Hausse marquante de l’immigration francophone ontarienne en 2019
Ce n’est pas encore la fameuse cible du 5 %, mais l’immigration francophone en Ontario est à la hausse en 2019. Selon des chiffres obtenus par ONFR+, les francophones représentent 3,4 % de l’immigration dans la province en 2019, soit une hausse comparativement à 2018 (2,15 %).
Au total, 5 245 résidents permanents de langue française sont venus s’installer en Ontario en 2019 comparativement à 2 945 en 2018, soit une hausse de 55 %. À titre de comparatif, les années 2016 et 2017 avaient attiré respectivement 2 070 (1,88 %) et 2 255 (2,01 %) résidents permanents de langue française.
ONFR+ s’est basé sur la définition de Statistique Canada, laquelle comptabilise les résidents permanents ayant une connaissance du français.
À noter que le gouvernement de l’Ontario n’a pas été en mesure de nous donner les chiffres de la Définition inclusive de la francophonie (DIF) laquelle se base sur « les personnes pour lesquelles la langue maternelle est le français, de même que les personnes pour lesquelles la langue maternelle n’est ni le français ni l’anglais, mais qui ont une bonne connaissance du français comme langue officielle et qui utilisent le français à la maison ».
Les chiffres étaient régulièrement fournis par le gouvernement jusqu’en 2018, mais demeuraient globalement dans une marge semblable à ceux de la définition de Statistique Canada.
Cette hausse est une « bonne nouvelle » pour la porte-parole aux Affaires francophones du Parti libéral de l’Ontario, Amanda Simard, mais celle-ci veut aller au-delà des chiffres.
« On doit comprendre le pourquoi de la hausse pour faire mieux et s’approcher des cibles. Ces statistiques-là sont des personnes alors les témoignages de gens doivent être entendus pour comprendre les données. Ça va prendre du leadership de la part du gouvernement pour faire un suivi auprès de ces immigrants francophones pour comprendre leur expérience avec le processus d’entrée, l’expérience et le programme à leur arrivée ainsi que l’accès au français », affirme la députée de Glengarry-Prescott-Russell.
Dans un échange de courriel avec ONFR+, le bureau de la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, a indiqué comprendre « l’importance de l’immigration francophone en Ontario ».
« La francophonie ontarienne est riche de sa diversité et cela est dû en grande partie aux nouveaux arrivants qui s’installent dans notre belle province. »
Le bureau de Mme Muroney insiste par ailleurs réussir à dépasser la cible de 5 % d’immigrants francophones dans le cadre du Programme ontarien des candidats à l’immigration (POCI). Le gouvernement affirme avoir réussi à choisir quelque 6,1 % d’immigrants francophones au POCI en 2019 et 7,7 % en 2018.
Environ de 6 à 8 % des quelque 150 000 résidents permanents arrivant en Ontario chaque année sont sélectionnés par l’intermédiaire de ce programme.
La députée Simard croit qu’une partie du succès se retrouve chez le programme fédéral d’immigration Entrée express lancé depuis quelques années.
« À ma première vue et en parlant avec d’autres personnes, je pense que c’est grandement dû au programme Entrée express. C’est un programme fédéral, mais je crois qu’on doit tous travailler ensemble pour faire preuve de leadership dans ce dossier là », croit Mme Simard.
Cette dernière aimerait voir le gouvernement agir dans l’espoir d’atteindre la cible du 5 % mise en place par le gouvernement provincial en 2012.
« On n’a pas vu d’activités dans ce dossier-là, il est temps de voir ce qu’on peut faire pour améliorer cette statistique-là et d’avoir encore plus d’immigration francophone. De ce que je vois, on n’a pas vu le gouvernement être proactif. »
L’AFO satisfaite
Les chiffres plaisent à l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) et son président Carol Jolin.
« On se réjouit que ça ait monté. Entre 2012 et 2019, nous avons compté 20 000 immigrants de retard pour maintenir notre poids démographique », indique-t-il.
« Le Livre blanc sur l’immigration francophone que l’on avait publié en 2017 avait plusieurs éléments qui ont été mis de l’avant, comme l’Accord Canada-Ontario sur l’immigration (ACOI), un service en français pour accueillir les immigrants à l’aéroport Pearson, ou encore une initiative pour se doter de communautés accueillantes. C’est la première fois depuis 2012 qu’on a des chiffres qui dépassent les 3 % d’immigration francophone. »
En prenant en compte seulement les quatre premiers mois de l’an 2020, l’Ontario a jusqu’ici accueilli 1 310 nouveaux résidents permanents d’expression française.
À noter que le porte-parole néo-démocrate aux Affaires francophones, Guy Bourgouin, n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue.
Article écrit avec la collaboration de Sébastien Pierroz