Ottawa vidé de ses camions et manifestants
OTTAWA – Les camions et manifestants qui occuperaient les rues d’Ottawa depuis plus de trois semaines ont plié bagage. Le centre-ville d’Ottawa était quasi désert ce dimanche. Seuls des véhicules policiers des différents corps de police municipaux, provinciaux et du fédéral côtoyaient encore la zone.
La rue Wellington, celle en face du Parlement, qui était accaparée par plusieurs dizaines de camions depuis le début des protestations était aussi vide. L’accès aux rues Sparks et Wellington était notamment bloqué par de grandes barrières rendant l’accès impossible sauf pour les employés de la colline parlementaire.
La police d’Ottawa affirmait en date de dimanche matin avoir remorqué 79 véhicules depuis le début de l’opération, permettant notamment de débloquer les rues Kent, Lyon, Metcalfe, Queen et Bay. Le tout survient après deux jours de fortes opérations policières ayant permis de repousser la centaine de camions et manifestants qui étaient toujours présents aux abords du Parlement.
Pour le corps de police locale, le plan actuel en place donne déjà de « résultats très favorables vers un retour à la normale ».
« Mais une partie du plan qu’on ne peut pas savoir est quand ça va être la fin. On rentre dans un état où on maintient nos mesures pour être certain que ce qui se passe depuis trois semaines n’arrive plus. On va continuer de protéger nos rues et notre communauté de manifestations illégales pour autant de temps que ça va prendre », a dit le chef par intérim de la Police d’Ottawa Steve Bell.
Les campements des protestataires, notamment les tentes qui étaient remplies de nourriture et de bonbonnes de propanes, n’occupaient plus sur les trottoirs de la capitale. Quelques camionneurs et manifestants étaient encore présents sur la Promenade Sir-John-A.-Macdonald, aux abords des Plaines LeBreton en début d’après-midi, avant d’être dégagés par les autorités quelques heures plus tard. Un campement au Stade de baseball d’Ottawa, sur la rue Conventry, était en plein démantèlement, a précisé Steve Bell.
Près de 200 arrestations
La police d’Ottawa comptabilisait 191 arrestations en date de dimanche matin, dont celles de quatre individus ayant tenté d’entrer au centre-ville. Sur ce nombre, au moins 103 ont été inculpés notamment pour des charges comme méfait ou entrave au travail de policier. Au total, 389 accusations ont été effectuées. Samedi, les autorités disaient avoir remis près de 3 600 constats d’infractions.
« Malgré le succès des derniers jours, ce n’est pas l’état normal de notre ville. On a toujours besoin d’une forte présence policière pour éviter d’avoir d’autres manifestations illégales », a averti Steve Bell.
Un autre des organisateurs du « Convoi pour la liberté » a été arrêté ce dimanche. Cinq charges ont été retenues contre l’Albertain Tyson George Billings, notamment pour incitations à commettre un méfait.
L’Unité des enquêtes spéciales (UES) de l’Ontario a, de son côté, annoncé ouvrir deux enquêtes en lien avec des incidents de la fin de semaine. Le premier événement serait lorsqu’une femme a été sévèrement blessée après « une interaction entre un agent du service de police de Toronto à cheval et une femme de 49 ans sur la rue Rideau et l’avenue Mackenzie ». Plus tard en soirée, des policiers auraient déployé des armes à létalité atténuée sur des manifestants sans toutefois commettre de blessés.
Le premier ministre de l’Ontario a souligné le travail de la police d’Ottawa, la Police provinciale de l’Ontario et la Gendarmerie royale du Canada pour leur travail des derniers jours.
« Votre professionnalisme, votre patience et votre persévérance ont été essentiels pour y mettre un terme », a écrit Doug Ford sur Twitter.
Le ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino a aussi tenu à remercier le travail des forces de l’ordre « qui ont travaillé 24 heures sur 24 pour mettre fin aux blocages illégaux et rétablir l’ordre public à Ottawa ».
Au même moment que le nettoyage prenait place à proximité du Parlement, la Chambre des communes discutait de la Loi sur les mesures d’urgence, dont un vote est attendu lundi soir. Les autorités disent que la Loi sur les mesures d’urgence a notamment permis de saisir plusieurs informations sur des donateurs et les institutions financières clés pour la manifestation.
« La Loi sur les mesures d’urgence nous a permis de maintenir le périmètre et de restreindre les déplacements en plus d’étouffer le soutien financier, ou toute autre aide aux manifestants », a indiqué le sous-commissaire de la GRC, Mike Duheme.