Nathalie Des Rosiers fait son entrée au conseil des ministres
TORONTO – La députée libérale d’Ottawa-Vanier, Nathalie Des Rosiers, accède au conseil des ministres du gouvernement de Kathleen Wynne. Il ne lui aura fallu que quatorze mois, à la suite de son élection comme députée, pour obtenir un portefeuille : celui des Richesses naturelles et et des Forêts.
ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
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JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
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Nathalie Des Rosiers ne cachait pas son désir de devenir un jour ministre. Si elle monte en grade, ce n’est pas un hasard : elle dit avoir fait ses preuves. « J’ai certainement bien travaillé. Et j’aspirais à pouvoir contribuer à différents niveaux. Je suis très contente d’accéder au cabinet. Ça fait une autre voix francophone au cabinet, c’est toujours une bonne idée! », a-t-elle confié à #ONfr, quelques minutes après son assermentation.
Celle qui a fait carrière dans le milieu juridique et occupé plusieurs fonctions en lien avec les droits de la personne aurait-elle préféré obtenir un ministère plus proche de ces réalités? « Moi, j’ai eu la chance d’avoir une carrière assez diversifiée. Je suis contente, il y a beaucoup d’enjeux autochtones dans les ressources naturelles et la foresterie, je me sens bien à l’aise dans ce contexte-là », a-t-elle indiqué.
Quelques instants plus tôt, en conférence de presse, Mme Des Rosiers affirmait qu’elle savait que son nouveau rôle l’amènerait dans le Nord où bon nombre de francophones vivent. « J’ai fait plusieurs visites à Timmins. Je sais bien que la francophonie ontarienne est à l’Est, dans le sud-ouest, mais aussi dans le Nord. Et ça me fait plaisir de pouvoir bien les entendre et de comprendre leurs enjeux », a-t-elle souligné à ce sujet.
Elle sera amenée à travailler dans plusieurs circonscriptions du Nord détenues par le NPD, mais n’a pas voulu confirmer si sa nomination avait des visées électoralistes. « J’aime parler à tout le monde et les opportunités pour tous les Ontariens, c’est la responsabilité qui nous est conférée. Et ça me fera plaisir de représenter tous les intérêts en jeu, ici », a-t-elle lancé.
L’AFO ravie
Carol Jolin, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), s’est dit ravi de la nomination de Mme Des Rosiers.
« Je suis extrêmement heureux pour Mme Des Rosiers. C’est quelqu’un de la région d’Ottawa. Nous avons travaillé avec elle dans le dossier d’Ottawa ville bilingue qui a finalement été endossé par le gouvernement et est devenu un projet de loi gouvernemental », s’est-t-il exclamé en entrevue avec #ONfr.
« C’est une autre voix francophone au sein du caucus ministériel, une voix forte. Les gens qui connaissent Mme Des Rosiers savent que c’est quelqu’un qui a des opinions fortes, qui s’implique. » – Carol Jolin
M. Jolin a rappelé à cet effet l’implication de Mme Des Rosiers dans le dossier d’Ottawa bilingue l’an dernier.
Un choix politique, selon des politologues
La successeure de Madeleine Meilleur dans la circonscription d’Ottawa-Vanier en novembre 2016 fait partie de la nouvelle garde sensée combler les départs déjà annoncés de la présidente du Conseil du trésor, Liz Sandals, du ministre du Développement économique, Brad Duguid, et de la présidente du Conseil des ministres et ministre de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, Deb Matthews.
À quelques mois des élections, la première ministre espère ainsi donner du sang neuf au Parti libéral de l’Ontario (PLO), en retard dans les sondages derrière le Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario. Selon un sondage de la Firme Forum Poll, le Parti PC de Patrick Brown obtiendrait près de 43 % des intentions de vote.
Geneviève Tellier, politologue à l’Université d’Ottawa, s’étonne de la rapidité à laquelle Mme Des Rosiers a accédé au conseil des ministres.
« C’est la deuxième députée francophone d’Ottawa, ce qui en général est assez rare dans un conseil des ministres. » – Geneviève Tellier
Mme Tellier ajoute que le portefeuille donné à la députée d’Ottawa-Vanier n’est pas un ministère « casse-cou ».
La politologue ne doute pas que le choix de Mme Des Rosiers a été fait pour courtiser l’électorat du Nord de l’Ontario.
Selon Peter Graefe, politologue à l’Université McMaster, le choix de Mme Des Rosiers est aussi politique. Toutefois, il note que la première ministre avait besoin de renforcer sa présence à Ottawa, même si cette région est historiquement un château fort pour le PLO.
Article écrit avec la collaboration de Benjamin Vachet et Sébastien Pierroz