L’option d’une grève générale évoquée par l’AEFO

Rémi Sabourin, président de l'AEFO. Crédit image: Étienne Fortin-Gauthier

[ENTREVUE EXPRESS]

QUI?

Rémi Sabourin est le président de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO).

CONTEXTE?

Le syndicat des enseignants francophones de l’Ontario démarre aujourd’hui la phase 2 de la grève du zèle. La convention collective des conditions de travail est échue depuis le 31 août, et le gouvernement et l’AEFO n’ont pas réussi pour le moment à s’entendre. La Fédération des enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (OSSTF/FEÉSO) et la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario (FEEO) n’ont pas obtenu non plus ce qu’ils souhaitent du gouvernement Ford.

L’ENJEU?

Entre les syndicats d’enseignants et le gouvernement, les négociations achoppent principalement sur l’augmentation des salaires, la mise en place de l’apprentissage électronique, mais surtout l’augmentation des tailles des classes.

« La semaine dernière, on parlait d’une grève du zèle de la part des membres de l’AEFO, et aujourd’hui d’une phase 2 dans cette grève du zèle. Qu’est-ce qui change?

Pour les enseignants, cette phase 2 consiste à ne plus assister aux réunions, par ailleurs d’arriver 20 minutes avant le début des cours, et de quitter 15 minutes après, la seule exception étant pour les activités parascolaires. Cela aide les membres à développer un esprit de solidarité. Enfin, nous encourageons, comme dans la phase 1, les enseignants à remettre les bulletins à la direction, mais ne pas les entrer dans le système informatique.

En d’autres mots, nous demandons aux enseignants de se concentrer exclusivement sur le curriculum d’enseignement, et de laisser de côté les activités spéciales, les rassemblements, et les visites dans les gymnases.

Quel est le but recherché avec cette phase 2?

Essentiellement de créer un chaos administratif. Cela fonctionne à merveille, et de plus en plus de lettres sont envoyées aux parents par les conseils scolaires, dans lesquelles ils parlent de l’impact de nos actions à l’AEFO. La phase 2 est en train de pousser les parties à trouver une entente. Cela envoie un message qu’il y a beaucoup plus que les tâches d’enseignement.

Du côté scolaire, les conseils scolaires cherchent aussi des retranchements, c’est-à-dire à faire des coupures, ce qui n’est pas le cas des conseils scolaires anglophones. Il y a les défis vis-à-vis des coupures imposées par le gouvernement, mais aussi avec celles des conseils scolaires, mais je ne préfère pas les dévoiler publiquement alors que nous sommes en négociation.

Comment explique-t-on que la FEEO en est à l’étape des grèves tournantes, l’OSSTF/FEÉSO par rotation, alors que vous êtes encore à celle de la grève du zèle?

Il fallait évaluer toute la question des coupures des conseils scolaires, avoir un portrait complet, et ça a pris plus de temps que les anglophones. Mais aujourd’hui, on est à « quelques minutes » de déclencher une action de grève générale.

Peut-on parler d’un enlisement dans les négociations avec le gouvernement?

Oui, définitivement! Les choses n’avancent pas, parce que le gouvernement ne veut pas retirer ses annonces faites en mars dernier. C’était une ingérence totale, alors que la négociation, c’est du donnant-donnant. On ne recule pas, les enseignants sont derrière nous, et le mandat de grève voté à 97 % par nos membres le prouve.

Les sondages montrent que les parents comprennent la situation et défendent le système d’éducation. C’est la première fois en 20 ans que l’AEFO se trouve là, car jusqu’à maintenant, nous avions toujours trouvé des solutions!

En terminant M. Sabourin, quelles sont aujourd’hui les prochaines étapes?

Nous avons un round de négociations demain et jeudi. Ce sont les deux dernières dates. Après, on pourra parler éventuellement d’une grève générale. Nous convoquerons le conseil d’administration pour connaître sa position légale. Toutes les options sont en tout cas sur la table. »