Les médias francophones veulent parler d’une seule voix
OTTAWA – Après deux années difficiles, l’Association de la presse francophone (APF) espère que désormais, les problèmes sont chose du passé. Avec de nouveaux membres et une restructuration interne, l’organisme veut parler d’une seule voix, au nom des médias francophones en situation minoritaire, pour surmonter les difficultés de l’industrie.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
« La bonne nouvelle, c’est que nous avons effacé notre déficit! Nous avions également des préoccupations par rapport au fonctionnement interne de l’organisme et avons repris le contrôle. On peut maintenant mettre en place notre stratégie, décidée en 2014, mais qu’il était difficile d’appliquer avec les nombreux changements à la direction générale », explique Francis Sonier, éditeur du journal L’Acadie Nouvelle.
M. Sonier a été réélu au conseil d’administration lors de l’assemblée générale annuelle du samedi 17 juin, puis renommé à la présidence de l’APF.
« Cette dernière année, nous avons été très actifs dans notre rôle de démarchage. Nous voulons continuer. On souhaite aussi jouer notre rôle de catalyseur en générant des projets spéciaux, par exemple, qui vont profiter à tous nos membres et qui assurent notre légitimité. »
L’APF entend également continuer à défendre les intérêts de ses membres, comme il a dû le faire à Terre-Neuve-et-Labrador, pour le journal, Le Gaboteur.
« Certains de nos journaux se sont fait brasser par des organismes. C’est notre rôle de faire respecter leur indépendance et reconnaître leur statut dans la francophonie canadienne! »
Pour ce faire, le regroupement médiatique a pris la décision, en mars, de quitter la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada afin d’assurer son indépendance. D’ici peu, il publiera une Charte de la presse communautaire afin de guider et d’encadrer le travail de ses membres et de clarifier les relations avec les communautés.
Des arrivées et un départ à l’APF
L’APF a enregistré, en avril, l’arrivée de quatre nouveaux membres, dont L’Orléanais et Le Nunavoix. Dans le cas de L’Express Toronto, il s’agit d’un retour aux sources.
« La réalité des médias, qui traversent une crise, nous fait penser que c’est une bonne idée de tous se rassembler pour voir ce qu’on peut faire. Nous avons le même désir d’informer nos communautés du mieux que nous le pouvons et l’APF nous permet d’échanger de bonnes pratiques, mais aussi démarcher les gros annonceurs gouvernementaux », explique l’éditeur de l’hebdomadaire de Toronto, François Bergeron.
Présent pour sa première assemblée générale annuelle, Pierre-Paul Noreau, l’éditeur du journal franco-ontarien, Le Droit, qui fait lui aussi partie des journaux ayant rejoint l’APF au printemps, explique ses motivations.
« On sent qu’il y a un dynamisme renouvelé à l’APF! Quand on évolue en milieu minoritaire, c’est important de se serrer les coudes et de parler d’une seule voix pour être entendu par le gouvernement et les gros annonceurs. Avec l’APF, nous avons une portée plus grande de parler à tous les francophones de Terre-Neuve à Vancouver. »
L’ajout de ces quatre nouveaux membres est venu compenser le départ des journaux du groupe ontarien Alto Media, qui a décidé de ne pas renouveler son adhésion, selon l’APF. L’organisme compte désormais 21 journaux, contre 22 lors de l’exercice précédent.
« L’APF est là pour représenter toute la presse francophone et travailler en partenariat pour faire avancer la chose. La porte est toujours ouverte à ceux qui veulent se joindre à nous et qui partagent cette philosophie », glisse M. Sonier.
Afin d’attirer de nouveaux membres, l’APF a revu certains de ses critères, ces dernières années, s’ouvrant aux quotidiens, mais aussi aux journaux bilingues, tant que plus de la moitié de leur contenu est offert dans la langue de Molière. Les journaux électroniques sont également éligibles et les journaux étudiants pourraient l’être, eux aussi, bientôt.
Favoriser le virage numérique des médias
Dans les cinq prochaines années, l’APF se fixe pour projet principal d’aider ses membres à faire le virage numérique, tant plébiscité par le gouvernement fédéral.
« On veut s’assurer qu’ils aient les outils et la formation nécessaire pour faire le virage numérique. On se donne cinq ans, car tous nos membres n’en sont pas au même point. »
Par ailleurs, l’APF a profité de son assemblée générale annuelle pour renouveler une partie de son conseil d’administration qui comprend, outre M. Sonier, Janine Saulnier, Hélène Lequitte, Thibault Rondel et Julien Cayouette.