La crise linguistique ontarienne au menu de la rentrée fédérale
OTTAWA – Les députés fédéraux sont de retour à la Chambre des communes, ce lundi. Dans cette dernière ligne droite avant les élections du 21 octobre prochain, la situation de la francophonie en Ontario risque de continuer à occuper les débats, au détriment de la modernisation de la Loi sur les langues officielles.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
Les décisions du gouvernement de Doug Ford en Ontario ont poussé le comité permanent des langues officielles à revoir ses plans, explique le porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière de langues officielles et vice-président du comité, François Choquette.
« On veut continuer à alimenter les dossiers du projet de l’Université de l’Ontario français et du Commissariat aux services en français. »
Dans les prochains jours, le comité doit recevoir les sous-ministres ontariens des Affaires francophones et de la Formation et des Collèges et Universités.
« Le gouvernement ontarien doit comprendre qu’il a des obligations vis-à-vis de sa communauté francophone et qu’il doit répondre à ses besoins. Et nous sommes là pour le lui rappeler. On fera toutes les démarches possibles! », lance le député néo-démocrate.
Ce choix ne semble pas faire l’unanimité à écouter le porte-parole du Parti conservateur du Canada (PCC) en matière de langues officielles, Steven Blaney.
« C’est le 50e anniversaire de la Loi sur les langues officielles en 2019 et une modernisation s’impose! Pour nous, ce sera le grand élément sur lequel nous allons travailler. Le premier ministre Trudeau a promis qu’il allait s’en occuper, mais pour l’instant, il n’y a rien sur la table. »
Enjeu électoral
Le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Jean Johnson, regrette lui aussi que la modernisation de la loi passe désormais au second rang.
Son organisme présentera malgré tout d’ici fin février, son propre projet de modernisation de la loi pour « démarrer les conversations » et fera de cette question une de ses principales revendications pour les prochaines élections.
« On a déjà eu des rencontres avec le NPD, le Parti conservateur et le Parti libéral. On veut aussi rencontrer le Parti vert. Nous avons des alliés dans chaque parti qui comprennent l’importance de donner à la loi les dents nécessaires. On souhaite que les partis s’engagent à participer activement à la modernisation, peu importe qui sera au gouvernement. »
Au NPD comme au PCC, on dit avoir déjà entamé la réflexion.
« Ce sera difficile pour le comité [permanent des langues officielles] de mener à bien une étude sérieuse sur la modernisation de la Loi sur les langues officielles avant les prochaines élections, mais j’espère que tous les partis en parleront dans leur plateforme et donneront les détails de ce qu’ils comptent faire. Au NPD, je m’y engage! », lance M. Choquette, indiquant également que la question du bilinguisme des juges à la Cour suprême du Canada fera aussi partie du programme électoral néo-démocrate.
Son homologue conservateur lance déjà quelques pistes qui alimentent la réflexion de son parti sur la question de la modernisation de la loi.
« On travaille encore à l’interne, mais c’est sûr que les questions que nous posons en comité alimentent notre réflexion, notamment sur le renforcement du rôle du commissaire aux langues officielles, la manière de donner plus de dents à la loi, la façon d’améliorer la gouvernance… Notre vision, c’est que la question des langues officielles s’adresse à tous les Canadiens. On veut remettre la dualité linguistique au cœur de l’identité canadienne! »
Rencontre provinciale-fédérale sur la francophonie?
La FCFA espère également profiter de cette session parlementaire pour convaincre le premier ministre Justin Trudeau de tenir une rencontre avec ses homologues des provinces et territoires pour parler de la situation de la francophonie à travers le pays.
« Il y a un mouvement populiste actuellement qui met en péril et fragilise nos communautés francophones, pas seulement en Ontario et au Nouveau-Brunswick. On veut que les premiers ministres et ministres responsables du fédéral et des provinces et territoires se rassemblent pour parler de la francophonie canadienne », explique M. Johnson.
Une proposition qui reçoit l’appui du NPD.
« Les circonstances actuelles nécessitent un leadership fort du gouvernement fédéral. Il y a un danger de recul des droits linguistiques », estime M. Choquette.