Le premier ministre du Nouveau-Brunswick Blaine Higgs. Crédit image: Stéphane Bédard
Politique

Élections : un possible retour de Blaine Higgs inquiète les Acadiens

Le premier ministre du Nouveau-Brunswick Blaine Higgs. Crédit image: Stéphane Bédard
Le premier ministre du Nouveau-Brunswick Blaine Higgs. Crédit image: Stéphane Bédard

FREDERICTON – Alors que les Néo-Brunswickois sont attendus aux urnes lundi prochain, un possible retour de Blaine Higgs au pouvoir inquiète les Acadiens qui espèrent « n’importe quel parti, mais pas le bleu ». Le scrutin s’annonce toutefois très serré.

Blaine Higgs, le premier ministre depuis 2018, n’a pas une cote de popularité très élevée auprès des francophones après plusieurs controverses au cours des dernières années, mais le chef progressiste-conservateur pourrait toutefois retourner au pouvoir.

Le Parti libéral a comme leader Susan Holt, une ancienne fonctionnaire et cheffe d’entreprise. Cette dernière mène dans les intentions de vote, mais est devancée par son adversaire conservateur au niveau du nombre de sièges, selon le site de projection 338 Canada. Les derniers sondages donnent les deux partis au coude à coude avec chacun entre 23 et 25 sièges, la majorité étant de 25 députés.

Susan Holt. Susan Holt est la cheffe des libéraux depuis 2022. Image tiré du site internet du Parti libéral du Nouveau-Brunswick.
Susan Holt est la cheffe des libéraux depuis 2022. Image tiré du site internet du Parti libéral du Nouveau-Brunswick.

« Je pense que ça va dépendre des trois grosses villes : Moncton, Fredericton et Saint-Jean. Le parti qui va gagner le plus de sièges dans ces trois villes-là, va avoir un siège d’avantage », analyse le professeur de l’Université Mount Allison, Mario Levesque.

Un premier ministre impopulaire en campagne discrète

Dans un sondage du 19 septembre dernier, la maison de sondage Angus Reid donnait Blaine Higgs avec un taux d’approbation de 30 %, un chiffre qui se maintient depuis plus d’un an. Il s’agit de la plus basse cote de popularité au pays parmi ses homologues premiers ministres.

Selon le politologue Mario Levesque, le premier ministre sortant « roule les dés » avec une campagne discrète et une petite plateforme électorale qui peut se résumer simplement en deux éléments : la continuité d’un gouvernement fiscalement responsable et une promesse de baisse de la taxe de vente harmonisée de 15 % à 13 %.

« Ça pourrait marcher aussi, mais c’est un gros risque », observe-t-il.

« Son parti est inquiétant car il ne se prononce sur rien (dans la plateforme électorale) pour les francophones », en fait comme lecture la présidente de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), Nicole Arseneau-Sluyter.

Elle ne cache pas que le retour de Blaine Higgs inquiète les francophones dans la seule province bilingue du pays.

« Il est difficile de travailler avec le premier ministre. Les résultats sont là : il a perdu je ne sais pas combien de députés et candidats qui ne sont plus capables de travailler avec lui », lance-t-elle.

« Il a quand même de très bons candidats francophones qui se présentent (pour lui)… Ces gens-là, s’ils rentrent, vont-ils être capables de contrôler leur premier ministre? C’est à suivre. Les six dernières années, ils n’ont pas fait grand-chose, mais il faut dire que les libéraux n’ont rien fait non plus », concède-t-elle.

Une des grosses demandes des Acadiens serait d’avoir un ministre et un ministère de l’Éducation entièrement dédié au système scolaire francophone et non séparé avec les anglophones. La SANB espère aussi obtenir plus d’autonomie et de gouvernance pour les francophones dans les domaines de la santé, de la petite enfance et de l’immigration.

Il ne fait pas de doute que les libéraux et leur cheffe Susan Holt seraient plus enclins à répondre à ces demandes, juge la présidente de la SANB.

« Selon notre liste (de demandes), c’est sûr que oui. C’est ps mal facile de discuter avec elle car elle est moins bornée et plus ouverte. Elle donne cette impression-là. » 

Nicole Arseneau-Sluyter est la présidente de la SANB. Photo : Gracieuseté SANB.
Nicole Arseneau-Sluyter, présidente de la SANB. Photo : Gracieuseté SANB

Au cours des années, Blaine Higgs s’est fait accuser de concentrer les dépenses gouvernementales dans le sud – là où se retrouvent les anglophones – au détriment du nord – où se trouvent les francophones – sans compter que le sud compte plus d’électeurs progressistes-conservateurs. 

De plus, ses prises de position concernant la Loi sur les langues officielles et le fait qu’il ne parle pas toujours français malgré les promesses nuisent à son image, évalue Mario Levesque.

« Pour les francophones, c’est n’importe quel parti, mais pas le bleu. Je pense qu’ils sont tannés des attaques sur leurs droits », estime-t-il.

Et de poursuivre : « La question pour moi est : y a-t-il assez d’anglophones qui sont enragés contre M. Higgs pour faire changer les choses? », se questionne-t-il.

Une des cartes cachées pour le politologue représente les 100 000 nouvelles personnes qui ont immigré au Nouveau-Brunswick, principalement de l’intérieur du Canada, depuis la dernière élection en 2020.

« La plupart d’eux autres sont dans les trois grosses villes, Moncton, Fredericton et Saint-Jean. Et eux, ils ne sont pas attachés dans les batailles entre anglophones et francophones. Alors comment est-ce qu’ils vont voter? S’il y en a 200 à 300 qui votent plus pour un parti dans une circonscription, ça peut vraiment changer les choses », considère Mario Levesque.