Congrès de l’AMO : Ford inquiète les maires francophones
OTTAWA – Ils étaient des centaines de maires devant Doug Ford, lundi matin. Mais le congrès de l’Association des municipalités de l’Ontario à Ottawa (AMO) ne répond pas tout à fait à leurs attentes.
Le premier ministre de l’Ontario a confirmé que son gouvernement procédera à des réductions de transferts aux municipalités à compter de 2020.
M. Ford envisage de faire payer aux municipalités 30 % des coûts des soins de santé publics et 20 % pour la création de nouvelles places en garderie, à partir de l’année prochaine.
Du côté des municipalités francophones, c’est l’incertitude qui domine. « C’est une mauvaise nouvelle », tranche le maire de Clarence-Rockland, Guy Desjardins, au micro d’ONFR+.
« Chez nous à Clarence-Rockland, on a 800 enfants dans nos garderies, que doit-on faire si l’on doit couper? Il n’y a que deux manières où l’on peut avoir l’argent : monter les taxes ou les coûts de garderie. Les coûts de garderie, c’est 50 $ par jour, ça reste du gros argent pour les familles! »
Un son de cloche quelque peu semblable pour le maire de la municipalité de Russell, Pierre Leroux. « Je ne suis pas surpris, on savait qu’avec le nouveau gouvernement, il y aurait des changements. Cela va être un défi, car à la fin de la journée, il y a juste un payeur de taxes. Il va y avoir des difficultés! »
Le casse-tête de dépenser moins sera dès lors évident à partir de 2020. Le problème devrait se poser encore davantage dans le nord de l’Ontario, si l’on en croit la mairesse de Rivière des Français, Gisèle Pageau.
« Nous sommes très déçus. Si on doit couper, il faut regarder à tous les services. On ne peut pas couper les employés car nous n’avons pas assez d’employés pour couper. Un manque d’argent pose aussi la question d’entretenir correctement nos chemins. Nous sommes responsables de la maintenance de près de 200 kilomètres de chemins, avec en tout et pour tout, un budget annuel total pour la municipalité de six millions de dollars. Dans le nord, les longs hivers ne favorisent pas le bon état des routes. »
Et d’ajouter. « Dans le nord, le prix de l’essence est cher, le coût de la vie est cher! »
Doug Ford rassurant
Lors de son allocution devant les maires de l’Ontario, Doug Ford a tenté de prouver sa bonne volonté envers les 444 municipalités de l’Ontario.
« J’accorde une très grande importance aux relations de notre gouvernement avec les municipalités (…) L’Ontario acceptera à compter du 3 septembre 2019, les demandes au volet Infrastructures communautaires, culturelles et récréatives du programme d’infrastructure fédéral Investir dans le Canada. Cela représente un milliard de dollars affectés à d’importants projets locaux comme des centres communautaires et culturels ainsi que des installations sportives. »
Le maire d’Ottawa, Jim Watson, lequel s’est vu accorder une rencontre d’un quart d’heure avec M. Ford, ménage davantage la chèvre et le chou, selon ses propos rapportés par Radio-Canada. « Nous avons encore quelques problèmes à comprendre la réduction de la santé publique et ce que cela va devenir. Plus cette réduction est grande, plus elle sera difficile à absorber pour nous. »
D’une manière générale, les maires attendent davantage de détails sur les réductions de transferts aux municipalités imposées par M. Ford.
« Il semble y avoir une volonté de leur côté », reconnaît M. Leroux.
Rencontres et réseautage
Toujours est-il que le congrès de l’AMO, qui se déroule sur quatre jours, demeure l’occasion unique pour les délégations municipales d’attirer l’attention des fonctionnaires provinciaux ou élus présents.
Discussions, conférences, ateliers et kiosques… les activités vont, en tout cas, bon train sur les trois étages du Centre Shaw où se déroule l’événement.
« On essaye d’avoir une entrevue avec le gouvernement provincial pour la 174/17 qui est un gros problème pour nous », raconte, par exemple, M. Desjardins.
Une référence à l’élargissement de la route 174/17 entre Clarence-Rockland et le chemin Trim, dans le secteur Orléans, un enjeu depuis plusieurs années. La promesse du gouvernement provincial d’une enveloppe de 40 millions de dollars en 2016 est restée sans suite.
Mais le sommet de l’AMO comporte aussi un volet « réseautage » important.
« Ça donne une opportunité d’aller à des sessions, de jaser avec d’autres municipalités, voir comment ils font les choses de leur côté », renchérit Pierre Leroux. « Par exemple, il y a beaucoup de changements qui s’en viennent au niveau provincial sur la gestion des déchets recyclables. Je peux jaser avec des maires et comprendre quelle direction ils ont pris, apprendre de leurs erreurs et leurs enjeux. »
Le congrès de l’AMO se terminera mercredi en fin de matinée.