Avant Mona Fortier, déjà plusieurs Franco-Ontariens ministres fédéraux
OTTAWA – Depuis mercredi, les Franco-Ontariens ont une nouvelle ministre au cabinet de Justin Trudeau en la personne de Mona Fortier. Mais la députée d’Ottawa-Vanier n’est pas la première. Tour d’horizon des ministres issus de l’Ontario français avec le politologue de l’Université d’Ottawa, Martin Normand.
Lionel Chevrier (1945-1954)
Difficile de dire vraiment qui fut le premier des ministres franco-ontariens tant les sources sont insuffisantes. Un nom se dégage tout de même dans la première partie du 20e siècle, celui de Lionel Chevrier.
Né à Cornwall en 1903, Lionel Chevrier exerce la profession d’avocat dans sa ville natale de 1928 à 1935, avant d’être élu député fédéral libéral de la circonscription de Stormont, où il sera réélu cinq fois consécutives. C’est au cours de ces mandats que M. Chevrier devient adjoint parlementaire du ministre des Munitions et des Approvisionnements (1943-1945), puis ministre des Transports à partir de 1945 et ce jusqu’en 1954.
Paul Joseph James Martin (1946-1957)
Souvent connu sous le nom de « Paul Martin père », ce natif de Windsor occupe une place importante dans les gouvernements de King et de Saint-Laurent. À partir de 1946, il devient ministre de la Santé nationale et du Bien-être social. C’est lui qui, pour beaucoup, convainc alors le premier ministre Saint-Laurent d’accepter l’assurance-santé nationale.
« Il a laissé une voix importante et une contribution claire », résume Martin Normand. « Sa marque est plus beaucoup plus grande que les autres Franco-Ontariens qui ont été ministre. »
Paul Joseph James Martin échoue à deux reprises à devenir chef du Parti libéral du Canada. Cela ne l’empêche pas de jouer un rôle au sein du gouvernement Pearson dans les années 60 où il est secrétaire d’État des Affaires extérieures.
Il est aussi connu pour être le père de… Paul Martin, ministre des Finances de 1993 à 2002, puis premier ministre du Canada.
Peut-on, dès lors, considérer « Paul Martin fils » dans la liste des ministres franco-ontariens? « Il est né en Ontario, il a rappelé ses origines franco-ontariennes dans des entrevues, mais à la différence des autres et de son père, il n’a jamais représenté une circonscription franco-ontarienne. Il était élu dans une circonscription de Montréal [LaSalle – Émard] », illustre Martin Normand.
Diane Marleau (1993-1999)
Avant Mona Fortier, il y eut bien une autre femme ministre fédérale et franco-ontarienne. Sous le gouvernement du premier ministre Jean Chrétien, Diane Marleau devient ministre des Travaux publics, de la Santé, de la Francophonie et de la Coopération internationale, entre 1993 et 1999.
Originaire de Sudbury, Diane Marleau détient cette circonscription pendant 20 ans de 1988 à 2008.
« Elle a occupé des postes importants. C’était une femme de confiance de Jean Chrétien. Elle était une voix forte au cabinet », résume Martin Normand.
En 2013, la députée de Sudbury perd son combat contre le cancer à l’âge de 69 ans.
Don Boudria (1997-2003)
C’est sous les mandats de Jean Chrétien que Don Boudria vit le pic de sa longue carrière politique.
Le député libéral de Glengarry-Prescott-Russell est d’abord ministre d’État et leader du gouvernement à la Chambre des communes de 1997 à 2002, avant de devenir un éphémère ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux, puis de reprendre ses tâches de ministre d’État.
« Il a laissé sa marque sur le Parti libéral en tant que leader du gouvernement en chambre. Il donnait l’impulsion aux travaux parlementaires pendant longtemps. Sa voix portait beaucoup, mais dans l’ombre. Il fut en tout cas une figure incontournable. Il a parrainé le projet de Loi S-3 [modifiant la Loi sur les langues officielles] »
Mauril Bélanger (2004-2006)
L’ancien député Mauril Bélanger a régné en maître dans Ottawa-Vanier de sa première élection en 1995 jusqu’à son décès en 2016. Logique tant ce territoire est un château fort libéral. Mais il faut attendre sa quatrième victoire, en 2004, pour le voir accéder à un poste de ministre.
C’est le moment que choisit le premier ministre, Paul Martin, pour le nommer ministre responsable des Langues officielles. Mauril Bélanger occupe, par la suite, les portefeuilles de la Défense nationale, de la Réforme démocratique et du Commerce intérieur.
« Il a contribué à la mise en œuvre du premier plan d’action pour les langues officielles. C’était un geste particulier d’avoir un ministre issu des communautés francophones en contexte minoritaire », croit M. Normand.
En 2006, le retour des conservateurs à la tête du pays met fin à l’expérience de M. Bélanger au cabinet du premier ministre.
Mona Fortier (à partir de 2019)
Il n’aura fallu que deux ans à la députée Mona Fortier pour se hisser au rang de ministre. Formée dans les rangs de la Fédération de la de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO), l’élue d’Ottawa-Vanier est un pur « produit franco-ontarien ».
Sa nomination à titre de ministre de la Prospérité de la classe moyenne et ministre associée des Finances donne des espoirs aux Franco-Ontariens qui voient logiquement en elle une alliée indéfectible.
« Sa présence au sein du cabinet peut être utile dans le contexte où l’Acadienne Ginette Petitpas Taylor n’est plus là, mais il faudra attendre les lettres de mandat, car ce n’est pas simple de comprendre quel sera son mandat, car son ministère n’a jamais existé », prévient Martin Normand.
« Elle sera peut-être en appui aux annonces du ministre des Finances Bill Morneau, lequel possède un bilinguisme fonctionnel. Pour le gouvernement, il est d’utile d’avoir une francophone qui appuie les efforts de Bill Morneau. »