Interdiction du vapotage et restriction des téléphones à l’école dès septembre 2024
NORTH YORK – Le ministre de l’Éducation Stephen Lecce annonce des mesures drastiques pour améliorer la santé des élèves et éliminer les distractions à l’apprentissage en classe : restriction de l’usage des cellulaires et interdiction du vapotage dans les écoles, dès la rentrée scolaire de septembre 2024. Pour Parents partenaires en éducation (PPE), une uniformisation et une officialisation de ce que des conseils scolaires francophones mettaient déjà en pratique.
Parmi les arguments avancés : contrer la hausse alarmante du vapotage et de l’utilisation des cellulaires, source de distraction dans les salles de classe, pour protéger les étudiants des perturbations à l’apprentissage. Une décision qui fait suite à « l’entente avec tous les syndicats d’enseignants ».
« Plus d’un tiers des élèves du secondaire passe plus de cinq heures par jour devant un écran », a souligné Natalie Pierre, l’adjointe parlementaire au ministre de l’Éducation, mentionnant également les risques de dépression, d’isolement de leurs pairs et de harcèlement en ligne qui y sont associés.
Concernant le vapotage, il serait plus prévalent chez les jeunes, selon une étude de Statistique Canada de 2022 démontrant que plus d’un cinquième des adolescents de 15 à 17 ans ayant déclaré utiliser un produit de vapotage les 30 jours précédents.
Le ministre de l’Éducation de déclarer : « Notre gouvernement met en place la politique la plus rigoureuse du Canada pour s’attaquer à ce problème en limitant l’utilisation des cellulaires pendant les heures de classe et en interdisant le vapotage dans toutes les écoles. En ce qui concerne les cellulaires, notre politique est « loin des yeux, loin du cœur », car nous voulons ramener les élèves aux éléments fondamentaux en restaurant la concentration, la sécurité et le bon sens dans les écoles de l’Ontario. »
Dans les faits, les enfants de la maternelle jusqu’à la 6e année seront tenus de ranger leur cellulaire et de le mettre en mode silencieux et les élèves de la 7e à la 12e année ne seront simplement pas autorisés à utiliser leur cellulaire pendant la classe.
Cette mesure s’accompagne d’une interdiction de l’accès aux médias sociaux depuis les ordinateurs et tablettes des établissements scolaires. En outre, les bulletins scolaires feront mention du niveau de distraction de chaque élève en classe et les enseignants recevront une formation relative adéquate.
Les conseils scolaires francophones « avant-gardistes » selon PPE
Selon Paul Baril, le président de Parents partenaires en éducation (PPE), il s’agit cette fois d’une officialisation et d’une uniformisation pour tous les conseils scolaires à l’échelle de la province.
« En 2017 et 2019, ces règles avaient déjà été avancées et suggérées aux conseils scolaires quant à leur application, laissée entre leurs mains. Ce qu’on s’aperçoit aujourd’hui, c’est qu’il semblerait que la plupart des conseils scolaires anglophones n’aient jusqu’à présent pas pris en compte ces recommandations du ministère, tandis que les écoles francophones avaient déjà mis en place des règles plus sévères sur l’usage du téléphone et de la vapoteuse », explique celui-ci.
« Côté francophone, nous sommes toujours un peu plus avant-gardistes sur ces questions, d’où peut-être une corrélation à faire avec les meilleurs résultats scolaires des conseils scolaires francophones. Le bannissement des réseaux sociaux de type Facebook avec le réseau wifi de l’école était par exemple déjà en place. »
Si celui-ci déplore une absence de consultation avec les parents francophones en amont, il se réjouit de ces nouvelles positives pour l’apprentissage et la santé des enfants et des jeunes avec une certaine flexibilité : « Pour les téléphones portables, il s’agit d’une interdiction dans les salles de classe seulement et pas d’une interdiction draconienne », conclut-il.
De nouveaux investissements pour l’application des mesures
Le ministre de l’Éducation a indiqué que ces changements, qui s’inscrivent dans le plan de retour aux fondamentaux en éducation, induiront des investissements, précisant que des panneaux bilingues sur ces nouvelles règles seraient placardés dans les écoles.
Une enveloppe conséquente de 30 millions de dollars du budget 2024 permettra l’installation de détecteurs de fumée de vapoteuses, notamment dans les toilettes, et d’autres dispositifs tels que des caméras pour améliorer la sécurité dans les écoles.
Une technologie de pointe coûteuse selon M. Baril, qui agit « comme une alarme à feu informatisée, qui détecte le bruit et la chaleur et prévient l’usage d’une cigarette électronique dans l’enceinte de l’établissement scolaire ».
Des initiatives de soutien en santé mentale sont également prévues, dont une enveloppe de 15 millions de dollars dédiée à l’aide aux élèves à risque de développer des comportements de dépendance.
Un budget de 1 million de dollars permettra d’établir un partenariat avec Santé mentale en milieu scolaire Ontario pour créer des ressources sur les effets néfastes du vapotage et de l’utilisation excessive des cellulaires, ainsi que de 1,5 million de dollars pour permettre aux comités de participation des parents et aux élèves de lancer des campagnes locales de prévention.
Une lettre explicative sera envoyée aux parents dès ce lundi, a également précisé Stephen Lecce lors de la conférence de presse.