Malgré les manifestations, Caroline Mulroney ne bouge pas
TORONTO – La plus importante manifestation de l’histoire de l’Ontario français, ce samedi, n’a pas fait bouger d’un poil le gouvernement de Doug Ford. La ministre des Affaires francophones, Caroline Mulroney, reste sur ses positions, même si elle assure avoir entendu le message.
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg
« J’étais à l’écoute en train de regarder les manifestations à travers la province et ailleurs pour m’assurer qu’en tant que ministre, j’écoutais toutes les revendications et les inquiétudes », a confié Caroline Mulroney, au sujet de son absence lors des manifestations franco-ontariennes de samedi.
Au terme de la période de questions, lundi à Queen’s Park, elle avait un message à l’intention des milliers de manifestants : « Aux milliers de Franco-Ontariens qui ont manifesté, je veux leur dire que je les écoute, notre gouvernement les écoute. Nous avons entendu les inquiétudes. Nous sommes ici pour travailler pour les Franco-Ontariens ».
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Mais est-elle prête à poser des gestes concrets pour calmer la colère suite aux manifestations? « Nous avons annoncé un nombre de modifications pour répondre directement aux inquiétudes des Franco-Ontariens. Je comprends les inquiétudes », a affirmé la ministre, faisant référence au retour d’un ministère des Affaires francophones, aux changements apportés pour conserver un commissaire aux services en français au sein du bureau de l’ombudsman et à la création d’un poste de conseiller au sein du bureau de Doug Ford.
Selon elle, les changements annoncés, il y a une dizaine de jours, sont suffisants. « Nous avons proposé des modifications pour répondre directement aux inquiétudes », tranche-t-elle.
Les changements apportés lors de l’énoncé économique et légèrement modifiés, il y a dix jours, ne vont pas empêcher la francophonie ontarienne d’avancer, selon elle. « Ce que je veux dire aux francophones, c’est que je suis à l’écoute. Ils craignent un recul des acquis pour lesquels ils se sont battus. Notre gouvernement promet de faire progresser les acquis, il n’y aura pas de recul », assure-t-elle.
L’opposition continue d’exiger des comptes
Le critique néo-démocrate en matière de francophonie, Guy Bourgouin, a interpellé la ministre des Affaires francophones en Chambre. « Pourquoi appuyer l’élimination du seul bureau indépendant qui veille aux droits des Franco-Ontariens? », a-t-il lancé celui qui représente la circonscription nordique de Mushkegowuk-Baie James, l’une des deux à majorité francophone dans la province.
Le commissaire aux services en français « conservera son indépendance, ses pouvoirs de faire des rapports, des enquêtes, tout ce qu’il fait se fera dans le bureau de l’Ombudsman. Les droits linguistiques seront protégés de la même manière », a répondu Caroline Mulroney.
« Ça ne se passera pas comme ça », assure la libérale @ndesrosiers, qui croit que la crise se déplacera dorénavant devant les tribunaux. #onfr pic.twitter.com/B1cRRGaRpX
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Les libéraux ont aussi posé une question au gouvernement en Chambre, puis au terme de la séance, la députée libérale Nathalie Des Rosiers a de nouveau exigé la démission de la ministre Mulroney.
« Si elle veut vraiment continuer d’avoir une carrière et d’être une porte-parole de la francophonie au niveau provincial ou national, elle doit se tenir debout », a-t-elle lancé. Mme Des Rosiers avait déjà exigé la démission de Caroline Mulroney lors de la crise entourant la réduction du conseil municipal de Toronto, où la clause nonobstant devait être invoquée, et au début de la crise linguistique. « Toute ministre des Affaires francophones qui se fait museler par son premier ministre devrait faire le même choix qu’Amanda Simard », a-t-elle ajouté.