Les bibliothèques : une réouverture compliquée
SUDBURY – Depuis vendredi, les bibliothèques publiques peuvent rouvrir leurs portes. Toutefois, peu de succursales ont, depuis, accueilli de nouveau leurs clients. Perspectives avec des bibliothécaires ontariens.
La consigne provinciale est brève : « Toutes les bibliothèques peuvent rouvrir et offrir des services limités sur place, notamment l’accès aux ordinateurs ainsi que la cueillette et le dépôt de livres sans contact ».
Toutefois, pour bien des bibliothécaires, il n’est pas facile de comprendre comment leurs institutions peuvent y répondre.
Dans le Grand Sudbury, les bibliothèques ne procèdent pas avec la deuxième étape du déconfinement.
« La consigne ne signifie pas que les bibliothèques peuvent ouvrir normalement », précise Jessica Watt, superviseuse de succursales dans le Grand Sudbury. « Les clients ne sont toujours pas autorisés à toucher les livres. Pour nous, c’est difficile de savoir comment procéder. »
Elle note cependant qu’elle travaille avec les autorités sanitaires de la région pour trouver une manière de procéder. La plus grande priorité pour l’instant est d’élaborer un plan pour offrir l’accès aux ordinateurs, dit-elle.
« Il y a beaucoup de gens qui n’ont pas accès à Internet ou même à des appareils comme les téléphones intelligents ou les ordinateurs », note-t-elle. « Beaucoup de gens dépendent de l’ordinateur de la bibliothèque. »
En ce qui concerne le prêt de livres, les bibliothèques sudburoises misent plutôt sur leurs services de collecte en bordure de trottoir, un service qui est permis par le gouvernement depuis plusieurs semaines déjà. Cependant, les succursales sudburoises ne l’ont pas offert au public, avant cette semaine.
« Lorsque la province a annoncé que les bibliothèques pouvaient offrir ce service de collecte, nous avons dû réfléchir à ce que cela impliquait pour nous », explique Mme Watt.
« Ensuite, il fallait traiter les réservations qui avaient été placées avant notre fermeture en mars », ajoute-t-elle. « Cette semaine, nous pouvons finalement prendre de nouvelles réservations. »
Des 13 succursales dans le Grand Sudbury, seulement six offrent le service. Il s’agit des bibliothèques de Chelmsford, de Lively, de Valley East, du Nouveau Sudbury, du Sud et du centre-ville.
Un modèle « impossible »
À Hearst, la bibliothèque municipale demeure fermée jusqu’à nouvel ordre, à l’exception du service de collecte en bordure de trottoir.
« Techniquement, on a le droit de rouvrir pour que les clients aient accès au comptoir de circulation et à un ordinateur », explique la bibliothécaire Francine Daigle. « Mais ça n’a aucun sens. »
Pendant les mois de confinement, la bibliothèque municipale de Hearst a mis à pied la majorité de ses employés. Mme Daigle est la seule à avoir gardé son poste. Elle ne voit pas comment elle pourrait, à elle seule, répondre aux consignes de réouverture.
« C’est mon avis que c’est simplement impossible de suivre les consignes », affirme-t-elle. « On ne peut pas suivre les enfants et désinfecter tout ce qu’ils touchent. Ensuite, il y a la question de l’accès aux salles de toilette. Qui va les nettoyer après chaque utilisation? »
Tout au long de la pandémie, il n’y a eu aucun cas confirmé de COVID-19 à Hearst.
« On doit quand même suivre les mêmes consignes que tout le monde », souligne toutefois Mme Daigle.