La littératie, un problème pour les francophones du Nouveau-Brunswick
OTTAWA – Selon une étude de Statistique Canada, publiée lundi 19 septembre, les francophones du Nouveau-Brunswick ont de moins bons résultats aux tests de compétences en littératie et numératie que les anglophones de leur province, mais aussi que leurs homologues francophones ailleurs au Canada. Une situation qui s’explique par plusieurs facteurs, selon les auteurs de l’étude.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
« Ce n’est pas un phénomène nouveau de constater qu’il y a un écart entre les adultes anglophones et francophones du Nouveau-Brunswick en littératie et numératie. Mais ce qui est nouveau, c’est que ces écarts ne se résorbent pas au Nouveau-Brunswick, alors que c’est le cas ailleurs au Canada », explique le co-auteur de l’étude, Jean-François Lepage.
S’appuyant sur les données du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA), l’étude Les compétences en littératie chez les francophones du Nouveau-Brunswick. Enjeux démographiques et socioéconomiques rappelle que les francophones ont obtenu des scores en littératie inférieurs de 15 points en moyenne par rapport aux anglophones néo-brunswickois, et également inférieurs de 10 points par rapport aux francophones du Québec, du Manitoba et de l’Ontario.
Plus faiblement scolarisée, avec trois francophones sur dix âgés de 25 ans ou plus qui n’ont pas terminé leurs études secondaires, la communauté francophone néo-brunswickoise possède un capital culturel moins lié à l’écrit, indique l’étude. De plus, elle souffre d’un vieillissement de sa population, les plus de 65 ans représentant 18% de la population francophone, contre 14,8% pour l’ensemble de la population canadienne. Enfin, elle doit faire face au départ d’un grand nombre de ses diplômés, que ne compense pas l’immigration francophone au Nouveau-Brunswick.
Combiné au fait que les adultes francophones occupent plus souvent des emplois qui ne nécessitent qu’une formation en milieu de travail, l’étude permet de mieux comprendre les mauvais résultats compilés dans le PEICA.
« Notre objectif avec cette étude est de mettre à la disposition des communautés et des décideurs les informations statistiques pertinentes susceptibles de leur permettre de favoriser la vitalité des minorités de langue officielle. Ça peut les aider à prendre des mesures. »
Mais le problème ne peut être abordé sur un seul aspect rappelle M. Lepage.
« Si on cherche à favoriser la scolarisation des jeunes francophones sans penser aux autres facteurs, il y a un risque de précipiter la migration de ces jeunes diplômés vers d’autres provinces », illustre-t-il.
Pour améliorer la situation, il convient donc de s’attaquer à tous les facteurs en même temps, ce qui rend le problème encore plus difficile à résoudre.
« C’est un cercle vicieux. Par exemple, le fait de ne pas avoir de main d’œuvre qualifiée peut pousser une entreprise à aller s’installer dans une autre province, ce qui ne permettra pas d’offrir des emplois aux jeunes diplômés d’ici, ni ne les encouragera à poursuivre leurs études… Il y a plusieurs possibilités d’intervention, mais il faut tenir compte de tous les facteurs. »
Pour autant, M. Lepage rappelle que le Nouveau-Brunswick possède de nombreux atouts pour attirer et conserver ses francophones.
« Les indicateurs de vitalité linguistique sont très forts au Nouveau-Brunswick. Le pourcentage de gens qui utilisent le français au travail est le plus fort de toutes les provinces et territoires à l’extérieur du Québec. Les chiffres de transmission de la langue sont également très bons. Ça peut donc être des arguments. »
Les auteurs de l’étude présenteront les résultats de leur recherche, le jeudi 22 septembre, au Conseil pour le développement de l’alphabétisme et des compétences des adultes du Nouveau-Brunswick (CODAC NB).