« On veut redonner ses lettres de noblesse au Bureau de la traduction »
OTTAWA – Le secrétaire parlementaire de la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Steven MacKinnon, assure que le gouvernement libéral veut redonner ses lettres de noblesse au Bureau de la traduction (BDT) en réinvestissant dans l’institution.
BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet
Devant les représentants des associations professionnelles et de l’industrie canadienne de la langue, le jeudi 24 août, M. MacKinnon a assuré que son gouvernement a pris et prendrait encore des mesures concrètes pour permettre au BDT de jouer son rôle de chef de file de la qualité des langues officielles utilisées au sein de l’appareil fédéral.
« Nous avons embauché un directeur principal de la qualité pour envoyer un message clair. De la même manière, nous avons réinvesti dans le bureau en ajoutant des employés à temps plein et des étudiants qui assureront la relève », a-t-il détaillé à #ONfr.
Depuis le début de l’année, 12 nouveaux traducteurs et sept nouveaux interprètes auraient été recrutés, selon les chiffres de M. MacKinnon. Les abolitions de postes par attrition devraient également cesser.
Le secrétaire parlementaire compte sur l’arrivée de Stéphan Déry à la tête du BDT, en mai dernier, pour donner un nouvel élan à l’institution.
Un bon départ
La situation au BDT a fait couler beaucoup d’encre depuis un an et demi. Les abolitions de quelque 400 postes par attrition au cours des quatre dernières années et les 144 autres abolitions prévues d’ici 2017-2018, ainsi que la mise en place d’un outil de traduction défaillant et d’un système de demande d’offre à commandes pour des services d’interprétation de conférences ont fait l’objet de nombreuses critiques.
Pour la présidente de l’Association canadienne des employés professionnels (ACEP), qui représente les 925 traducteurs, interprètes, terminologues de la fonction publique fédérale, Emmanuelle Tremblay, les intentions du gouvernement vont dans le bon sens, mais ne doivent être qu’un premier pas.
« C’est un réveil positif, mais ce qui est annoncé ne sera sans doute pas assez pour redonner ses lettres de noblesse à l’institution. Il va falloir aller encore beaucoup plus loin, car la situation est critique depuis de nombreuses années et que les effectifs du Bureau de la traduction ont beaucoup diminué. »
« On ne fait qu’arrêter l’hémorragie, il faut aller plus loin. » – Emmanuelle Tremblay, présidente de l’ACEP
M. MacKinnon indique également que le Conseil du Trésor étudie actuellement la demande formulée par la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Judy Foote, de rendre obligatoire le recours au BDT pour l’appareil fédéral.
« Nous aurons toujours besoin de pigistes, mais l’idée serait que toutes les demandes passent par le Bureau de la traduction. »
Si elle reconnaît que la charge subite de travail peut conduire à recruter des pigistes, Mme Tremblay, souhaite un changement de mentalité dans la fonction publique fédérale.
« Il va y avoir de la résistance de la part de certains, mais on ne peut pas continuer à être aussi dépendant de l’extérieur. Il faut redonner son sens et son expertise au Bureau de la traduction. Le nouveau président-directeur général semble être à l’écoute et ouvert d’esprit. Nous sommes heureux de voir que la réflexion est en cours, car nous avons beaucoup travaillé pour y parvenir. »
Garder le cap
L’annonce par la ministre de son retrait de la vie politique n’aura aucun impact sur la nouvelle direction prise dans le dossier du BDT, assure M. MacKinnon.
« C’est un vrai changement de cap, mais cela va prendre du temps pour redresser la situation qui s’est détériorée sous le gouvernement de M. Harper », ajoute-t-il, sur une note plus partisane.