Denise Bombardier lors de son passage à TLMEP diffusé dimanche 6 octobre. Source: Facebook TLMEP

Denise Bombardier, qui a travaillé dans le monde des médias pendant un peu moins d’un demi-siècle, est décédée mardi à l’âge de 82 ans à la suite de complications qui ont suivi des examens médicaux, rapporte le Journal de Québec. De la controverse et de la polémique, elle en a suscité à plus d’une reprise durant sa carrière notamment en 2018 concernant les francophones hors Québec, critiquant notamment leur façon de parler français.

Née à Montréal durant la seconde guerre mondiale en 1941, elle commence sa carrière journalistique en 1975 à Radio-Canada comme animatrice de diverses émissions d’informations. Des années 1990 jusqu’au début des années 2000, elle est à la tête de Les idées lumière et Le Point à la télé, deux programmes où elle touche à divers sujets d’actualités notamment sous la forme d’entretiens.

Reconnue pour son style sans complaisance, elle aura brisé des plafonds de verres en devenant la première femme à produire et animer une émission télévisée d’affaires publiques, recevant notamment le premier ministre du Canada Pierre Elliott Trudeau ainsi que des présidents français comme François Mitterrand.

« Tenace, passionnée, intelligente, courageuse – Denise Bombardier incarnait toutes ces qualités, et bien d’autres. Mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses amis. Son influence sur le Québec a été immense et son œuvre lui survivra assurément », a écrit sur Twitter Justin Trudeau.

« Brillante, courageuse, drôle. Amoureuse du Québec et de la langue française », a tweeté le premier ministre du Québec François Legault en réaction à la nouvelle.

Elle a aussi été chroniqueuse, notamment au Devoir pendant près de 10 ans et au Journal de Montréal, jusqu’à son décès. Elle reçoit en 2009 le Chevalier de l’ordre national du Québec et sept ans plus tard, elle devient membre de l’Ordre du Canada.

Des propos contestés sur les francophones hors Québec

En 2018, lors de son passage à Tout le monde en parle, elle avait suscité la controverse en affirmant ceci : « à travers le Canada, toutes les communautés francophones ont à peu près disparu », avait-elle dit dans un échange avec l’ancien premier ministre du Canada, Jean Chrétien.

« On ne peut pas dire que c’est le Canada qui a fait que les Québécois parlent encore français… Au Manitoba, j’y suis allée encore au mois de janvier. Chez les Métis, on ne parle plus le français. C’est parce que le nationalisme québécois, ça a été le vecteur qui a permis au français d’exister et de persister », ajoutait-elle.

La journaliste et romancière Denise bombardier aux côtés de l’ancien premier ministre du Canada, Jean Chrétien, sur le plateau de l’émission Tout le monde en parle. Capture d’écran

Cette affirmation avait provoqué une levée de boucliers des communautés francophones en milieu minoritaire, rappelant qu’il y avait près de 2,7 millions de francophones hors Québec, un nombre aussi souligné par le fou du roi et co-animateur, Dany Turcotte lors d’une émission subséquente.

À la suite de son passage, elle part en Ontario, au Manitoba et en Acadie à la rencontre des francophones pour présenter en 2019 son documentaire Denise au pays des Francos. De retour à Tout le monde en parle pour en faire la promotion, elle soulève à nouveau l’ire des communautés francophones en critiquant cette fois-ci la qualité de la langue de Molière des personnes qu’elle a rencontrées pour son documentaire.

« Le gossage, c’est de parler une langue qui est à peu près inintelligible pour nous, et de dire : le français qu’on parle, c’est ça pour nous autres, et l’Académie française, les dictionnaires, on s’en… Voyez-vous? (…) Je pense que les francophones parlent une langue internationale et peuvent parler à tous ceux dans le monde qui parlent français. »

Mme Bombardier critique aussi le français d’une Franco-Ontarienne Caroline Gélineault, qui apparaît dans le reportage soulignant que son invitée « a été agressive depuis le début » dans l’émission.

« Si elle croit que la langue qu’elle doit parler, c’est la langue dans laquelle elle m’a parlé, et bien, c’est bien dommage pour elle, il n’y a pas d’avenir pour elle, qu’elle passe tout de suite à l’anglais (…) Nous ne sommes pas une arithmétique de gens qui parlent des langues différentes, la langue nous relie. »

Lors de cette émission, elle défend à nouveau son point de vue sur la disparition des francophones hors Québec.

« J’ai été dans l’émotion et à certains moments dans l’accablement, parce d’une certaine façon, il y a une diminution des francophones partout dans les régions du Canada, statistiquement. (…) Je comprends les francophones, ils ne veulent pas avoir cette vision-là, mais moi, je l’ai cette vision-là! »