L’autonomie complète de l’Université de Hearst : « Une entrée dans l’âge adulte », selon son recteur
[ENTREVUE EXPRESS]
QUI :
Luc Bussières est recteur de l’Université de Hearst.
LE CONTEXTE :
Ce vendredi marque la fin d’une entente d’affiliation que l’Université de Hearst avait avec l’Université Laurentienne qui datait de 1963.
L’ENJEU :
Le début d’une autonomie complète pour l’établissement, dont l’autonomie n’était jusqu’à présent que financière et non pas académique.
« Que va changer l’autonomie complète de l’université concrètement?
C’est comme si l’Université de Hearst avait été dans une longue adolescence avec sa collaboration avec la Laurentienne, et qu’on était finalement arrivé à l’âge adulte. Maintenant on a une entente avec le ministère des Collèges et des Universités (MCU) sans intermédiaire. Le deuxième élément c’est qu’en termes de développement de l’université maintenant les décisions sont complètement en contrôle ici par le Conseil des gouverneurs de l’Université donc on va avoir de nouveaux moyens financiers.
Un autre changement c’est pour les étudiants et étudiantes qui vont désormais recevoir des diplômes de l’Université de Hearst et non plus de l’Université Laurentienne et de celle de Hearst. On va faire une refonte de notre image de marque, de notre identité visuelle effectivement pour rendre compte de cette nouvelle réalité-là.
Pensez-vous travailler avec les autres universités en milieu minoritaire, comme celle de Sudbury?
C’est sûr qu’on suit de près la situation dans les Nords de l’Ontario, comme j’aime souvent le dire, pour pouvoir s’adapter par rapport aux autres universités comme la Laurentienne ou Sudbury. On est vraiment dans une situation d’attente et d’ouverture par rapport à Sudbury parce que c’est clair qu’il y a eu une saignée importante de programmes en Français.
On est vraiment prêts à collaborer ensemble dans un contexte de ‘’par et pour’’ avec d’autres établissements pour offrir des programmes ensemble puis pour trouver une manière de proposer une offre qui est coordonnée, où on ne va pas se concurrencer chacun en développant chacun les mêmes programmes.
Allez-vous mettre en avant une des pistes avancées lors du Sommet des États-Généraux comme la mobilité entre établissements francophones?
Oui et d’ailleurs, on a eu des pourparlers préliminaires avec des recteurs de l’Université de l’Ontario français, de l’Université de Sudbury, de l’Université de Hearst en mars. Par exemple, à l’Université de Hearst on a des ententes de mobilité avec trois universités françaises donc on a convenu de façons de procéder qui seront faciles pour les étudiants et les étudiantes qui veulent se déplacer paient des frais de scolarité dans leur université d’origine, et des frais de logement dans l’université qui les accueille.
On s’est parlé, déjà, de reconnaissance de crédits automatiques, et que c’est un peu ridicule de faire ça entre deux continents mais pas entre deux universités d’une même province. On a pris à peine cinq minutes pour en arriver à ce consensus-là.
Quelle stratégie allez-vous mettre en place pour attirer et retenir les étudiants dans votre établissement?
C’est sûr que notre premier défi est le pouvoir d’attraction et, jusqu’à présent, on a pas eu de problème de rétention. Quand les gens commencent chez nous, habituellement ils terminent leur parcours avec nous. On reçoit beaucoup d’étudiants internationaux qui, la moitié du temps, selon nos statistiques, s’établissent dans le Nord de l’Ontario après leurs études. Je nous vois vraiment comme une pépinière de nouveaux Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes à Hearst, mais le vrai défi qu’on a à l’Université, c’est de recruter à l’échelle domestique donc en Ontario.
On manque de statistiques sur le parcours des étudiants du secondaire, qu’est-ce qui se passe dans la tête des Franco-Ontariens, quelles sont leurs aspirations, qu’est-ce qui fait qu’on pourra les retenir? Les services, la variété des programmes? C’est un peu un mystère et c’est un peu agaçant pour nous, les gestionnaires d’Université.
Souhaitez-vous écouter et inclure les étudiants comme le souhaitent des associations étudiantes telles que la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF)?
Oui, parce que, comme je le disais, on est à la recherche de la bonne solution. Si des associations étudiantes comme la RÉFO (Regroupement des étudiants franco-ontariens), la FESFO (Fédération de la jeunesse franco-ontarienne) ont des suggestions à faire, on a notre propre association étudiante à l’interne, mais si la communauté franco-ontarienne a des souhaits à émettre, on va être évidemment disponibles pour les rencontrer puis pour les écouter. L’angle de la clientèle étudiante est définitivement central pour nous dans notre réflexion pour améliorer la qualité de nos services et nos programmes. »