Après des mois de chaos, le gouvernement dissout le conseil municipal de Black River-Matheson
BLACK RIVER-MATHESON – Le ministre des Affaires municipales et du logement a pris la décision de dissoudre l’entièreté du conseil municipal de Black River-Matheson après des mois de conflits entre les élus. Une élection partielle aura lieu prochainement pour combler l’ensemble des postes du conseil du canton situé sur la route 11.
Le 9 avril dernier, Paul Calandra, ministre des Affaires municipales et du logement, avait signalé à la municipalité son intention de dissoudre le conseil si le quorum n’était pas atteint d’ici le 26 avril.
L’absence répétée et délibérée de trois conseillers sur les six qui composent le conseil depuis le 27 février a eu pour conséquence que la tenue de la séance municipale n’a pas pu se faire, faute de quorum.
« L’absence aux réunions a un impact sur la prise de décision et nuit aux résidents », a déclaré M. Calandra dans une lettre envoyée au membre du conseil municipal ce lundi après-midi.
Ainsi, et citant les dispositions de la Loi municipale de 1996, celui-ci a signifié la dissolution du conseil effective immédiatement et la tenue d’une élection prochaine à venir dans le canton de 2500 habitants.
Kathy Horgan, responsable des gouvernements locaux et du logement pour le bureau régional du Nord du ministère, a été désignée pour exercer de façon intérimaire les fonctions du conseil.
« Je compte nommer une autre personne qui s’occupera des fonctions et obligations du conseil », écrit le ministre Calandra qui précise que la personne nommée sera en place jusqu’à ce que l’élection partielle soit terminée.
Tous les membres du conseil municipal du canton, abritant 23 % de francophones, à l’exception de Dave Dyment, avaient été élus par acclamation en 2022.
Conflit de travail et chaos
En arrière-plan, il y a ce conflit de travail opposant les employés syndiqués de la municipalité depuis octobre 2023, qui réclamaient de meilleures conditions salariales. Après des comportements jugés menaçants par le Canton, un avis d’interdiction dans les bâtiments municipaux avait été émis contre les grévistes.
Le syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) avait alors demandé un contrôle judiciaire de la conduite du Canton, alléguant qu’elle violait les règlements.
Entre-temps, le Canton a embauché un enquêteur pour déterminer si les membres du syndicat avaient un comportement menaçant et nuisible.
Plus tôt ce mois-ci, un accord avait finalement été atteint, mais celui-ci a été retardé lorsque la ville a refusé d’abandonner des poursuites judiciaires et de ne pas exercer de représailles sur le personnel pour leur conduite pendant la grève.
La municipalité demande maintenant à la Commission des relations de travail de l’Ontario d’ordonner aux deux parties de signer l’entente.
En parallèle, la hausse prévue de 34 % des taxes municipales sans consultation publique avait contribué à accentuer la scission au sein du conseil municipal.
Deux conseillers, Kim Druer et Keith Neal, avaient posé leur démission, respectivement, en août 2023 et février dernier.
Trois autres conseillers, Dave Dyment, Steve Campsall et Louise Gadoury avaient annoncé ne plus avoir l’intention de se rendre au conseil, dans un communiqué de presse paru le 18 mars dernier. Ils disaient alors que le conseil et le personnel ne travaillaient pas dans l’intérêt de leurs contribuables.
Des réactions positives de la communauté
« Nous ne savons pas encore ce que cela signifie pour nous, mais c’est le premier signe positif que nous voyons depuis un certain temps », a déclaré Serge Bouchard, président de la section locale 1490 du SCFP, qui représente 14 travailleurs municipaux.
« C’est remarquable que nous en soyons arrivés là, mais nous accueillons favorablement la décision de la province et les prochaines élections municipales. Il est temps que les gens de cette ville obtiennent les services et la représentation que nous méritons tous », a-t-il laissé savoir.
Les réactions n’ont pas tardé à affluer sur les réseaux sociaux, avec plus d’une centaine de commentaires célèbrant ce que les internautes considèrent comme une victoire pour la collectivité.
« Bonne nouvelle, tout ce travail acharné a porté fruit! Maintenant, il faut que les bonnes personnes soient au pouvoir pour remettre la ville sur la bonne voie », pouvait-on lire dans un commentaire de Linda Germain.
« Ce n’est peut-être que la deuxième fois que cela se produit en Ontario. Ça solidifie le concept d’une communauté qui se rassemble et de leaders prêts à parler pour réparer un tort », se réjouit de son côté Robert McKnight.