Le président de la Chambre des communes, Anthony Rota. Crédit image: La Presse canadienne

OTTAWA – Le président de la Chambre des Communes Anthony Rota a succombé à la pression venue de toute part en annonçant sa démission mardi en milieu de journée. Il en a fait l’annonce vers 14h mardi, tout juste avant le début de la période des questions.

« Le travail de cette Chambre est au-dessus de chacun d’entre nous, par conséquent, je dois me retirer de mon rôle de président de la Chambre des Communes », a-t-il annoncé dans un court discours.

M. Rota a tenu à réitérer « mes profonds regrets pour mon erreur », lui qui a invité vendredi dernier, lors du discours au Parlement du président ukrainien Volodymyr Zelensky, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale ayant combattu au sein des nazis. Après le discours, le président des Communes a rendu hommage à Yaroslav Hunka le désignant comme un « héros canadien et ukrainien ».

Le président Zelensky et tout le Parlement ont par la suite ovationné l’homme de 98 ans de North Bay, qui a servi dans la 14e division Waffen Grenadier de la SS, une unité militaire nazie qui a commis des crimes contre l’humanité pendant l’Holocauste.

« Cette reconnaissance publique a causé de la douleur aux individus et aux communautés, y compris la communauté juive du Canada et du monde entier, en plus des survivants des atrocités nazies en Pologne, et d’autres pays. J’accepte l’entière responsabilité de mes actes », s’est excusé le Franco-Ontarien, qui occupait ce poste depuis 2019.

Son départ se fera officiellement mercredi pour laisser le temps de mettre en place un processus d’élection pour le remplacer. C’est le vice-président de la Chambre, le député conservateur et acadien Chris d’Entremont qui le remplacera entre temps.

Un départ réclamé par tous

Après le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Bloc Québécois lundi, les libéraux et les conservateurs avaient à leur tour mardi matin demandé le départ du Franco-Ontarien.

La leader en Chambre du gouvernement Karina Gould estimait que le geste posé par le président des Communes était « honteux pour le Parlement et les Canadiens ».

« Basé sur les conversations que j’ai eues, je ne vois pas qu’il aurait l’appui des libéraux et j’ai cru que c’est le temps qu’il fasse la chose honorable », avait-elle commenté mardi matin.

Idem pour la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly qui suggérerait « qu’il devrait écouter les députés et démissionner ». Sa collègue aux Pêches Diane Lebouthillier abondait dans le même sens, avançant qu’elle « démissionnerait si elle était dans les souliers de M. Rota ».

Le chef conservateur Pierre Poilievre avait aussi réclamé le départ de M. Rota via Twitter écrivant que « Trudeau (et son Président libéral) ont jeté l’opprobre sur le Canada ».

« Mais cela n’excuse pas le fait que Justin Trudeau n’ait pas fait en sorte que son énorme appareil diplomatique et de renseignement vérifie et empêche d’honorer un nazi », a-t-il déclaré.

En matinée, Justin Trudeau s’était gardé d’imiter ses ministres affirmant qu’il était « certain » que le président des Communes était « en train de réflechir » aux prochaines étapes. Le poste que M. Rota occupait est indépendant, mais il est tout de même un député libéral, lui qui a été élu lors de trois élections consécutives depuis 2015 sous les troupes de Justin Trudeau dans Nipissing-Timiskaming.

Cette invitation avait soulevé la colère de groupes de défense juifs, comme Les Amis du Centre Simon-Wiesenthal qui avait aussi réclamé sa démission.

La Pologne, via son ministre de l’Éducation Przemyslaw Czarnek, a publié un communiqué mardi affirmant qu’elle considérait demander l’extradition de Yaroslav Hunka. Le ministre de la Justice Arif Virani n’a pas voulu commenter, mais a affirmé que personne du gouvernement polonais ne l’avait contacté à ce sujet.