones, anglophones ou issues d’autres cultures, se sentent soutenues et encouragées à contribuer à la vie communautaire », assure-t-elle.

Le CLIF de Casselman s’ajoute à ceux déjà mis sur pied dans d’autres villes comme Ottawa, Kingston et Cornwall. « Notre objectif est que chaque municipalité intéressée puisse avoir son CLIF pour travailler sur ses défis spécifiques », explique Lorvenson Larose du RSIFEO.
Aujourd’hui, on compte 24 Communautés francophones accueillantes au Canada, dont 10 nouvelles. Devenir Communauté francophone accueillante permet aussi aux municipalités de bénéficier d’un financement d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC).
« Les efforts déjà amorcés par des municipalités comme Casselman leur permettront de mieux se positionner si le projet s’amplifie après 2028 », conclut M. Larose.