Le Festival international du film d’Ottawa, « un peu comme une boutique du cinéma », selon Tom McSorley

[ENTREVUE EXPRESS]
QUI :
Tom McSorley est le directeur général de l’Institut canadien du film, qui organise différents événements, dont le Festival international du film d’Ottawa (IFFO).
LE CONTEXTE :
L’IFFO est un festival de taille modeste qui propose des films ayant déjà gagné des prix dans d’autres festivals de partout dans le monde. La cinquième édition se déroule à la Galerie d’art d’Ottawa et au Cinéma ByTowne du 12 au 23 mars.
L’ENJEU :
L’Institut canadien du film programme l’IFFO avec la population d’Ottawa en tête et souhaite refléter ses particularités, dont son bilinguisme.
« Qu’est-ce qui distingue l’IFFO par rapport à d’autres festivals de films en Ontario?
Un festival, c’est un festival. On présente des films canadiens et internationaux, comme les autres. Mais à mon avis, Ottawa est une ville très spéciale. Nous avons le français et l’anglais, mais aussi le gouvernement du Canada et les ambassades. C’est donc très cosmopolite et nous présentons des films de partout dans le monde. Cette année, nous avons des films de l’Ukraine, de l’Iran, du Liban, de l’Espagne, de l’Allemagne et de la France aussi, évidemment.
Aussi, c’est un petit festival de 25 films. Ce n’est pas comme Toronto ou Montréal. À cause de ça, on veut présenter des films très particuliers, pas des grands films commerciaux. Pour moi, c’est un peu comme une boutique du cinéma. Ce n’est pas trop gros, mais c’est important et je suis très fier des choix que nous avons faits.
Quels sont les grands moments prévus cette année?
Le film d’ouverture est un film canadien d’Ann Marie Fleming, qui s’intitule Can I Get a Witness?, avec la grande vedette Sandra Oh. Ce film est spécial pour moi, car il parle des thèmes de l’environnement, de la mort et de l’état de notre planète. C’est aussi très touchant, car c’est l’histoire d’une mère et de sa fille.

Nous avons aussi deux films de la France. L’histoire de Souleymane décrit 48 h dans la vie d’un jeune Guinéen qui travaille comme livreur à vélo à Paris et qui se prépare à faire sa demande d’asile. Il a gagné quatre prix César le 28 février dernier. C’est très réaliste. Le rôle principal est tenu par un acteur non professionnel, Abou Sangare, qui a justement gagné le César de la Meilleure révélation masculine. C’est un film très important, parce que c’est un thème qui est d’actualité et que la performance de cet acteur est extraordinaire.
Nous avons aussi le film français Diamant brut, dans notre programme The Gaze. La première mondiale a eu lieu à Cannes. C’est l’histoire d’une jeune femme de 19 ans qui veut devenir une star d’Internet. Elle est obsédée par son image. Elle rêve de participer à une émission de téléréalité. C’est un film intelligent, fort, dur et courageux sur l’enjeu d’identité chez les jeunes femmes.

Les deux films français de cette année sont très engagés. C’est important pour l’IFFO de présenter des films qui parlent des enjeux qui se passent dans le monde en ce moment.
Il y a aussi un film franco-ontarien, Rêver en néon de Marie-Claire Marcotte. Qu’est-ce qui vous a charmé dans ce film?
C’est un film issu d’une pièce de théâtre que Marie-Claire Marcotte a écrite. C’est l’histoire d’une petite fille de huit ans qui est à la recherche de sa mère absente. C’est très touchant. Elle vit dans une famille dysfonctionnelle. Elle imagine que sa mère est Karen Kain, la danseuse de ballet renommée. C’est tragicomique. La jeune actrice (Maélya Boyd) est extraordinaire. C’est un de mes films préférés du festival cette année.
De quelle façon le bilinguisme fait-il partie de vos préoccupations lorsque vous organisez l’IFFO?
C’est important. Chaque année est différente. L’an dernier, nous avions plus de films en français. Cette année, c’est onze films en comptant les courts et longs métrages. C’est important pour nous d’avoir des films en français, évidemment, car nous sommes à Ottawa devant un public bilingue.

Cette année, le festival est plus petit à cause des budgets et des limitations de notre organisme. Mais c’est vraiment important d’avoir une présence, pas seulement des films de la France et du Québec, mais aussi des films en français qui sont faits dans la francophonie canadienne.
Nous avons aussi des séances de discussions avec des réalisateurs en français. Nos présentations sont aussi faites dans les deux langues, et c’est la même chose pour nos autres événements, comme le Festival du film d’animation et le Festival du film de l’Union européenne.
C’est la cinquième année de l’IFFO. Comment ce jeune événement évolue-t-il?
Ce n’est plus un bébé, c’est un bambin qui marche et parle. Mais comme je dis, chaque année, le festival est le même, mais différent. Ce sont les films, ce qui se passe sur l’écran et avec le public, qui font le festival.
Ottawa est une ville extraordinaire pour les cinéphiles. Chaque année, je suis impressionné de voir autant de gens qui viennent voir un film du Liban, par exemple. Nous continuons de développer le festival et nous voulons le faire grandir dans les années à venir. »