Décès de l’historienne franco-torontoise Lisette Mallet
TORONTO – Lisette Mallet, est décédée vendredi, apprend-on sur le site web la Société d’histoire de Toronto (SHT) dont elle était bénévole depuis plus de 30 ans et présidente depuis sept ans, réélue en 2021. Elle avait 63 ans.
« Pendant des décennies, son entrain et son humour ont fait rayonner notre existence. Active dans la SHT depuis ses débuts, Lisette a créé des liens avec plusieurs autres organismes », ont déclaré les responsables de la SHT sur le site web de l’organisation torontoise, soulignant ses multiples casquettes de « guide, animatrice, présidente, membre du comité d’administration, écrivaine, agente de liaison et l’on en passe ».
Acadienne d’origine, cette métisse native de Shippagan avait adopté l’Ontario – où elle était venue faire ses études – et avait embrassé l’histoire de la Ville reine pour la transmettre aux autres. Diplômée de l’Université OCAD (École d’art et de design de l’Ontario) et attachée aux questions environnementales, elle a consacré une grande part de sa carrière à l’illustration scientifique, auprès du ministère des Ressources naturelles.
Plus de trente ans de bénévolat
Bénévole dans l’âme, elle avait rejoint le Cercle canadien, puis, en 1988, la Société d’histoire de Toronto au sein de laquelle elle partageait ses connaissances avec le public sur les innombrables anecdotes liées au fait français en Ontario, une histoire longtemps ignorée par les historiens anglophones torontois et peu traitée dans les livres d’histoire.
Elle a contribué en 1999 à la désignation comme patrimoine historique naturel de la rivière Humber, lieu emblématique du passage de celui qu’on considère comme le premier Franco-Ontarien, l’aventurier Étienne Brûlé.
Elle s’est fortement impliquée dans la création d’un sentier partagé sur ce site, devenant en 2008 la coordonnatrice à sa sensibilisation.
La dégradation ces dernières années des panneaux de ce sentier pédagogique la préoccupait fortement. Dans une entrevue accordée à ONFR+ en juillet 2021, elle confiait espérer un sursaut de la ville pour le restaurer et rêvait qu’on reproduise un des trois forts français (Rouillé, Douville, Portneuf) pour afficher une présence française à Toronto.
Mme Mallet envisageait toutefois la richesse historique du fait français au-delà des bâtiments disparus, plaçant le patrimoine naturel, éducatif, culturel au cœur de l’héritage franco-ontarien. Elle disait souvent qu’elle apprenait tout le temps de nouvelles découvertes sur l’histoire de la ville et de la province. « On ne peut pas tout savoir », clamait-elle humblement. « On n’est pas des encyclopédies ambulantes. Alors, on s’entoure de gens passionnés. »
Tristesse et hommage dans la communauté
Les amateurs et férus d’histoire ont pu la croiser ou l’entendre au cours de visites guidées, de conférences ou encore de pique-niques au bord de la rivière Humber. De nombreux acteurs associatifs franco-torontois ont également eu l’occasion de collaborer avec Mme Mallet ou de la rencontrer au cours d’événements rassembleurs au sein de la communauté.
C’est le cas de Joël Beddows. Le metteur en scène et ancien directeur du Théâtre français de Toronto rend hommage à « une des gardiennes de la mémoire historique et collective francophone à Toronto », saluant « sa gentillesse et son engagement contagieux ».
Son énergie calme et accueillante m’a toujours fait sentir bien quand j’étais près d’elle, a réagi Serge Paul, président de l’Association des communautés francophones de l’Ontario (ACFO) Toronto, qui a assisté à plusieurs conférences de la SHT.
« En sa présence, tout devenait possible, même les projets les plus invraisemblables » – Valéry Vlad
« Quelle perte! » regrette Valéry Vlad. Le président du Salon du livre de Toronto garde en mémoire « sa bonne humeur, sa passion contagieuse pour l’histoire et la francophonie ontariennes, son sourire permanent et son accueil qui étaient une vraie source d’inspiration. En sa présence, tout devenait possible, même les projets les plus invraisemblables ».
« Lisette Mallet était une passionnée de la francophonie et de l’histoire, tout particulièrement de l’histoire francophone de Toronto », retient pour sa part Fabien Hébert, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO).
« Elle a mis en œuvre des projets visant à mieux faire connaître l’importance et la contribution francophone à la création et au développement de la capitale ontarienne », ajoute-t-il à propos d’une personne « toujours positive et très accessible à tous ».