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Cécile Dionne, l’une des célèbres quintuplées, s’éteint à 91 ans

Les sœurs Dionne sont célèbres à travers le monde. Source: Wikipedia

Cécile Dionne, l’une des célèbres quintuplées originaires du Nord de l’Ontario qui avaient fasciné le monde entier dans les années 1930, est décédée dimanche dernier à l’âge de 91 ans à Montréal, à la suite d’une longue maladie.

Née à Corbeil, au sud de North Bay, le 28 mai 1934, Cécile était l’une des cinq sœurs Dionne, les premières quintuplées identiques connues à avoir survécu à la naissance.

Leur arrivée au monde en pleine Grande Dépression avait provoqué une onde médiatique sans précédent, attirant des millions de curieux et de touristes dans la petite localité nord-ontarienne de Corbeil.

Cécile Dionne rejoint ses trois sœurs déjà disparues : Émilie Dionne est décédée en 1954 à l’âge de 20 ans des suites d’une crise d’épilepsie, Marie en 1970 à 35 ans d’un caillot au cerveau, tandis qu’Yvonne s’est éteinte en 2001 à l’âge de 67 ans, victime d’un cancer.

Annette est désormais la seule sœur encore en vie. Une visite de condoléances aura lieu le jeudi 7 août 2025 à Saint-Bruno-de-Montarville au Québec selon un avis de décès disponible en ligne.

« Cécile Dionne était une femme de courage et de convictions, dont l’engagement envers la mémoire de sa famille et l’histoire franco-ontarienne a profondément marqué notre communauté. À travers ses prises de parole et ses combats, elle nous a rappelé l’importance de faire vivre notre patrimoine et de le transmettre avec dignité. Sa voix nous manquera, mais son héritage, lui, vivra longtemps », réagit Jacynthe Dupont, directrice générale, Réseau du patrimoine franco-ontarien (RPFO).

Le maire de North Bay, Peter Chirico, s’est dit attristé d’apprendre le décès de Cécile Dionne. « Elle avait tant de liens avec cette ville et cette région », a-t-il confié à ONFR. Saluant l’héritage des quintuplées, il souligne l’importance du musée qui leur est dédié : « Leur legs continuera de vivre et d’être reconnu comme l’un des miracles du début du siècle. »

Une enfance surexploitée

Peu après leur naissance dans une maison sans électricité ni eau courante à Corbeil, les quintuplées sont retirées à leurs parents par la province, qui en fait des pupilles de la Couronne sous prétexte de préserver leur santé fragile. Un hôpital-pouponnière, le Dafoe Hospital and Nursery, est construit juste en face du domicile familial.

Face à cette situation, l’Association canadienne-française d’éducation de l’Ontario (ACFEO) avait contesté les évaluations éducatives menées en anglais et a milité pour que le français soit reconnu comme langue d’instruction. En 1938, cette mobilisation a permis d’obtenir que le français devienne la langue principale d’éducation pour les Dionne.

C’est là que les sœurs grandiront, séparées de leurs proches, surveillées en permanence et exposées quotidiennement au regard de milliers de touristes venus de partout dans le monde. On estime que plus de trois millions de visiteurs ont défilé devant leur lieu de vie dans les premières années. Ce n’est qu’en 1943, à l’âge de 9 ans, que les quintuplées sont rendues à leurs parents.

Dans les années 1990, les trois seules encore en vie à ce temps-là, Cécile, Annette et Yvonne, intentent une poursuite contre le gouvernement de l’Ontario, réclamant une réparation pour les abus subis durant leur enfance. Elles obtiennent gain de cause en 1998, recevant un règlement de 4 millions de dollars.

Cécile Dionne a vécu à Saint-Bruno-de-Montarville, en banlieue de Montréal, à partir des années 1990, période durant laquelle elle partageait une résidence avec ses sœurs Yvonne et Annette. Elles ont choisi de s’installer ensemble dans ce secteur familial après leur vie très médiatisée, réfugiées dans un environnement plus discret et intime

Combat pour le musée

Un musée consacré aux quintuplées Dionne a été fondé en 1985 à North Bay, dans l’une des maisons d’enfance des sœurs, afin de préserver leur histoire hors du commun.

Initialement situé rue Franklin, le Musée Dionne a été déplacé en 2017 vers une zone patrimoniale au parc du waterfront de North Bay. Il a rouvert au printemps 2019 après plusieurs années d’incertitude liée à un désengagement municipal.

L’exposition, aujourd’hui relocalisée au musée communautaire de North Bay et ouverte au public, tous les vendredis et samedis, de 10 h à 16 h avec entrée gratuite, continue de susciter l’intérêt, bien que son avenir demeure incertain.