Le Parti conservateur ignore les francophones hors Québec
OTTAWA – La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada a présenté, mercredi 14 octobre, ses conclusions de la campagne électorale. Les partis politiques se sont, en général, peu prononcés en matière de langues officielles, notamment le Parti conservateur dont les intentions restent encore plus discrètes, selon l’organisme.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
Le succès du mot clic #nouscomptons et le relais de leurs positions dans les médias ont permis, selon la FCFA, de faire connaître les enjeux des communautés francophones en situation minoritaire.
Pour cette campagne, la FCFA s’était donné trois grandes priorités : que le gouvernement reconnaisse que la situation particulière des communautés francophones hors Québec nécessite des mesures spécifiques et adaptées, qu’il encourage le « par » et « pour » les communautés dans sa façon de faire en investissant dans les organismes, et enfin, que le gouvernement s’engage à faire respecter la Loi sur les langues officielles.
Malgré la longueur de la campagne, les partis politiques sont souvent restés assez avares de commentaires publics sur ces questions. La FCFA assure toutefois avoir bien fait son travail.
« Nous avons rencontré tous les partis politiques six mois avant les élections. Ils connaissaient nos enjeux et certains en ont inclus dans leur plateforme. Nous avons fait notre travail et avons été plus visibles qu’en 2011 », assure la présidente de la FCFA, Sylviane Lanthier.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) s’est fendu d’une lettre à la FCFA pour préciser ses intentions en matière de langues officielles. Pour le Parti libéral et le Parti vert, la FCFA a dû puiser dans leurs plateformes. Quant au Parti conservateur, la FCFA déplore un manque d’information.
« Ce travail d’analyse n’a pas été simple. Les plateformes sont sorties assez tardivement, et dans le cas du Parti conservateur, nous avons reçu peu d’information quant à leurs intentions en ce qui a trait aux enjeux de la francophonie et des langues officielles », précise Mme Lanthier.
Pas de consigne de vote
La compilation proposée par la FCFA et mise à la disposition des électeurs reflète cette absence. En matière de langues officielles, le parti de Stephen Harper se contente de deux engagements : poursuivre la mise en œuvre de la Feuille de route pour les langues officielles et soutenir les communautés de langues officielles en situation minoritaire.
Du côté des autres partis, certaines demandes de la FCFA ont été entendues. Le Parti libéral promet notamment des investissements stables pour Radio-Canada, d’assurer le respect des langues officielles et des minorités, de développer avec les communautés un plan pour les langues officielles amélioré ou encore de nommer des juges bilingues à la Cour suprême du Canada.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) s’engage, de son côté, à doter les programmes de Citoyenneté et Immigration Canada d’une lentille francophone, d’indexer les fonds de la Feuille de route pour les langues officielles, de diriger des sommes additionnelles vers les organismes communautaires, de travailler sur un projet de définition plus inclusive des francophones ou encore, de s’assurer que les juges soient bilingues quand ils sont nommés à la Cour suprême.
Enfin, le Parti vert promet d’appuyer la désignation bilingue d’Ottawa, de revoir le rôle du commissaire aux langues officielles et de mettre sur pied un Conseil des gouvernements canadiens chargé de protéger les communautés de langue minoritaire, y compris les langues autochtones et le français.
« Il y a beaucoup de belles paroles, mais beaucoup restent assez vagues, analyse la présidente de la FCFA. Certains partis promettent plus que d’autres, mais nous ne voulons pas dire aux gens pour qui ils doivent voter. Nous les invitons simplement à s’informer, à faire leur propre analyse et à voter selon leurs propres enjeux. »
L’avantage d’un gouvernement minoritaire
Si la FCFA ne donnera donc aucune consigne de vote, l’organisme reconnaît toutefois que la perspective, avancée dans les sondages, d’un gouvernement minoritaire ne serait pas pour lui déplaire.
« C’est vrai que nous avons plus d’écoute de tous les partis quand le gouvernement est minoritaire, ce qui a ses avantages. Toutefois, ça dépend aussi beaucoup du parti qui gouverne », souligne la directrice générale de la FCFA, Suzanne Bossé.
Consciente qu’il faudra quoi qu’il arrive s’adapter, Mme Lanthier assure être prête à travailler avec tous les partis.
« Les enjeux francophones et le travail de la FCFA dépassent le cadre de la campagne électorale. Nous sommes prêts à travailler avec tous les partis et savons que nous avons des alliés dans chacun d’entre eux. Notre travail, après le 19 octobre, sera de nous faire connaître des nouveaux députés ».