Amikley Fontaine, président fondateur et directeur général de la Fondation Sylvenie-Lindor. Gracieuseté

Amikley Fontaine est le président fondateur et directeur général de la Fondation Sylvenie-Lindor, à l’origine du Forum multiculturel de Toronto.

La cinquième édition de ce forum, qui se tiendra ce samedi à Etobicoke, rassemblera des leaders communautaires et politiques, ainsi que des jeunes, pour débattre d’inclusion.

Ce rassemblement vise à sensibiliser la classe politique à une approche inclusive et à susciter l’appétit des minorités pour se faire entendre et conquérir des positions de leadership.

« Quel est l’objectif d’un tel forum?

Ce forum se veut un espace d’échange où la communauté francophone d’un peu partout à Toronto peut prendre la parole en matière d’inclusion et de diversité. On veut pousser, amplifier l’inclusion et l’engagement des jeunes. C’est un événement qui existe depuis 2015 mais qu’on avait mis sur pause durant la pandémie, en privilégiant plutôt des actions plus urgentes comme l’aide aux sans-abri et aux familles francophones à faible revenu.

Quelle nouveauté est à souligner dans cette cinquième édition?

Cette année, on a ajouté un panel « Voix des femmes » qui sera notamment composé de Rosemary Sadlier, ex-présidente de l’Ontario Black History Society et lauréate de notre Prix d’intégration 2023, ainsi que de Jeanne Fortilus, sociologue et vice-présidente de la Société économique de l’Ontario. Martine Richard, membre du conseil d’administration de la Fondation, en sera la modératrice. Ce sont des femmes issues des communautés minoritaires qui vont parler de leur propre expérience d’inclusion au Canada et de leur position de leadership. On veut comprendre pourquoi aussi peu de femmes accèdent à des postes décisionnels, que se soit en politique ou dans la sphère économique, et comment accélérer leur inclusion et susciter leur intérêt pour la politique fédérale et provinciale.

Cela rejoint un des piliers de la Fondation Sylvenie-Lindor…

Oui car la Fondation a toujours travaillé avec les personnes qui vivent une double minorité : être noir et francophone, particulièrement les jeunes. Le multiculturalisme s’apparente pour eux à un double défi et on les accompagne du mieux qu’on peut dans un contexte de racisme systémique qui s’en mêle. Au final, notre but est de créer une communauté dans laquelle les jeunes peuvent trouver les ressources dont ils ont besoin pour réaliser leur plein potentiel.

Avez-vous constaté des changements depuis 2015 et le lancement du premier forum?

Depuis les premiers forums qui étaient axés sur l’engagement civique et la diversité, on peut dire qu’on a vu des changements notamment dans la représentation de la diversité dans des positions élevées au pays. Prenons par exemple le président de la Chambre des communes d’ascendance africaine, ou encore la création du Secrétariat de lutte contre le racisme anti-noir à la ville de Toronto. Même si on n’a pas de réponse directe à ce que l’on soulève lors des forums, on voit que, collectivement, nos voix comptent.

Qu’est-ce qui vous rend le plus fier dans ce forum?

Sans hésiter, c’est l’engagement des jeunes de diverses origines, que ce soit des Canadiens de la Côte d’Ivoire, du Congo, d’Haïti ou du Cameroun. Ils s’inscrivent à chaque édition, encouragés via notre programme de jeunes ambassadeurs qui les recrute dans leur communauté. On les incite à prendre leurs responsabilités, à s’exprimer au travers de panels, alors que, pour la plupart d’entre eux, ils n’ont jamais été conférenciers. On les prépare en arrière-scène avec des répétitions. Ce sont des jeunes pleins de potentiel qui se retrouvent ensuite mieux armés, plus confortables, dans la société civile.

Êtes-vous suffisamment soutenu dans votre combat pour l’inclusion?

J’aimerais avoir plus de soutien. Depuis la création de la Fondation Sylvenie-Lindor, nous n’avons jamais eu de soutien de la province, ni de la Ville de Toronto. C’est toujours le gouvernement fédéral qui nous aide. Or, la réputation grandissante de la Fondation fait augmenter la demande de services qui provient de l’Ontario et au-delà. On ne peut pas répondre à toute cette demande avec une équipe composée seulement de bénévoles. On a besoin d’une structure administrative plus développée avec des professionnels. Cette précarité est un vrai défi auquel nous faisons face. On a besoin de plus de financements et à plus long terme. »