L’opposition implore le gouvernement d’élargir le 911 à tout le Nord
SUDBURY – Des députés néo-démocrates ont tenu une conférence de presse mercredi à Queen’s Park dans le but de réintroduire le projet de loi sur le service 911 partout en Ontario, qui vise à rendre disponible le fameux numéro d’urgence à toutes les communautés de la province, notamment celles du Nord.
Les députés France Gélinas (Nickel Belt), Guy Bourgouin (Mushkegowuk-Baie James), John Vanthof (Timiskaming-Cochrane), Lise Vaugeois (Thunder Bay-Supérieur-Nord) et Sol Mamakwa (Kiiwetinoong) ont fait front commun pour mettre de l’avant l’importance de ce projet de loi, aussi appelé Loi 107.
« C’est très décevant », juge France Gélinas qui tente depuis 2018 de faire passer ce projet de loi en Ontario, seule province où le 911 n’est pas accessible à toutes les communautés.
Pire encore, dans des contés du Grand Nord, indique de son côté Guy Bourgouin, un message automatisé indiquant que le numéro est hors service et les invitant à rappeler plus tard quand les citoyens appellent le 911.
Il rappelle qu’un autre problème dans le Grand Nord concerne le réseau cellulaire qui n’est pas non plus disponible dans certaines régions.
Composé de trois parties, ce projet de loi veut installer le 911 dans les communautés isolées du Nord, implémenter les recommandations du coroner en chef de l’Ontario pour améliorer le système d’urgence du 911 et, enfin, donner à l’Ombudsman la responsabilité d’examiner les plaintes en lien avec ce système.
Prévenir les accidents
Mme Gélinas a tenu à réintroduire le projet de loi, pour la quatrième fois, juste avant la longue fin de semaine en raison de l’historique malheureux des incidents qui s’y produisent.
Avec le beau temps qui revient et les visiteurs du Sud qui vont louer des logements récréatifs dans le Nord, celle-ci craint notamment des noyades.
« Les gens ne le savent pas qu’il y a un numéro 1 800 que tu dois retenir et qu’il va changer trois fois sur la 144 entre Sudbury et Timmins », explique-t-elle en rappelant qu’entre les deux villes du Nord le 911 ne fonctionne pas.
Les municipalités ont des ententes avec Bell Canada pour le 911 pour que les régions à l’extérieur aient une entente avec la province, chose que l’Ontario n’a pas souhaité faire à ce jour.
En exemple, pour le service de police à Gogama, au nord de Sudbury, il faudra composer le 1-888-310-1122, pour les ambulances le 1-877-351-2345, et le 1888-571-3473 pour les pompiers.
Pire pour les francophones et les autochtones
Un autre obstacle s’ajoute notamment pour les francophones lorsque, dans certains cas, les opérateurs de ces numéros spéciaux ne sont pas capables de communiquer en français, à l’inverse de ceux du 911 qui y sont obligés.
« Il n’y a aucune garantie de service en français avec ces numéros en 800 », affirme celle qui est également la porte-parole de l’opposition en matière de santé.
Guy Bourgouin ajoute que la situation est tout aussi complexe pour six communautés autochtones très isolées de sa circonscription.
Interrogée à savoir si le temps de réponse est plus long dans le cas des numéros 800, France Gélinas répond ne pas recevoir beaucoup de plaintes à ce sujet, mais que le problème se situe plutôt autour du réflexe des citoyens d’avoir connaissance de ces numéros.
Le député Bourgouin dit constater sur le terrain que peu de personnes retiennent ces numéros-là par cœur, surtout qu’« on apprend aux enfants à l’école d’appeler au 911 ».
Dialogue de sourds
Les députés déplorent l’inaction du gouvernement, surtout depuis le rapport du coroner en chef de l’Ontario de 2018 qui avait émis une recommandation au gouvernement pour permettre à toutes les zones d’avoir accès au 911.
La députée néo-démocrate s’est butée à un mur lorsque la majorité lui a répondu qu’un système d’urgence prochaine génération est en route. « C’est génial, mais ce n’est pas ce qu’on demande », répond Mme Gélinas qui demande plutôt au gouvernement de permettre l’accès du 911 à tout l’Ontario.
« La technologie est simple, faites-le, faites-le », finit-elle par implorer.
Le gouvernement ontarien a, en effet, annoncé en 2022 vouloir moderniser son service d’urgence 911 avec un investissement de 208 millions de dollars sur trois années. Ces fonds serviraient à appuyer la transition du système avec une mise à niveau de l’infrastructure et la technologie employée pour le fonctionnement de celui-ci vers des outils de l’ère actuelle.
On parle notamment de la possibilité pour le public de partager des vidéos et des photos d’un accident avec des répartiteurs, ou encore d’identifier la position exacte d’une personne qui appelle le service sans même avoir à parler.