La Laurentienne : enceinte, elle est congédiée à deux semaines de son accouchement
SUDBURY – Depuis quelques mois, Valérie Raymond entend les petits coups de son futur garçon, mais lundi, c’est un grand coup qui a frappé la professeure de La Laurentienne. Elle a appris son congédiement en plus de se faire dire qu’elle ne toucherait pas un sou de son indemnité de la part de l’Université malgré son accouchement à la fin avril.
Enceinte depuis un peu plus de huit mois, Valérie Raymond avait prévu à l’automne de débuter son congé de maternité le 23 avril. Tout était en place, les papiers étaient signés avec l’Université pour qu’elle puisse quitter quelques jours avant de donner naissance à son enfant à la fin avril.
Toutefois, lundi, comme près d’une centaine d’autres collègues, elle a appris qu’elle ne serait désormais plus à l’emploi de l’établissement bilingue.
« Je perds mon emploi et mon salaire à 100 % promis pendant six mois de mon congé de maternité (…). Je ne pensais pas perdre mon congé, car tous les papiers avec l’Université étaient signés. C’est absolument inhumain de nous traiter comme ça et de ne pas considérer une situation comme la mienne ou celles de ceux en congé de maladie », explique la future maman.
Mme Raymond donne près de quatre cours par session dans le département d’Études françaises. Elle est toutefois la seule professeure à donner des cours dans le programme de français langue seconde. Ce programme qui sert notamment à former les futurs enseignants d’immersion en français, un poste considéré comme une véritable denrée rare en Ontario, selon des experts.
« Le pire, c’est surtout quand j’ai appris qu’on sauvait mon programme alors que j’étais la seule professeure associée à ce programme. Je n’ai pas été sauvée. Ça l’a été vraiment bouleversant. »
« Je ne reconnais plus mon université »
Cette dernière avait fait ses débuts comme chargée de cours en 2013 en plus d’obtenir son baccalauréat à l’établissement bilingue.
« J’avais comme objectif de faire ma carrière là et de m’établir ici avec les Franco-Ontariens et d’enseigner français langue seconde. Ce n’est vraiment plus l’Université que je connaissais. Ça me rend triste et émotionnelle de voir ça d’une l’Université que je tenais hautement dans mon estime. »
Comme plusieurs autres professeures, elle considère que la façon dont la nouvelle a été annoncée aux professeurs a été faite de façon « inhumaine ».
« Le processus a été brutal pour tellement de gens avec la confidentialité du processus. La semaine avant, on nous dit qu’on va avoir les nouvelles le lundi et là qu’on nous laisse ce message dans Zoom avec un groupe, c’est totalement inacceptable », déplore Valérie Raymond.
Malgré les récents bouleversements, la future maman ne regrette rien.
« Je ne peux pas être plus heureuse d’être enceinte et puis de prévoir mon année avec le bébé. Peu importe ce qui arrive, même si je n’ai pas l’indemnité, c’est vraiment le plus important pour moi (…). Depuis lundi, il y a une spirale et ce sont des réunions, des appels, des courriels et des larmes, mais je me réjouis que j’aie bientôt mon bébé dans mes bras. »
Pas la seule enceinte à être congédiée
Mme Raymond n’est pas la seule femme enceinte à perdre son emploi, et ce sans indemnité à son. Une employée de l’Université qui n’a pas voulu que son nom soit rendu public a aussi perdu toute possibilité de toucher un salaire. L’employée qui est à au-delà de 20 semaines de grossesse était employée par l’établissement postsecondaire depuis le milieu des années 2010.
« J’ai perdu mon emploi, mes bienfaits pour la santé, et il y a plusieurs questions à savoir si je vais être qualifiée pour des assurances de maladies avant de prendre mon congé de maternité. C’est une situation déchirante aggravée par le moment et l’impact sur ma grossesse », a indiqué la dame à ONFR+.