Les vieux m'ont conté est un festival de contes organisé par le Centre franco-ontarien de folklore. Image de l'édition 2023. Photo: Léo Duquette

SUDBURY – C’est une huitième édition qui débute sous le signe de la croissance pour Les vieux m’ont conté, le festival du Centre franco-ontarien de folklore (CFOF). Cette année, ce festival de contes sortira de la ville du nickel pour se déployer dans différentes villes du Nord, avec une petite incursion dans l’Est ontarien. Du 17 au 27 octobre, place aux arts de la parole, aux traditions… et à quelques nouveautés.

Chaque année, un bout de phrase vient se coller au titre du festival afin d’en donner le thème.  Cette fois-ci, le mantra Les vieux m’ont conté… leurs défis guidera les 16 conteurs de la programmation.

« Il y a des défis simples, d’autres très complexes, d’autres très personnels (…) Ça va toujours toucher les gens », croit Patrick Breton, le directeur général du CFOF, qui s’est entretenu avec ONFR. Il rappelle que la majorité des contes traditionnels, de Ti-Jean à la Chasse-galerie, exploitent déjà les thèmes des défis et des épreuves.

Des partenariats pour un festival plus accessible

Mais nul besoin de faire un pacte avec le diable pour savoir raconter une histoire. Le festival compte plusieurs occasions de s’initier, entre autres avec la série Relevez le défi : racontez votre histoire. Ces ateliers animés par Sylvi Belleau et Marguerite Mbonimpa permettront aux gens de Sudbury, Sturgeon Falls et North Bay d’apprendre gratuitement les bases du récit de vie, grâce à un partenariat avec le Réseau du Nord.

Le maître-conteur belge Pascal Guéran donnera également un atelier pour les conteurs amateurs, à la Place des arts du Grand Sudbury (PDA), le 26 octobre, au coût de 20 dollars.

Le directeur général du CFOF, Patrick Breton, veut rendre le patrimoine oral accessible à tous les Franco-Ontariens. Photo : Rachel Crustin

Le CFOF appuie également le Cercle des conteurs de l’Est ontarien (CCEO), qui fête son 20e anniversaire le 20 octobre. Un spectacle aura lieu à Casselman à 14 h et sera retransmis en direct sur Youtube par l’organisme de télévision et production vidéo communautaire TVC22.

Pour le CFOF, soutenir ce regroupement de conteurs est en phase avec sa mission d’organisme provincial.

Un autre partenariat notable est celui avec l’Association franco-ontarienne des parents et amis d’enfants ayant une cécité (AFOPEC). L’an dernier, les deux organismes s’étaient mutuellement donné des ateliers, l’AFOPEC sensibilisant les conteurs à sa cause et le CFOF initiant les membres de l’AFOPEC à l’art du conte.

Il y a eu un concours du meilleur conteur et le gagnant, Alexandre Gaida, se retrouve dans la programmation du Festival Les vieux m’ont conté. « C’est un jeune qui a un défi de vision. On parle justement de raconter nos défis, rappelle Patrick Breton. Il participe au marathon de contes et se fait traiter comme tous les autres conteurs. »

Chaque année, la randonnée contée permet de découvrir différents univers de conteurs tout en explorant des coins de la ville de Sudbury. Photo : Léo Duquette

Pas d’excuses

Patrick Breton se donne aussi la mission de rendre les événements du CFOF accessibles aux personnes aînées, qui hésitent à se rendre à des spectacles en soirée, soit par considération financière ou parce qu’elles sont inconfortables à conduire à la noirceur.

Un projet pilote a donc été mis sur pied pour des événements ciblés pendant le festival, mais également pendant la programmation régulière du CFOF, jusqu’en mars 2025. Grâce à une subvention du ministère des Services aux personnes âgées, l’organisme fournira le transport, un léger repas et le billet de spectacle aux aînés qui en feront la demande, jusqu’à concurrence de 12 par soir.

« Je le surnomme mon projet Pas d’excuses, exprime Patrick Breton. On veut réellement que les personnes âgées viennent participer. »

Par où commencer?

Un autre élément majeur de la programmation est la mini-tournée de Stéphane Guertin, organisée en partenariat avec les Compagnons des Francs-Loisirs. L’improvisateur et conteur s’arrêtera de vendredi à dimanche, à Sudbury, Sturgeon Falls et Mattawa.

« C’est un gars qui est habitué de faire de la scène. Il y a aussi une partie théâtre, mais c’est vraiment une histoire contée », explique Patrick Breton, qui encourage les spectateurs qui n’ont jamais vu de soirée de conte à commencer avec Sortir la tempête du verre.

Le spectacle avait été présenté lors de la bulle d’art de la parole de Contact ontarois, en janvier 2024, ce qui avait valu à Stéphane Guertin le prix Distinction Réseau Ontario. Selon Patrick Breton, le fait d’avoir mis le conte à l’honneur de cette façon a été bénéfique pour toute la discipline.

En janvier 2024, Stéphane Guertin avait remporté le prix Distinction Réseau Ontario, qui récompense un artiste franco-ontarien pour « l’excellence et la qualité artistique de sa proposition lors de Contact ontarois. » Photo : Stéphane Bédard

D’autres activités originales permettent de se tremper un premier orteil dans cet univers. La randonnée contée, le marathon de contes, le concours de la plus grande menterie et les capsules web l’Ontario raconté sont autant de classiques de retour dans la programmation. L’activité Crêpes et contes étant ses horizons, ayant lieu à Sudbury le 20 octobre, mais aussi à North Bay, le 27 octobre.

En nouveauté, le festival offre aussi le Conte chez l’habitant, un spectacle intime dans une résidence privée, dont l’adresse ne sera dévoilée qu’à ceux qui achèteront leur billet.

Les Franco-Ontariens à l’honneur

Patrick Breton espère voir de plus en plus de conteurs franco-ontariens développer un répertoire. Cette année, le pari est plus que réussi.

« Une de mes fiertés, c’est que sur 16 conteurs, il y a 14 Franco-Ontariens. Alors, quand on dit qu’il n’y a pas de conteurs en Ontario, ce n’est pas vrai. »

Et ces conteurs proviennent de différents horizons. Entre autres, Marguertie Mbonimpa peut témoigner de l’élargissement de la diversité culturelle de Sudbury, elle qui raconte qu’elles n’étaient qu’une demi-douzaine de femmes noires francophones dans la communauté à son arrivée.

Félix Dubytz peut prouver le dynamisme de la relève, lui qui, à 15 ans, en est déjà à sa troisième participation au festival.

La petite-fille Mila Bercier et son grand-père Claude Garneau (le pére Garneau) peuvent témoigner de l’aspect intergénérationnel du conte.

« Ce que j’espère toujours, c’est que les salles se remplissent de plus en plus. (…) Il y a encore des gens qui ont une petite réticence, mais les gens qui viennent sont toujours enchantés », encourage le directeur général du CFOF.