La victoire du Parti saskatchewanais, un statu quo pour les Fransaskois

Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe (assis), en visite dans une école fransaskoise, à Vonda, en 2018. À sa droite, le ministre de l'Éducation, Gordon Wyant et le président du Conseil des écoles fransaskoises, Alpha Barry. Source: Facebook CÉF

REGINA – Le Parti saskatchewanais (PS) a remporté, lundi soir, une victoire probante pour obtenir un quatrième mandat consécutif. Pour la communauté fransaskoise, le maintien au pouvoir de Scott Moe permet d’avoir un interlocuteur qui connaît déjà les dossiers.

« Ça fait 13-14 ans que nous travaillons fort pour bâtir un lien de confiance avec le Parti saskatchewanais. Nous restons apolitiques et sensibilisons tous les partis, mais il est vrai que si le cabinet reste en place, ça permettra d’avancer plus vite sur les dossiers », explique le président de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), Denis Simard.

À commencer par le dossier des nouvelles infrastructures scolaires francophones qu’attend impatiemment la communauté fransaskoise. Une nouvelle école élémentaire de 350 élèves a déjà été annoncée, à Regina, pour 2023, et les regards se tournent désormais vers Prince Albert et Saskatoon.

« On espère les avoir pour 2025 », explique le président du Conseil des écoles fransaskoises (CÉF), Alpha Barry. « Je suis ravi de voir que plusieurs de nos champions ont été réélus, comme l’ancien vice-premier ministre et ministre de l’Éducation, Gordon Wyant, ou encore, Todd Goudy. Tous sont venus visiter nos écoles, ils connaissent la situation. On va aussi prendre le temps de sensibiliser les nouveaux élus de tous les partis. Je suis confiant. »

Une campagne terne, peu sensible aux enjeux francophones

La campagne électorale aura été peu intéressante, selon le professeur émérite d’histoire à l’Université de Regina et observateur très attentif de la politique provinciale, Stephen Kenny.

« La COVID-19 a eu un effet anesthésiant sur la campagne et c’est aussi ce que Scott Moe souhaitait : une campagne courte et ennuyante. Il a donc réussi, ce qu’on peut voir avec le taux de participation. La victoire du Parti saskatchewanais est historique, sa victoire écrasante, mais la baisse de la participation est toute aussi historique! »

Selon les premiers chiffres, le taux de participation approximatif était de seulement 47,6 %.

« Scott Moe est devenu l’anesthésiste de la politique en Saskatchewan » – Stephen Kenny, politologue

Et dans une campagne terne et assez classique, où le PS défendait un programme axé sur la relance économique pour les petites et moyennes entreprises, pendant que le Nouveau Parti démocratique de la Saskatchewan (NPD) promettait des investissements en santé et en éducation, les enjeux francophones ont été quasiment absents.

« C’est assez habituel », reconnaît M. Simard, alors que M. Barry souligne que tous les partis avaient néanmoins reconnu l’importance de l’éducation en français.

Plusieurs alliés élus… ou peut-être

« Les Fransaskois sont assez éparpillés, ce n’est pas comme dans le Nord ou dans l’Est de l’Ontario, par exemple. Du coup, leurs enjeux sont peu prioritaires pour les partis », rappelle M. Kenny, qui souligne toutefois la présence de quelques candidats fransaskois, comme le néo-démocrate Judicaël Moukoumi défait dans Saskatoon Stonebridge-Dakota.

Le président du CÉF aurait souhaité son élection, comme il espère encore celle du chef du NPD, Ryan Meili, dont les enfants sont inscrits dans une école francophone, ou encore de l’ancienne présidente du CÉF, Christiane Guérette, candidate du PS dans Saskatoon Eastview. Les deux candidats doivent attendre les résultats officiels prévus le 7 novembre.

La victoire du Parti saskatchewanais en bref

> Le Parti saskatchewanais obtient 44 élus sur 61 possibles et 63 % des suffrages comptés le soir des élections
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Son chef, Scott Moe, est réélu dans Rosthern-Shellbrook avec 79,6 %
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Il s’agit de la première victoire électorale de Scott Moe comme premier ministre, depuis qu’il a succédé à Brad Wall en 2018
> Le PS remporte ainsi son 4e mandat consécutif
> Le NPD forme l’opposition officielle, il est le seul autre parti présent à l’Assemblée législative avec 9 élus
> Le chef du NPD, Ryan Meili n’est pas encore sûr de gagner son siège dans Saskatoon Meewasin
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Huit luttes sont encore indécises, dont six où le PS est en ballottage favorable et deux où le NPD est en avance. Les résultats officiels finaux ne seront pas connus avant le 7 novembre

Le président de l’ACF note toutefois que plusieurs élus seront aussi des alliés, puisque certains ont déjà été sensibilisés et que l’apprentissage du français progresse chez les députés.

« On ressent moins le fait qu’on n’a peu de poids électoral, surtout avec le dernier cabinet. Il y a aussi la popularité de l’immersion qui joue et le fait que la province, voulant se positionner dans l’économie mondiale, comprend davantage l’intérêt d’avoir des gens bilingues, voire multilingues, mais aussi davantage d’immigrants francophones », dit-il.

Les priorités des Fransaskois

Même si la population dont le français est la première langue officielle parlée ne représente que 1,3 % en Saskatchewan, selon le dernier recensement de Statistique Canada, l’organisme porte-parole des Fransaskois espère donc faire avancer plusieurs dossiers.

Et notamment, sa demande d’augmenter les programmes postsecondaires en français au sein de la Cité universitaire francophone de l’Université de Regina et du Collège Mathieu.

« La province se rend compte qu’elle dépense des milliers de dollars pour que les élèves puissent étudier en immersion ou en français sans retour sur investissement, car beaucoup doivent quitter la province pour continuer leurs études postsecondaires en français », explique M. Simard.

Le président de l’ACF, Denis Simard. Source : Facebook ACF

Le président de l’AFC note également parmi les autres priorités les services aux aînés, importants pour une communauté fransaskoise vieillissante, mais aussi la petite enfance et le domaine de la santé.

« On ne demande pas que tous les employés soient bilingues, mais avec l’intelligence artificielle, il y a beaucoup de choses qui peuvent se faire en limitant les coûts. Ça prend juste une volonté politique. »