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La Fête de la culture de l’Ontario s’ouvre avec des dialogues entre artistes francophones et visiteurs

Cette année, la 16e édition du festival se veut incitatrice de rencontres et débats entre les artistes et leur communauté. Photo : Gr acieusetéIsa Michaud

Cette année, avec un lancement à Thunder Bay, le festival veut favoriser l’engagement du public et des communautés envers les arts, la culture et le patrimoine ontarien. « On a énormément de variétés et de diversité des cultures, et ça inclut évidemment toute la culture franco-ontarienne », affirme Isabelle de Bruyne, qui siège dans le conseil d’administration du festival.

Une courtepointe à colorier à Sault-Sainte-Marie

Dès la semaine prochaine, les amateurs d’art pourront se joindre à Isa Michaud, artiste visuelle multidisciplinaire du Nord de l’Ontario, pour réaliser une courtepointe s’étalant sur une surface de huit mètres sur deux. « Je pense que ça va plaire à tout le monde. Ça va être participatif. J’ai toujours une approche où les gens peuvent participer à l’art d’une manière accessible sans que ça fasse peur ou que ça intimide », explique la peintre, dessinatrice et vidéaste.

« Tout le monde va pouvoir colorier et dessiner », assure-t-elle.

La courtepointe, assemblée avec des draps recyclés, contient quatre grandes peintures réalisées avec des matériaux à base de plantes tels que le charbon de bois, le curcuma et l’encre acrylique sur toile de coton. Photo : Gracieuseté Isa Michaud

En tant qu’artiste à Sault-Sainte-Marie, la Fête de la culture de l’Ontario offre à Isa l’une de ses seules opportunités de partager ses travaux. Photo : Gracieuseté Isa Michaud 

D’après elle, il n’y a pas autant d’opportunités pour les artistes francophones de faire des expositions en français dans le Nord de l’Ontario. Photo : Gracieuseté Isa Michaud.

L’artiste précise que sur la grande courtepointe sont inscrites de petites notes en français. « À la Fête de la culture de l’Ontario, on essaie de partager des parties de notre culture. Pour moi, c’est le français. » Cette dernière encourage sans relâche l’amélioration de la présence francophone au sein de l’événement. « Je lutte pour ça depuis très longtemps. J’ai même enseigné le français à la coordonnatrice du festival à Sault-Sainte-Marie, parce que je veux que ça s’améliore. »

Exposition d’art Le Pied Carré à Plantagenet

Non loin de la capitale canadienne, à Plantagenet, l’exposition Le Pied Carré au sein de la Ferme Mariposa rassemble les œuvres de 32 artistes locaux, dont 20 francophones, venant de coins tels que de Hammond, Hudson et Cornwall. À l’occasion du festival, Suzanne Lavoie, qui dirige la ferme, a décidé avec son mari de mettre en lumière une trentaine d’artistes locaux et régionaux. « Ce sont plus de 150 œuvres d’art qui seront exposées », raconte Mme Lavoie.

Originaire de la région de Kapuskasing, elle consacre une partie de son temps à mettre en contact les amateurs d’art et le grand public. « Nous avons 200 visiteurs tous les weekends », s’enchante-t-elle.

Veronika McKerrel, de Rockland, Ontario,  travaille avec des huiles, des acryliques, des médiums secs et de la gravure en superposant souvent des matériaux pour créer de la profondeur et de l’énergie. Photo : Gracieuseté Suzanne Lavoie

L’exposition rassemble plus de 150 œuvres d’artistes locaux francophones et anglophones. Photo : Gracieuseté Suzanne Lavoie

Alex Dufour, de Hammond, Ontario, a utilisé la devanture de cinq restaurants à Ottawa pour en faire des peintures. Photo : Gracieuseté Suzanne Lavoie

« On est très choyés. J’ai des artistes ici qui vendent leurs œuvres à un maximum de 400 $ au lieu 1500 $ en temps normal », remarque-t-elle. L’exposition est ouverte tous les weekend, tout le long du festival.

