L’itinérance sera-t-elle l’enjeu décisif à Moncton-Riverview-Dieppe?
MONCTON – À quelques jours du scrutin fédéral, les candidats de Moncton-Riverview-Dieppe intensifient le porte-à-porte en vue de convaincre les derniers électeurs. Dans cette circonscription située dans le Sud-Est du Nouveau-Brunswick, l’itinérance, la santé mentale ou encore l’éducation postsecondaire en français sont des enjeux majeurs durant la campagne électorale. À coup de promesses d’investissement et de partage de vécus, chacun des candidats essaye de tirer son épingle du jeu.
Dans un article paru dans la Presse canadienne en 2019, les intervenants du programme Rebrancher du YMCA avaient estimé que 127 personnes étaient itinérantes dans la ville de Moncton. Ces dernières constituaient plus de la moitié des sans-abri du Nouveau-Brunswick.
Pour répondre à la situation et apaiser la population, le gouvernement avait mis en place des patrouilles de polices et avait produit un code de vie pour encadrer l’itinérance dans la ville.
En 2020, le conseil municipal avait financé le projet de l’organisme Marée montante (Rising Tide), visant à construire 125 unités de logements abordables d’ici trois ans dans la ville.
Dans son plan de rétablissement du Canada, le parti entend « rétablir l’approche Priorité au logement , revoir le cadre politique fédéral sur l’abus de substances pour que la guérison en soit l’objectif principal, investir 325 millions de dollars au cours des trois prochaines années pour créer 1 000 places de traitement résidentielles et 50 centres communautaires et soutenir des approches innovatrices pour répondre aux crises de santé mentale et de toxicomanie ».
« Nous [le Parti conservateur] allons nous attaquer au problème de l’itinérance de façon concrète. C’est un problème qui a été omniprésent dans la circonscription depuis longtemps. Il est temps d’arrêter de parler et d’enfin agir », déclare Darlène Smith, candidate conservatrice.
Pour le candidat néo-démocrate Serge Landry, la lutte contre l’itinérance passe aussi par la construction de logements abordables pour tous.
« Beaucoup de gens appellent pour se plaindre de leur loyer qui sont à la hausse de 200 % voir 300 %. Il faut construire des logements abordables », plaide-t-il.
Des investissements en santé mentale sont à espérer
Selon le rapport du projet chez soi de Moncton, publié par la Commission de la santé mentale du Canada, Moncton « souffre d’un manque de services en santé mentale ainsi que de longues listes d’attente pour les personnes cherchant de l’aide. Puisqu’il est difficile pour les professionnels des soins de santé de communiquer avec les personnes itinérantes, celles-ci sont retirées des listes d’attente. Elles passent à travers les mailles du système de santé mentale ».
Pour la candidate conservatrice, la santé mentale est un secteur qui nécessite un plus grand investissement de la part du gouvernement.
« La santé mentale est un enjeu qui me tient à cœur. Après avoir géré trois foyers de soins spécialisés en santé mentale, je me suis rendu compte que c’est un domaine dans lequel les Canadiens ont besoin d’avoir plus d’accès […] Nous sortons d’une pandémie et la santé mentale est encore plus importante qu’auparavant pour tous les Canadiens », ajoute Darlène Smith.
Selon le candidat néo-démocrate, même si la santé mentale est un enjeu d’envergure, il faudrait donner plus de financement au système de santé.
Au cours de la rédaction de cet article, ONFR+ a tenté à maintes reprises de joindre la candidate libérale et députée sortante Ginette Petitpas Taylor, mais sans succès. Les dernières projections de la plateforme Qc125 la placent en tête des intentions de vote.
Sur la plateforme de la troupe libérale, on s’engage tout de même en santé mentale à travers « l’élargissement de la disponibilité du soutien et la mise en place des services de santé mentale culturellement appropriés ».
La plateforme spécifie que le parti a décidé de « consacrer un montant supplémentaire de 1,4 milliard de dollars à une stratégie de santé mentale et de bien-être fondée sur les distinctions avec les Premières Nations, les Inuits et la Nation métisse, s’ajoutant à leur récent engagement de 597,6 millions de dollars. Ce qui représente un investissement total de 2 milliards de dollars, réparti sur cinq ans. »
Beaucoup de promesses pour les francophones
La circonscription de Moncton-Riverview-Dieppe jouit d’une forte communauté francophone. Selon le rapport sur la série de profils économique : le Grand Moncton, on dénombre « 48 500 habitants ayant le français comme langue maternelle et 67 000 personnes pouvant parler cette langue dans le Grand Moncton ».
Pour Stéphanie Chouinard, les Acadiens, comme la plupart des communautés minoritaires hors Québec, font face à des barrières linguistiques.
Selon elle, les enjeux comme la modernisation de la Loi sur les services en français ou encore plus d’investissement en éducation seront suivis de très près par la communauté acadienne. Ces derniers seront très impatients de connaître les mesures concrètes que les candidats souhaitent prendre pour améliorer la situation.
« Par ailleurs, aux vues de la proportion élevée de fonctionnaires fédéraux dans ces régions, on peut s’attendre à ce que ces derniers aient eux aussi des attentes spécifiques vis-à-vis des représentants », ajoute-t-elle
Pour répondre aux besoins des Acadiens, les différents partis politiques proposent de soutenir la communauté grâce à différentes mesures.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a promis d’assurer la modernisation de la Loi sur les services en français et un plus grand investissement dans l’éducation postsecondaire.
Du côté de Darlène Smith, en plus de la réalisation de ces promesses électorales, elle propose aussi un programme d’assistance à l’immigration.
Principaux candidats en lice : ● Ginette Petitpas Taylor (Parti libéral du Canada) ● Darlène Smith (Parti conservateur du Canada) ● Serge Landry (Nouveau Parti démocratique) ● Richard Dunn (Parti vert du Canada) ● Lorilee Carrier (Parti populaire du Canada)