Carol Jolin candidat à sa succession à la tête de l’AFO
OTTAWA – Le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Carol Jolin, a confirmé à #ONfr qu’il sera candidat à sa propre succession, l’automne prochain. Pour le politologue, Martin Normand, il lui faudra repenser la stratégie de l’organisme pour mieux faire.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
Élu il y a deux ans par acclamation, M. Jolin a peut-être tué tout suspens en prévision de l’élection à la présidence de l’organisme porte-parole des 622 340 Franco-Ontariens, le 28 octobre prochain.
« Je vais briguer un deuxième mandat. J’aime ce que je fais, nous avons une équipe et un conseil d’administration solides et il y a beaucoup de dossiers que je souhaite voir avancer. Nous avons du pain sur la planche! », lance-t-il à #ONfr.
Le président de l’AFO se réjouit de la visibilité grandissante de l’organisme et de son implication politique auprès des trois principaux partis provinciaux.
« Dès qu’il se passe quelque chose en matière de francophonie ontarienne, il y a une couverture médiatique! Si bien que les gens sont au courant des dossiers et du travail qu’on fait. On le voit sur le terrain avec la participation de plus en plus importante des organismes à nos tables de concertation à travers la province. La communauté est concertée comme jamais! »
Successeur de Denis Vaillancourt, M. Jolin a assuré une certaine continuité à l’AFO, estime le politologue de la Chaire de recherche sur la francophonie et les politiques publiques de l’Université d’Ottawa, Martin Normand.
« C’est un peu le même style : beaucoup de concertations, de conversations… Mais j’ai trouvé l’AFO assez discrète ces derniers deux ans. Cela témoigne sans doute de la proximité et de l’accès que l’organisme avait avec la ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde. »
Nouvelle stratégie nécessaire
Alors que le gouvernement provincial vient de changer de couleur politique, l’ancien président de l’Association des enseignants franco-ontariens (AEFO), ex-enseignant dans des écoles francophones de Welland à Ottawa, en passant par Barrie et Toronto, se montre confiant.
« Il y a beaucoup de gens au gouvernement à qui je parlais déjà quand ils étaient dans l’opposition et qui désormais, sont ministres. C’est un avantage! Même s’il y a de nouveaux élus, je ne recommence pas à zéro. »
Mais pour le politologue de l’Université d’Ottawa, le changement de gouvernement doit surtout offrir la possibilité à l’AFO et à son président de revoir leur stratégie, après un premier mandat qu’il juge « en demi-teinte ».
« La relation avec l’ancien gouvernement était peut-être trop conviviale et complaisante. L’AFO a raté des occasions de dénoncer ou de questionner certaines décisions, notamment par rapport à la création du ministère des Affaires francophones qui n’a jamais eu les moyens nécessaires ou la modernisation de la Loi sur les services en français. On a trop fait confiance! Sans être vindicative, l’AFO doit interpeller plus fermement le gouvernement sur les dossiers prioritaires. »
L’absence de mention de la disparition du ministère des Affaires francophones lors de la première discussion de l’organisme avec la nouvelle ministre déléguée, Caroline Mulroney, le 9 juin, inquiète M. Normand.
« L’AFO s’est réjoui trop rapidement de la nomination de Mme Mulroney, peut-être parce que l’organisme craignait le pire. Mais même si elle parle le français, elle n’a pas démontré une grande connaissance des dossiers francophones. L’AFO va devoir préciser son message, le clarifier, notamment sur des dossiers comme l’immigration, l’Université de l’Ontario français, car le nouveau gouvernement n’est pas forcément un allié naturel de la francophonie. »
Les priorités de Carol Jolin
Outre l’Université de l’Ontario français, la modernisation de la Loi sur les services en français et l’épineux dossier de l’immigration francophone, le président semble avoir un message bien adapté pour ses nouveaux interlocuteurs à Queen’s Park.
« Je rêve de voir une délégation de gens d’affaires ontariens se rendre en Europe ou en Afrique » – Carol Jolin
« Je veux que l’adhésion de l’Ontario à l’Organisation internationale de la francophonie permette de développer des contacts à l’étranger pour nos gens d’affaires bilingues, afin de ne plus être aussi dépendant des États-Unis. Je veux travailler sur cette vision avec le gouvernement et la Société économique de l’Ontario. Il y a un potentiel énorme et je rêve de voir une délégation de gens d’affaires ontariens se rendre en Europe ou en Afrique. »
Mais pour y parvenir, M. Normand prévient : l’AFO ne devra pas mettre tous ses œufs dans le même panier en établissant des liens avec tous les ministres clés.
Représentation à améliorer
Autre priorité, selon M. Normand, celle de la représentativité de l’organisme. M. Jolin reconnaît qu’il reste du chemin à faire dans le dossier, après avoir essuyé récemment de nombreuses critiques des membres des minorités raciales et ethnoculturelles francophones.
« La représentativité est un chantier sans fin pour tous les organismes de la francophonie canadienne et il n’y a aucun modèle parfait », rappelle M. Normand. « Mais il est temps que l’AFO y réfléchisse, car les minorités raciales et ethnoculturelles ne sont pas les seules à ne pas se sentir bien représentées. Il y a plusieurs communautés dans le Nord où c’est également le cas. »
M. Jolin se donne pour objectif de mobiliser la francophonie sur le terrain à travers toute la province.
« J’aimerais que, comme nous l’avons fait avec nos membres du conseil d’administration lors de la dernière campagne électorale, nos organismes membres s’impliquent davantage sur le plan politique en allant passer des messages à leurs députés locaux sur certains dossiers. »
Outre le poste de président, les postes de représentants des régions Centre, Est, Nord-Est et Nord-Ouest seront ouverts aux candidatures lors du prochain congrès de l’AFO, tout comme celui de représentant Jeunesse. Les candidats pourront se manifester à compter du 5 septembre, et ce jusqu’au 13 octobre.