
Aperçu du nouveau volet francophone du Fringe d’Ottawa : les spectacles hors-Ontario

OTTAWA – Le Festival Fringe d’Ottawa, qui aura lieu du 12 au 22 juin sous le thème The Show Must Grow On, se dote pour la toute première fois d’un volet réservé aux spectacles en français. Comme les places sont attribuées par loterie, le nombre de spectacles dans la langue de Molière était auparavant laissé au hasard. Cette année, sept places ont été réservées dans un bassin à part et ONFR a rencontré les artistes chanceux.
Après une première partie qui présentait les spectacles franco-ontariens, voici maintenant un avant-goût des autres propositions du volet francophone.
Bucket List
Le magicien de Montréal Jimmy Cao s’est donné le défi de réaliser 52 de ses rêves et objectifs avant d’atteindre la trentaine. Entre apprendre à résoudre un cube Rubik ou à faire du Bubble Tea au Japon, il avait aussi l’envie de monter son propre spectacle.
Inspiré et entouré d’autres magiciens comme le Franco-Ontarien Éric Leclerc et le champion canadien Marc Trudel, Jimmy Cao a donc imaginé ce spectacle solo dans lequel il raconte son histoire. Il se spécialise dans la micromagie, où les tours sont effectués très près du spectateur, avec des objets du quotidien. Le public sera donc grandement impliqué.

Bucket list s’adresse à un public adolescent et adulte. « J’ai aussi un message de profiter de la vie le plus tôt possible. Dans mon spectacle, je raconte l’événement personnel qui m’est arrivé et qui m’a poussé à faire cette bucket list. »
Sammy and « Le Grand Buffet »
Les jeunes spectateurs peuvent aussi trouver leur compte au Fringe d’Ottawa. La compagnie Piti théâtre est composé du couple Godeliève Richard (Suisse) et Jonathan Mirin (États-Unis.) Ce dernier joue le rôle de Sammy, un Américain qui est engagé dans un chic restaurant parisien alors qu’il apprend le français.
Ses mimiques clownesques et ses tentatives de bien parler la langue, truffée de « faux amis » (des mots qui se ressemblent dans les deux langues, mais ne veulent pas dire la même chose) sont les principaux ressorts comiques du spectacle.
La genèse du projet vient « d’une enseignante en Suisse qui demandait si l’on pouvait créer quelque chose de divertissant et qui aiderait à la compréhension de l’anglais pour les élèves », explique Jonathan Mirin, lui-même anglophone.

Les représentations alterneront entre la version française et la version anglaise du spectacle. « La version française apprend un peu d’anglais et la version anglaise apprend un peu de français », explique Godeliève Richard, qui s’occupe de la mise en scène, des costumes et des accessoires. Elle précise toutefois que « c’est juste pour rigoler ».
Garçon béton
Gabriel Guertin-Pasquier a gagné le prix du Producteur émergent au Festival Fringe de Montréal en 2023 pour Garçon béton, qu’il vient cette fois présenter à Ottawa.
« C’est un hommage aux 49 victimes du Pulse Nightclub à Orlando, » où une fusillade homophobe a éclaté le 12 juin 2016, neuf ans jour pour jour avant la première du spectacle dans la capitale canadienne.
« Je me suis inspiré des derniers textos que l’une des victimes, Eddie Justice, avait écrit à sa mère quelques minutes avant de mourir dans les toilettes du club, explique Gabriel Guertin-Pasquier. Je trouvais que c’était passé un peu sous silence, quand c’est quelque chose de très dramatique. »

L’artiste parle également au jeune Gabriel, puisqu’il a subi de l’intimidation verbale et physique. Le spectacle est personnel, mais d’actualité. « C’est un genre de constat de la communauté LGBTQ+ d’aujourd’hui, à travers mes yeux », explique-t-il.
Garçon béton est libérateur pour l’artiste, qui constate une montée de la haine homophobe et transphobe, non seulement aux États-Unis, mais aussi au Canada.
« Ça me permet de me débarrasser un peu de ces craintes-là, mais aussi de prendre le pouvoir que j’ai enfin, de ne pas me cacher, d’être sur une scène et d’affirmer pleinement la personne que je suis. »
Y a-t-il de l’espoir dans ce thème si sombre? « Un peu », sourit le principal intéressé devant la question. « Plus il y a de la représentation à la télévision et au théâtre, plus on parle de ces problèmes de la société, plus on peut avancer et retrouver le bonheur dans notre communauté. »
Sous le même toit?
Samuel Tétreault et Nicolas Lamoureux se sont lancés dans un projet de théâtre documentaire sur le système d’éducation au Québec. Ils ont rencontré des gens de 16 à 55 ans pour leur poser des questions larges comme « quel est l’objectif de l’éducation, selon vous? »
S’ils ont fait ensemble la recherche, les entrevues et la mise en scène, chacun présentera sa version du monologue, l’un à Ottawa et l’autre à Montréal, puisque les dates des deux festivals Fringe se chevauchent. Dans la capitale nationale, c’est Samuel Tétreault qui montera sur scène. Il travaille justement dans le système scolaire, comme enseignant en arts dramatiques au primaire.
Le spectacle parle aussi d’individualisme et de socialisation. « On a interrogé Claude Lessard, un ancien président du Conseil supérieur de l’éducation du Québec. Il nous a donné des réponses ultra fascinantes et pertinentes sur le fait qu’instruction et socialisation sont deux choses interreliées dans le système scolaire. »

C’est une première mouture de 25 minutes qui sera présentée au cours des deux prochaines semaines. Les représentations seront suivies d’une discussion avec le public, qui continuera d’alimenter la réflexion des deux hommes.
« On va présenter notre point de vue du Québec, plus précisément de Montréal. Avec ce qu’on va avoir présenté au public d’Ottawa, ce sera intéressant d’avoir leur point de vue, comment leur système d’éducation se définit. »
L’entièreté de la programmation du Festival Fringe d’Ottawa est en ligne, sur son site web également disponible entièrement en français.