Français au Canada : « Ne parlons plus d’égalité, mais d’équité », dit Sonia Lebel

La ministre québécoise Sonia Lebel. Gracieuseté: gouvernement du Québec

MISSISSAUGA – Le Québec fera connaître ses demandes pour la refonte de Loi sur les langues officielles, au cours des prochaines semaines, a annoncé Sonia Lebel, de passage à Toronto. Il est temps de mieux protéger le français, une langue minoritaire au pays, a-t-elle martelé lors d’une entrevue accordée à ONFR+, en marge du Sommet Ontario/Québec.

« Une des choses très importantes dans la modernisation de cette loi-là c’est de bien comprendre que des deux langues officielles, l’anglais et le français, le français est la seule langue minoritaire au Canada », affirme Sonia Lebel, ministre québécoise responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne.  

Mélanie Joly avait confirmé à ONFR+, l’an dernier, que les provinces auraient leur mot à dire dans la refonte de cette « loi fondamentale », afin d’éviter qu’elle « ne soit contestée ».

Sonia Lebel veut qu’on protège davantage le français.

« Il ne faut plus parler d’égalité, mais plutôt d’équité en matière de langue. L’égalité est de donner la même chose à tout le monde, mais les besoins ne sont pas les mêmes. Pour avoir de l’équité et renforcer le français partout au Canada, il nous faut cette notion d’asymétrie entre les deux langues. La langue minoritaire qui a besoin d’être supportée est vraiment le français », explique-t-elle.

Au cours des dernières années, le Québec a été critiqué par les minorités francophones au pays pour ses prises de position dans différents dossiers juridiques. Par exemple, en 2015, le Québec a pris position pour limiter l’octroi de nouveaux pouvoirs aux acteurs de l’éducation francophone du Yukon, craignant que cela établisse un précédent pouvant être utilisé par sa minorité anglophone.

Sonia Lebel évoque elle-même le cas des Anglo-Québécois dans la conversation.

« La situation de la minorité anglophone n’est pas la même que les autres minorités francophones », insiste-t-elle. « Naturellement, nous avons une minorité anglophone au Québec, nous sommes soucieux de respecter leurs droits, il y aura un esprit d’équilibre », fait-elle valoir.

Sonia Lebel reste vague sur les propositions qui seront faites prochainement. Un dossier qui s’articule en parallèle avec la demande du Québec pour assujettir les entreprises fédérales en sol québécois à la Loi 101, qui protège le français dans la province.

Un Sommet de la francophonie canadienne reporté

Le Québec devait accueillir le Sommet de la francophonie canadienne, en juin. « Ça a été reporté naturellement avec la pandémie, on n’a pas pu le faire. Le Québec devait aussi être l’hôte de la conférence ministérielle de la francophonie canadienne, c’était au tour du Québec de recevoir les autres ministres de la francophonie des provinces et la ministre fédérale. On a tout reporté en juin 2021 », précise-t-elle.

« L’objectif du Sommet est de revoir la stratégie québécoise en matière de francophonie canadienne, et de discuter avec les gens pour voir quels changements apporter. Je n’ai pas de volonté comme telle. Est-ce que les secteurs dans lesquels on investit sont les bons, la culture et l’éducation. Mais on veut aussi apporter une twist économique et favoriser les échanges entre les entrepreneurs francophones », dit la ministre Lebel.

Satisfaite de sa relation avec Caroline Mulroney

La dernière visite du premier ministre québécois François Legault à Toronto remontait à la fin de 2018, en pleine crise linguistique.

À l’époque, le gouvernement Ford avait annoncé l’abolition du projet de l’Université de l’Ontario français et du Commissariat aux services en français.

« Quand l’énoncé économique est sorti, Caroline Mulroney a tout de suite été disponible et je pense qu’on a atteint un beau résultat, malgré tout. Les échanges que j’ai avec Caroline Mulroney sont toujours positifs », affirme Sonia Lebel.

Cette dernière embrasse sa vision d’une francophonie économique. Elle propose aussi d’établir un prix Québec/Ontario inspiré du Prix Québec/Acadie, qui reconnaît l’apport de personnes ou d’organismes favorisant les relations entre le Québec et la francophonie de l’Atlantique.