L’Ontario donne son feu vert à l’Université de l’Ontario français

Depuis sa création en 2008, le RÉFO lutte pour l’accès à l’éducation universitaire unilingue francophone partout en Ontario. Archives #ONfr

OTTAWA – Après plus d’une semaine de tergiversations, le gouvernement provincial et son homologue fédéral semblent ne jamais avoir été aussi proches d’une entente de financement dans le dossier de l’Université de l’Ontario français (UOF). Mais des détails doivent encore être validés par Ottawa.

Mardi, le gouvernement fédéral avait transmis un protocole d’entente signé par la ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly, dans lequel le gouvernement fédéral s’engageait à financer à la moitié de la somme nécessaire au démarrage de l’UOF.

Deux jours plus tard, le ministre de la Formation, des Collèges et Universités, Ross Romano, y a donné son feu vert.

« Nous avons accueilli favorablement un protocole d’entente du gouvernement fédéral cette semaine et nous sommes impatients de conclure une entente de financement conjointe pour la mise en œuvre de l’Université de l’Ontario français », ont fait part, dans une déclaration commune le ministre Romano et la ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney.

Ottawa devrait payer les quatre premières années de démarrage du projet, avant que la province ne prenne le relais, pour la même somme, les quatre années suivantes, . Le coût total serait de 126 millions dollars. Le versement fédéral sera toutefois amputé de la somme de 1,9 million de dollars versée en janvier dernier pour maintenir en place l’équipe de l’UOF.

Les conditions d’Ottawa

Dans le document fédéral, Ottawa fixait toutefois plusieurs conditions, dont celle de recevoir une proposition et un engagement financier officiels de l’Ontario, comprenant des informations détaillées sur les besoins en infrastructure, les échéanciers et les projections de programmation et mise en œuvre clairs, ainsi que les coûts liés aux activités.

Le gouvernement fédéral avait également inclus une clause stipulant que si l’Ontario ne verse pas sa part de financement comme prévu, la province devrait lui rembourser son investissement. Une façon de sécuriser le projet tout en s’assurant de « dépenser l’argent des contribuables de façon réfléchie et responsable », comme l’avait répété la ministre Joly.

La ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly. Archives #ONfr

Ottawa tenait aussi à ce que soit précisé que l’UOF reste un projet provincial et qu’à ce titre, l’Ontario sera chargé d’en assurer l’avenir.

Encore des détails à régler

Si l’Ontario se dit d’accord avec cette entente de principe, elle a toutefois proposé plusieurs changements, dont beaucoup demeurent inconnus. La province demande notamment que soit précisé le montant exact versé par le fédéral, soit 63 millions de dollars. Et selon une information de Radio-Canada, confirmée à ONFR+, le gouvernement de Doug Ford a également supprimé la mention l’obligeant à rembourser le fédéral s’il ne paie sa part, la jugeant inutile compte tenu de son engagement à payer. 

Le ministre Romano espère une réponse rapide du fédéral pour accélérer davantage la procédure.

« L’Ontario a obtenu les approbations requises pour sa part du projet, est prêt à s’engager financièrement et signer ce protocole d’entente révisé. Toutefois, afin de faire avancer ce dossier dans les plus brefs délais, je suggère de conclure directement une entente de financement qui énonce clairement notre engagement conjoint envers l’Université de l’Ontario français », écrit-il, demandant une réponse rapide de la part du gouvernement fédéral.

La ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, ce jeudi, à la conférence sur la francophonie économique. Crédit image : Rudy Chabannes

Ce matin, à la sortie de la conférence sur la francophonie économique, en marge du Toronto Global Forum, la ministre Mulroney a commenté le dossier au micro d’ONFR+

« Nous avons fait des commentaires sur l’entente que Mme Joly nous a envoyée et on a toutes les approbations nécessaires au niveau financier du côté de l’Ontario. Donc, on a encore une entente à conclure avec le fédéral, mais on a proposé des modifications. (…) Je ne sais pas quand ils vont déclencher les élections. Nous espérons qu’il y aura une entente conclue. Le gouvernement s’engage à financer la moitié et veut conclure une entente avec le fédéral sur ce dossier. Je pense que c’est pour le bien de tout le monde de conclure le plus tôt possible, mais en même temps l’engagement du gouvernement provincial ne va pas changer. »

Si une entente semble ne jamais avoir été aussi proche, il reste encore à attendre la validation finale du fédéral. Joint par ONFR+, le bureau de la ministre Joly indique qu’il étudie les documents envoyés par la province avec ses modifications. Signe de la fébrilité ambiante après bien des rebondissements, les organismes de la francophonie ontarienne ont été très discrets sur l’annonce de la province, même si le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) s’est dit « heureux que les discussions entre Mélanie Joly et Caroline Mulroney puissent déboucher vers une entente qui permettra à l’institution d’ouvrir ses portes le plus rapidement possible », tout en précisant une annonce officielle commune des deux paliers de gouvernement. 

Dans une déclaration publique, le porte-parole aux Affaires francophones du Nouveau Parti démocratique ontarien, Guy Bourgouin, estime que le financement de l’université n’est toujours pas garanti.

Longue attente

Le dossier de l’UOF fait les manchettes depuis des mois et la décision, en novembre dernier, par le gouvernement progressiste-conservateur, d’abandonner le projet. Une décision qui a entraîné une crise majeure en Ontario français, ayant eu des répercussions à travers le pays et sur la scène fédérale.

Malgré les appels du pied répétés du gouvernement fédéral, ces derniers mois, il a fallu attendre le 1er août dernier pour que la province ouvre la porte à des négociations.

La signature d’une entente de financement, si elle se confirme, devrait permettre à l’UOF d’aller de l’avant avec le choix d’un emplacement temporaire à Toronto et le lancement une campagne de financement dans les prochaines semaines.

Article écrit en collaboration avec Rudy Chabannes