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Des bénévoles bâtissent le nouveau visage de Vanier

Des étudiants en architecture de l’Université Carleton participent à la construction du Hub Vanier. Gracieuseté de l'Action Lab.

OTTAWA – Le projet du nouveau Hub Vanier, lancé grâce à une subvention de 188 770 $ de la Fondation Trillium, mobilise étudiants, organismes et citoyens autour d’un même rêve : créer un espace de vie à l’image de la communauté.

À Vanier, quartier historiquement francophone d’Ottawa, un édifice prend forme. Des étudiants en architecture de l’Université Carleton, épaulés par près de 80 bénévoles locaux, travaillent depuis mai à donner vie au nouveau Hub Vanier.

Aménagé sur un ancien terrain de stationnement, il se veut un espace de rassemblement conçu par et pour la communauté.

Cette structure inspirée d’une maison ouverte, sans murs, mais pleine d’âme, devrait être achevée d’ici l’automne, espèrent ses initiateurs.

« Tout est pensé pour donner aux gens l’impression d’être chez eux, dans un lieu chaleureux, où ils peuvent se rassembler », affirme Sonia Xu, étudiante en architecture.

« L’idée centrale, c’est de créer une maison ouverte avec une grande structure ombragée. Le site comprend une cuisine, une salle à manger avec une table de neuf mètres, des barbecues, des sofas, des jeux, un tapis peint au sol », détaille-t-elle. 

Lancé grâce à une subvention de 188 770 $ de la Fondation Trillium, le projet repose sur une approche de co-conception avec les résidents de Vanier.

La maquette du Hub Vanier a été conçue par des étudiants en architecture de l’Université Carleton. Photo : gracieuseté CSC Vanier

Photo : gracieuseté CSC Vanier

Photo : gracieuseté CSC Vanier

Photo : gracieuseté CSC Vanier

Co-création communautaire

« Ce qui rend ce projet unique, c’est l’ampleur de la consultation communautaire. On a ajusté nos plans à partir des suggestions des résidents. C’est rare, en architecture, d’avoir un tel dialogue », observe Sonia Xu. Elle précise que la conception du projet par les étudiants germe depuis deux années et a évolué pour répondre aux besoins de la communauté.

Olive Lazarus, également étudiant en architecture, souligne une « opportunité exceptionnelle » de sortir du cadre théorique des études.

« On construit ce qu’on a imaginé. D’habitude, les architectes ne posent pas les mains sur les matériaux. Ici, on collabore avec les membres de la communauté. C’est une vraie leçon de terrain », témoigne-t-il en pointant du doigt Nel Gatsing, bénévole et résident du quartier.

Les étudiants et bénévoles contribuent à toutes les étapes du projet Hub Vanier, de la conception à la construction. Photo : gracieuseté de L’Action Lab.

« En tant que nouvel arrivant, participer à ce projet m’aide à comprendre comment les choses fonctionnent ici. C’est un geste d’intégration, mais aussi une manière de contribuer », indique de son côté Nel. Arrivé du Cameroun en février, il entamera des études en charpenterie à la rentrée prochaine.

Pour Élise Robertson, directrice des Soutiens et initiatives communautaires au Centre des services communautaires Vanier, le projet va bien au-delà d’un simple chantier.

« Des bénévoles de tous âges participent activement à la construction. Cela renforce leur sentiment d’appartenance », assure-t-elle.

Elle rappelle aussi que les étudiants de l’École d’architecture et d’urbanisme Azrieli de l’Université Carleton, regroupés au sein de l’Action Lab, ont pris en charge une grande partie du projet : recherche de financement, conception des plans, consultations.

Élise Robertson, directrice des Soutiens et initiatives communautaires au Centre Vanier. Photo : gracieuseté

« Ils travaillent bénévolement, soutenus par des professeurs et des fournisseurs locaux, qui ont offert de précieux rabais, notamment sur le bois, sur les structures. Ces jeunes présentent aujourd’hui le projet à des entreprises et acteurs économiques qui souhaitent à leur tour s’y investir », se réjouit-elle.

Créer un axe dynamique

Situé entre le futur centre de recyclage Vélo Vanier, également en développement, et le Centre francophone de Vanier, le Hub s’inscrit dans une vision à long terme de revitalisation.

« On veut créer un axe dynamique qui reflète les cultures du quartier », soutient Élise Robertson.

Dans ce sens, Nathalie Carrier, directrice de la Zone d’amélioration commerciale (ZAC) Vanier note la forte identité du quartier.

« Nous avons la plus grande population autochtone d’Ottawa, la plus importante concentration d’Inuits hors Nunavut, un tissu francophone dense et un fort pourcentage de nouveaux arrivants », explique-t-elle, ajoutant que Vanier est aussi porté par une communauté économique active et diversifiée. 

Nathalie Carrier, directrice de la ZAC Vanier, voit dans le Hub Vanier un moteur de revitalisation pour ce quartier à forte identité francophone et multiculturelle. Photo : gracieuseté

Ainsi, pour la directrice de la ZAC Vanier, ce projet est l’aboutissement d’un travail de longue haleine : « On a commencé il y a sept ans avec des rampes de skate et des activités récréatives ouvertes à tous. Puis on a obtenu du financement, il y a trois ans, de l’Institut urbain du Canada et du gouvernement fédéral. Cela nous a permis d’acheter du matériel, des tentes, du mobilier. Aujourd’hui, le Hub devient un moteur de revitalisation », raconte-t-elle.

Elle insiste sur l’impact culturel et économique du lieu : « On y a présenté des spectacles francophones, des veillées autour du feu, des événements inclusifs. Quand les gens viennent, ils consomment localement, ils redécouvrent le quartier. »

Un chantier ouvert à tous

« Notre fierté, c’est d’avoir aménagé un espace sécuritaire, bilingue et accessible à toutes les cultures. Vanier devient un pôle où les différences se rencontrent, se mélangent et vibrent ensemble », déclare Nathalie Carrier.

Le projet est toujours en construction, et les organisateurs sont à la recherche de bénévoles.

« Toute personne intéressée peut s’inscrire via l’Instagram d’Action Lab. Participer, c’est poser un geste concret pour sa communauté », appelle Élise Robertson.

Les travaux devraient se conclure d’ici l’automne, mais l’esprit du projet, lui, est déjà bien ancré dans le quartier.