Joly dévoile un programme d’apprentissage en l’honneur de Mauril Bélanger

La ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly.

OTTAWA – La ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, a annoncé, ce mardi, la mise en place d’un programme d’apprentissage du français et de l’anglais langue seconde d’ici 2020, nommé en l’honneur de l’ancien député franco-ontarien, Mauril Bélanger.

« Quand je me suis déplacée à travers le pays, combien de fois, j’ai entendu des anglophones me dire qu’ils auraient aimé apprendre le français », a lancé la ministre Joly, lors de son annonce en marge du Symposium sur le 50e anniversaire de la Loi sur les langues officielles.

La société publique CBC/Radio-Canada recevra 16 millions de dollars, issus du Plan d’action pour les langues officielles, pour développer ce nouveau programme, baptisé Le Mauril, en hommage au député franco-ontarien d’Ottawa-Vanier Mauril Bélanger, disparu en 2016.

« Ça demande du travail d’apprendre une langue et cet outil ne va pas rendre ça plus facile. Mais quand on a accès à une ressource, que c’est facilement disponible à tous, on est plus porté à l’utiliser, surtout si c’est ludique et pas toujours scolaire », pense la directrice générale de l’organisme national Canadian Parents for French, Nicole Thibault.

Promesse électorale

Ce programme était une des promesses du Parti libéral du Canada (PLC) lors de la dernière campagne électorale, en 2015. La ministre Joly justifie sa concrétisation tardive.

« On a voulu faire une bonne approche et avoir une bonne entente. Et je suis contente que Radio-Canada/CBC ait décidé de travailler avec le ministère sur ce projet important. Notre préoccupation, c’était d’avoir du contenu canadien, qui reflète notre réalité et offre une perspective canadienne sur nos propres langues officielles. »

Le directeur général du cabinet de la présidente-directrice générale de Radio-Canada Catherine Tait, Marco Dubé, a insisté sur l’intérêt de ce projet pour la Société d’État.

« La promotion de la dualité linguistique fait partie de notre mandat, mais au-delà, c’est une occasion de renforcer nos liens avec le public. Apprendre la seconde langue officielle est un acte citoyen et c’est important que les personnes qui font ce choix trouvent Radio-Canada sur leur route. »

Relancer le bilinguisme

Alors que le bilinguisme stagne au niveau national, surtout dans la population anglophone, Mme Joly espère que ce nouveau programme permettra d’inverser la tendance.

« L’objectif, c’est de trouver des façons pour que les gens puissent utiliser ces outils-là dans leur quotidien. Dans plusieurs conversations que j’ai eues à travers le pays, plusieurs nouveaux arrivants, mères de famille ou papas très occupés disaient avoir la volonté de devenir bilingues, mais ne pas avoir le temps et l’argent pour le devenir. On veut donner une égalité des chances à tous les citoyens. Devenir bilingue, c’est un atout et on doit s’assurer que tout le monde y ait accès en développant de tels outils. »

Pour la députée franco-ontarienne d’Ottawa-Vanier, Mona Fortier, un tel programme pourrait également contribuer à lutter contre l’insécurité linguistique.

« C’est aussi un outil pour aider les jeunes et les moins jeunes à avoir accès à une application qui va leur permettre de se sentir à l’aise pour pouvoir mieux pratiquer leur anglais ou leur français, comme langue seconde. Et puis, ça fait toute une promotion du fait que les deux langues officielles sont très importantes au pays. »

« Un bon début »

Pour Canadian Parents for French, il s’agit d’un « bon début ».

« On va avoir de l’actualité, des choses intéressantes à découvrir, les mêmes sujets dont on parle en anglais, mais on va pouvoir le faire en français en apprenant du vocabulaire et en voyant les différentes perspectives d’une communauté à l’autre. Ce sera un bon moyen pour apprendre le français, mais aussi pour le maintenir. Souvent les jeunes à l’immersion sont à la recherche de ce qu’ils peuvent faire hors de la salle de classe ou quand ils ont terminé leur secondaire. »

M. Thibault dit qu’il en faudra davantage : « Ce n’est pas l’outil qui va changer le monde. Il faut aussi voir les activités qu’on va faire avec ça, les expériences, les occasions d’échanges entre les jeunes, les rapprochements entre les deux communautés… Il faut encore avoir cette occasion de rencontrer l’autre, pour avoir des occasions d’utiliser le français et qu’il soit accueilli, même si notre accent et notre niveau sont différents. »