
Aperçu du nouveau volet francophone du Fringe d’Ottawa : les spectacles franco-ontariens

OTTAWA – Après un virage bilingue complété pour son festival Undercurrents, le Fringe d’Ottawa fait la même chose avec son événement principal. Du 12 au 22 juin, un tout nouveau volet francophone présentera sept productions, parmi la sélection totale de 58 spectacles, réunis sous le thème The Show Must Grow On. ONFR a parlé à plusieurs créateurs pour donner un avant-goût de ces propositions en français.
La sélection des artistes pour cet événement se fait par un tirage au sort, et les francophones devaient auparavant espérer un alignement des astres pour se tailler une place. Désormais, le volet francophone permet de s’assurer d’avoir une certaine représentativité. Le sous-titrage permet aussi au public anglophone de profiter de spectacles dans la langue de Molière. Le site web et les communications du Fringe sont aussi complètement bilingues.
Voici un premier avant-goût, qui présente les productions spécifiquement franco-ontariennes.
∉ {0,1} Trop paresseuse pour faire un coming out donc j’ai créé une pièce de théâtre
L’artiste bilingue de Waterloo, Sophie Twardus, aborde le sujet de la non-binarité en toutes choses. Le genre, bien sûr, mais aussi la langue ou même la relation entre l’art et les mathématiques.
« C’est vraiment un spectacle sur l’identité. Comment on se définit, comment on veut être vu par le monde. Quelles parties de nous on partage et lesquelles on garde un peu plus cachées. Je pense que c’est quand même quelque chose d’universel de se trouver entre deux catégories. »
L’artiste maintenant établie dans la région d’Ottawa-Gatineau utilisera des exemples du quotidien pour faire valoir ses points, dont le principe de double citoyenneté ou même la définition… d’un sandwich. « Personne n’est d’accord, mais c’est beaucoup moins politisé. »

Sophie Twardus avoue avoir hésité à s’inscrire au volet francophone, elle qui évolue beaucoup dans le milieu culturel anglophone. « C’est tellement facile, en étant quelqu’un de bilingue qui vit en Ontario, de juste utiliser mon anglais, admet-elle. Si je veux vraiment célébrer (ma francophonie), il faut que je fasse ce choix. »
« Je pense que j’étais un peu gênée de prendre une des places francophones, » explique celle qui sent une certaine responsabilité « d’être à la hauteur de la catégorie ».
Chez Suzette Boulette
Des employés d’un casse-croûte tentent de compléter la fermeture de la journée, mais la situation devient plutôt chaotique. « Il y a énormément de tensions. Ces personnages sont pris dans un endroit où la pression et la chaleur montent, et ça fait exploser les personnalités », raconte Anne Hamels, qui signe la mise en scène.
L’autrice Laurence Gallant explique qu’elle souhaitait créer un spectacle situationnel. « Ma vision, c’était juste d’écrire quelque chose qui pourrait se passer dans la vraie vie, qui n’a pas nécessairement de début, de milieu, de fin, d’élément déclencheur, de conclusion ou de morale. J’aime voir les relations humaines qui se créent. J’aime qu’il y ait des chicanes, que ce soit basé sur quelque chose ou sur rien, que ça se résolve ou pas. »
Celle qui est un peu agacée par les rôles féminins trop souvent stéréotypés voulait écrire des personnages entiers qui n’existent pas dans un but militant. « C’est quand même juste des personnes. »

La troupe est composée de sept diplômés du baccalauréat en pratique théâtrale en jeu de l’Université d’Ottawa, issus de différentes cohortes. Le spectacle a pu être créé grâce à une bourse de 15 000$ de leur alma mater.
« On a décidé de faire ce premier projet-là pour se professionnaliser, s’offrir la chance de travailler en groupe et en profondeur. On est vraiment heureux d’être là et de pouvoir créer ensemble », explique Anne Hamels.
Je m’appelle Mitchel
Suite à un désistement, le Franco-Ontarien Brandon Fortin a su qu’il avait sa place au Fringe d’Ottawa à deux semaines d’avis. Une surprise qui coïncidait avec son embauche pour un nouvel emploi. « C’était vraiment épeurant, exprime l’artiste d’Ottawa. Il y avait tellement de choses qui se passaient en même temps. »
Devant le délai très court, il a appelé des amis et ressorti une nouvelle qu’il avait écrit quand il était plus jeune, pour l’adapter à la scène.
« C’était extrêmement psychologique, mystérieux, weird et absurde et je l’ai beaucoup aimée. Et là, j’avais le défi de l’écrire (en version théâtrale) ».

Quand on lui demande de résumer sa pièce, il s’exclame : « Ça m’a pris plus longtemps pour écrire le résumé qu’écrire la pièce! »
Quand même, il peut divulguer la prémisse, qui est celle d’un homme qui a subi un traumatisme inconnu. Une mystérieuse voix l’aidera à retrouver ses souvenirs.
Brandon Fortin se réjouit de l’arrivée d’un volet francophone au Fringe d’Ottawa. Il apprécie particulièrement la sélection par tirage au sort, qui permet à des artistes de la relève d’avoir la même chance que des artistes établis. « Improtéine a la même chance que moi! C’est weird à penser. »
L’entièreté de la programmation du Festival Fringe d’Ottawa est en ligne, sur son site web également disponible entièrement en français.