Le commissariat aux langues officielles du Canada et son commissaire Raymond Théberge bénificiera d'une augmentation. Archives ONFR+
Politique

Budget fédéral : Théberge préoccupé par l’impact de coupes sur la francophonie

Le commissariat aux langues officielles du Canada et son commissaire Raymond Théberge bénificiera d'une augmentation. Archives ONFR+
L'actuel commissaire aux langues officielles Raymond Théberge quittera son poste au terme de son mandat au début de 2025. Archives ONFR

OTTAWA – Le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge se dit lui aussi préoccupé de l’impact de possibles compressions par le gouvernement de Mark Carney lors du prochain budget, sur la francophonie et sur la capacité future du gouvernement en matière de langues officielles. Des inquiétudes dont les trois députées franco-ontariennes de la région d’Ottawa du gouvernement libéral n’ont pas fait part publiquement.

« Ma préoccupation concerne le fait qu’il y aura des coupures au niveau des institutions fédérales qui seront non stratégiques, avec des personnes (fonctionnaires) qui vont partir. Et on n’aura pas par la suite la capacité d’offrir les services dans les deux langues officielles », lance le commissaire aux langues officielles en entrevue après une comparution en comité au Sénat lundi soir.

Le gouvernement fédéral doit déposer son prochain budget le 4 novembre et le premier ministre Mark Carney l’a présenté comme un exercice « d’austérité et d’investissements à la fois ». Cela comporte notamment des compressions à hauteur de 15 %, demandé par le ministre des Finances François-Philippe Champagne à presque l’ensemble des ministères fédéraux sur les trois prochaines années.

« Je ne pense pas qu’on le verra tout de suite le 4 novembre dans le budget, mais plutôt par la suite, quand on en verra les détails », estime Raymond Théberge.

Il cite des coupures dans la formation linguistique ou encore des réductions de personnel qui affecteraient le service et la communication auprès des Canadiens en français, que son bureau et lui redoutent.

« Ce n’est pas la première fois que je vois ça dans ma carrière en matière de coupes budgétaires, mais trop souvent, c’est trop facile de couper certains items du budget comme la formation linguistique », a-t-il affirmé aux sénateurs du Comité sénatorial permanent des langues officielles.

Des organismes comme la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) ont déjà fait part de leur inquiétude par rapport au budget de l’automne.

Le commissaire rappelle que sous ses exigences linguistiques, le fédéral « a l’obligation de s’assurer que leurs programmes et politiques n’ont pas d’impacts négatifs sur les communautés ».

« Toutes les institutions fédérales doivent respecter leurs obligations en matière de langues officielles, ce n’est pas un choix. »

« Ce qu’il faut éviter, c’est de donner une permission de ne pas les respecter », ajoute-t-il.

De la pression mise auprès des ministres des Finances, dit Mona Fortier

Bien que le commissaire aux langues officielles ait exprimé ses inquiétudes, trois députées franco-ontariennes du caucus libéral ont tenu des propos différents lorsque ONFR les a interrogées sur d’éventuelles coupures affectant la francophonie.

« Je suis très fière des investissements que le gouvernement fédéral fait au niveau provincial pour soutenir la francophonie en Ontario. Je n’ai pas de souci pour la langue française en Ontario dans les prochaines années », a répondu Giovanna Mingarelli, députée de Prescott-Russell-Cumberland, la seule circonscription majoritairement francophone en Ontario.

« On va continuer à être là pour les organisations. On était là pendant la pandémie pour les organismes francophones à travers le Canada et en Ontario, soutient Marie-France Lalonde, représentante d’Orléans. Je vais toujours défendre le fait qu’on doit être là et omniprésent pour continuer à appuyer nos organismes francophones », ajoute-t-elle.

Mona Fortier, députée d’Ottawa-Vanier. Photo : Archives ONFR

Pour l’élue d’Ottawa-Vanier, Mona Fortier, elle et ses collègues libéraux ont « mis de la pression auprès du président du Conseil du Trésor et du ministre des Finances pour s’assurer que cette lentille des langues officielles fasse partie des décisions qui vont être prises par rapport aux ajustements de la fonction publique ». 

« Donc, on continue à mettre la pression évidemment parce que c’est important, et puis je pense qu’on devrait être satisfait le 4 novembre prochain », prévoit-elle.