
La première cohorte de l’Université de l’Ontario français décroche son diplôme

TORONTO – Quatre ans après l’ouverture de ses portes, l’Université de l’Ontario français (UOF), a célébré sa toute première cérémonie de remise de diplômes. Cette journée marque un tremplin dans la vie des 64 finissants, venus des quatre coins de la province et du monde. Pour l’UOF, elle représente une étape dans la consolidation de sa place parmi les autres institutions postsecondaires ontariennes francophones.
« C’est marqué dans l’histoire. C’est un privilège et un honneur, dit Diandra Roxanne, pour qui cette journée concrétise quatre ans d’études spécialisées en économie et innovation sociale.
Comme un peu plus de deux tiers de cette promotion, elle est venue de l’étranger, en particulier du Cameroun, pour faire ses études en Ontario. Pour elle, le français comme langue d’institution représentait une opportunité bien qu’elle soit parfaitement bilingue.
« Pour une personne qui veut garder une certaine connexion avec sa langue de base, c’était important pour moi de pouvoir communiquer en français même en dehors de l’université », explique l’heureuse diplômée.

Étant située au centre-ville de Toronto, elle demeure la seule université entièrement francophone dans la région Centre-Sud-Ouest de la province, ainsi le recrutement auprès d’élèves des écoles secondaires de l’Ontario ne cesse d’être un défi dans un contexte immobilier difficile.
Toutefois, la directrice principale des activités administratives du pôle d’études et enseignement Monique Ménard affirme que l’université cherche à s’aggrandir au service des communautés et de la francophonie.
« Ce sont des étudiants qui ont des parcours très diversifiés, et qui sont partout en Ontario. C’est difficile à mettre en mots la fierté que j’ai pour leur contribution à notre cheminement comme institution », explique l’ancienne directrice générale du Conseil scolaire catholique Franco-Nord.
Diandra Roxanne se prépare présentement à chercher un emploi dans le secteur du développement communautaire et avoue se sentir triste, mais fière de s’ériger parmi les finissants de cette promotion.
« On se sent comme des ambassadeurs qui représentent le produit fini même de l’effort qui avait été mené », ajoute-t-elle.
Une cérémonie qui marque l’histoire
Des membres du gouvernement, le corps professoral, les diplômés, leurs familles et leurs amis étaient présents pour l’occasion. Pour beaucoup, le déplacement s’est fait depuis d’autres pays afin de célébrer.
Des messages vidéos des professeurs ainsi que de la part d’autres politiques comme le ministre des Collèges et Universités, de l’Excellence en recherche et de la Sécurité, Nolan Quinn, ont été diffusés sous le signe de la fierté et l’encouragement.
La lieutenante-gouverneure de l’Ontario Edith Dumont a également félicité la promotion 2025, ainsi que la ministre des Affaires francophones de l’Ontario Caroline Mulroney. Cette dernière est revenue sur l’inauguration de l’université quelques années plus tôt. « Vous êtes la toute première cohorte à recevoir un diplôme de l’Université de l’Ontario français », s’est réjouie la ministre.
« Cette institution est un phare pour la francophonie ontarienne », a-t-elle déclaré dans son discours aux diplômés.

Le chancelier, Paul Rouleau et le recteur et vice-chancelier, Normand Labrie, se sont joints afin de remettre les diplômes aux finissants des baccalauréats d’éducation, de cultures numériques, de pluralité humaine ainsi qu’aux baccalauréats d’environnements urbains et d’économie et innovation sociale.
L’impact de cette université pour la francophonie est resté un thème prépondérant lors de la cérémonie et selon le chancelier, le lien entre la promotion 2025 et l’université est uni à travers « Un lien indélébile », a-t-il évoqué.
Une façon d’enseigner de fond et de forme
Un consensus au sein des finissants souligne l’approche d’écoute et de proximité de la part des professeurs et de l’administration qui apparait pour eux aussi importante que la transmission des connaissances en elle-même. Wallis Allah-Kouame qui couronne ses quatre ans dans le programme en pluralité humaine, dit qu’elle a pu se déployer personnellement lors de ses études.
« Quand on commence le programme, on se rend compte à quel point ça nous ouvre les yeux sur la manière dont fonctionnent les sociétés », regrette-t-elle.

En ayant succédé à Laurie Carlson-Berg, Monique Ménard a aussitôt contribué au nouveau programme en éducation de l’université, qui a été intégré quelques temps après le lancement de l’UOF, afin de pallier le manque d’enseignants de langue française en Ontario. Ce baccalauréat n’avait cessé de voir ses demandes d’admission gonfler et l’université en avait augmenté sa capacité d’accueil de 40 places pour sa première rentrée universitaire.
Emilienne est une étudiante dans le programme d’éducation qui recevra son diplôme l’année prochaine. Elle dit apprécier l’aspect numérique qui selon elle fait la force de ce programme.
« Les professeurs nous donnent les outils nécessaires du futur du monde de l’enseignement », confie-t-elle. L’étudiante trouve que ces technologies sont au cœur de la collaboration entre les élèves et les professeurs.

« À l’UOF, l’aspect numérique fait partie de la signature pédagogique », confirme Monique Ménard.
Toutefois, elle soutient que l’aspect humain reste une priorité. « On maintient ce facteur humain parce qu’on veut que les futurs enseignants qui partent de l’UOF mettent en œuvre cette même pratique humaine avec d’autres élèves », rapporte-t-elle.

Cap sur septembre 2025
L’Université accueillera à l’automne prochain sa deuxième cohorte et de nouveaux programmes vont être ouverts prochainement, tel que le lancement d’un programme accéléré B.A./B.Éd. en éducation.
À ce jour, Monique Ménard espère une entrée dans la vie active rapide pour les finissants dont elle tenait à reconnaître le travail. Wallis Allah-Kouame, martèle que cette journée signifie un accomplissement important pour elle et ses camarades de promotion. « C’est quand même un moment important parce que c’est l’accomplissement de notre travail de quatre ans », affirme-t-elle.
« J’encourage les personnes à postuler à l’UOF parce que c’est un moyen de faire revivre le français. C’est un moyen de défendre les intérêts des francophones et des Franco-Ontariens et des francophiles », conclut-elle.