Parallèles – Forces féminines éclipsées à Cambridge

Originaire de Sudbury, Alix Voz dirige une exposition liant trois artistes féminines canadiennes et francophones maniant le textile et les pinceaux. À partir de début octobre, le public pourra contempler des œuvres explorant la mémoire collective à travers des techniques de tissage de vêtements traditionnels autochtones.

Celle qui siège au sein du Bureau des regroupements des artistes visuels de l’Ontario (BRAVO) martèle son engagement en affirmant « renforcer ce besoin de vraiment être la relève francophone. »

Antonietta Grassi, Caroline Monnet et Carolina Reis sont les trois artistes à l’honneur de l’exposition. « Je les ai mises à trois ensemble pour raconter une histoire très intéressante de ce qui se passe dans le monde artistique contemporain en Ontario français », détaille Alix Voz.

Cette création d’Antonietta Grassi montre des compositions superposées évoquant surfaces tissées, circuits imprimés et machines devenues obsolètes. Photo : Gracieuseté Alix Voz

Le textile constitue la principale discipline artistique d’Antonietta Grassi (à gauche), de Caroline Monnet (au milieu) et de Carolina Reis (à droite). Photos : Gracieuseté Alix Voz

Exposition « Echoes » de Caroline Monnet. Photo : Gracieuseté Alix Voz

Exposition « Ne tenir qu’à des fils » de Carolina Reis. Photo : Gracieuseté Alix Voz

« C’est vraiment une exposition qui survient à un moment important, parce qu’on a une artiste autochtone et ça tombe pendant le temps de réconciliation. Donc, je pense que c’est aussi un moment politique important de faire la réflexion du dépourvoir féminin et que les histoires peut-être sont un peu plus éclipsées », poursuit-t-elle.

« C’était important de continuer l’histoire de l’importance de l’art en français, en Ontario spécifiquement. Quand je travaille sur mes projets comme commissaire d’exposition, j’essaie de mettre l’accent sur les artistes francophones, car ils n’ont pas d’histoires souvent mises en avant en Ontario, où c’est majoritairement anglophone », conclut la directrice.

L’art et la science avec l’Alliance Française de Toronto

D’ici deux semaines, au sein de la galerie de l’Alliance Française (AF) de Toronto, 20 sculptures qui explorent le lien entre art et science seront exposées. S’en suivra une discussion ouverte entre le public et le sculpteur et ancien chercheur scientifique Sylvain Baruchel.

Il s’agit de la première participation de l’AF au festival. La directrice culturelle de l’AF, Cynthia-Laure Etom, annonce que « nous avons vu l’information passer et il a été important pour nous d’y participer pour répondre à cette mission de rayonnement de la culture et de la langue. »

L’exposition se déroulera le 20 sep au 18 octobre à l’Alliance Française au 24 Spadina Road. Photo : Archives ONFR

Les sculptures de Sylvain Baruchel explorent le croisement entre art et science. Photo : Gracieuseté Cynthia-Laure Etom

Les sculptures de Sylvain Baruchel explorent le croisement entre art et science. Photo : Gracieuseté Cynthia-Laure Etom

D’après la directrice culturelle, la mission de l’AF continue de soutenir l’expression artistique francophone locale torontoise afin d’entretenir ce carrefour culturel « entre les francophones, francophiles et franco-curieux », rappelle Mme Etom.

Cette exposition en lance la saison des expositions à l’AF Toronto qui commence demain. Pour elle, proposer des expositions en français permet de favoriser des échanges autour de la langue, la culture et à terme de renforcer la présence francophone.

Culture et accessibilité

En tant que membre du conseil d’administration du festival, Isabelle de Bruyne continue de « chercher au-delà du réseau culturel et artistique d’autres organismes francophones qui pourraient être intéressés à promouvoir les activités. » Par ailleurs, de nombreuses initiatives de la part de l’organisme comme la confection de guides culturels de l’Ontario dans les deux langues s’inscrivent dans un effort d’inclusion de la scène artistique franco-ontarienne.