Sam Oosterhoff et l’avortement : des francophones contre sa visite dans leur école
WELLAND – Des élèves de l’école secondaire catholique Jean Vanier de Welland ont manifesté leur opposition à la venue du député progressiste-conservateur Sam Oosterhoff dans leur école, en raison de ses prises de position contre l’avortement. L’adjoint parlementaire à la ministre de l’Éducation devait y poursuivre sa tournée d’écoles francophones, mercredi. La visite a été annulée à la dernière minute.
La photo laisse peu place à l’interprétation : le visage de Sam Oosterhoff sur lequel un symbole d’« interdiction » a été placé. « Cet homme vient visiter notre école. Il croit que l’avortement devrait être une procédure impensable en Ontario. Il est aussi contre le mariage de même sexe. Et demain, il recevra de la publicité gratuite de la part de notre école. Jean-Vanier dit non! », peut-on lire dans la description de l’image placée sur une page Instagram fréquentée par des élèves de cette école secondaire du Centre-Sud-Ouest de l’Ontario.
Sur cette publication et d’autres mises en ligne, mardi, des dizaines d’élèves en colère partagent leurs commentaires. « Pas dans mon école », écrivent-ils, un à la suite de l’autre.
Depuis deux semaines, Sam Oosterhoff fait parler de lui d’un océan à l’autre en raison des propos qu’il a tenus lors d’une manifestation de groupes contre l’avortement. « Nous nous engageons à nous battre pour rendre l’avortement impensable de notre vivant », a-t-il lancé devant une foule enthousiaste.
Si le premier ministre Doug Ford n’a pas désavoué son député, il a soutenu dans les heures suivantes que son gouvernement ne souhaitait pas revenir en arrière sur cette question.
Même si la perspective de Sam Oosterhoff sur l’avortement n’était pas le sujet de sa visite à l’école secondaire catholique Jean-Vanier, les élèves croient qu’elle envoie un mauvais message. « Sam Oosterhoff vient pour voir comment les coupures à l’éducation affecteront notre école. Nous supportons à 100 % la décision de la part du conseil. Par contre, nos inquiétudes sont surtout avec ce que sa présence à notre école représente », écrivent-ils.
Une visite annulée
Hasard ou pas, après la mobilisation des étudiants de Jean-Vanier, la visite de Sam Oosterhoff à l’école a été annulée. Malgré les demandes d’explications formulées par ONFR+, le gouvernement Ford est resté silencieux, mercredi, sur les raisons de cette annulation.
Le conseil scolaire MonAvenir a néanmoins envoyé une déclaration à ONFR+ concernant cette affaire.
« Le député Sam Oosterhoff a dû se désister de la rencontre prévue ce matin à l’ÉSC Jean-Vanier. Cette rencontre avait été prévue pour lui montrer les réalisations et les succès des élèves ainsi que de le sensibiliser aux réalités des écoles catholiques de langue française », indique sa porte-parole, Eve-Amélie Towner-Sarault.
Fait à noter, le conseil scolaire catholique ne sermonne pas les élèves qui ont pris la parole contre la visite du député. « Nous respectons la liberté d’expression des élèves de notre conseil », insiste Mme Towner-Sarault.
Plusieurs intervenants dans ce dossier se font néanmoins très prudents. D’un côté, certains élèves ne veulent pas froisser la direction de leur école ou le conseil scolaire avec leur sortie publique, de l’autre, certains acteurs de l’éducation craignent de se mettre à dos Sam Oosterhoff et le gouvernement Ford.
Depuis les dernières semaines, Sam Oosterhoff multiplie les controverses. Il y a deux semaines, son personnel a appelé la police pour chasser des aînés qui manifestaient devant son bureau de circonscription. Puis, lors d’une annonce à l’école Toronto Ouest, l’unilinguisme anglais des affiches utilisées a fait réagir.
En 2016, Sam Oosterhoff est devenu le plus jeune député de l’histoire de l’Ontario. Il était alors âgé de 19 ans. Il en a maintenant 21. Il est le représentant de la circonscription de Niagara-Ouest.