Plan de rattrapage du gouvernement Ford : « On veut voir 100 % des élèves réussir », lance Lecce

Le plan de rattrapage scolaire du ministre Lecce, mettra l'accent sur la lecture, l'écriture et surtout les mathématiques. Crédit image : Canva

TORONTO – Le plan de rattrapage du ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, s’attaque aux lacunes en lecture, écriture et mathématiques révélées par l’Office de la qualité et de la responsabilité en éducation (OQRE) ce jeudi. Un plan qui met l’emphase sur l’apprentissage digital et virtuel, l’aide au tutorat ou encore, une aide financière pour les parents.

La première étape démarre ce 20 octobre avec l’ouverture du Paiement de soutien pour le rattrapage. C’est le fameux « directement dans la poche des parents » que le premier ministre Ford n’a eu cesse de marteler durant sa campagne.

Ce paiement de 200 $ en moyenne par enfant est une aide financière allouée aux parents pour « du tutorat ». À nuancer tout de même, puisqu’en moyen, une heure de tutorat avec un professeur particulier coûte entre 60 $ et 80 $.

En fait, selon le ministre de l’Éducation, cette aide, directement aux parents, est un soutien financier « qui soulagera les familles », puisque ce paiement devra être utilisé pour le rattrapage et servira à payer des fournitures ou de l’équipement par exemple.

Pour Anne Vinet-Roy, présidente de l’Association des enseignantes et enseignants franco-ontariens (AEFO), « c’est un peu incohérent, mais surtout le gouvernement achète les parents avec ça. On n’est pas contre d’offrir un appui aux parents, mais cette manœuvre détache l’élève de la salle de classe ».

Pour la présidente, il est difficile d’assurer le lien et la cohérence de l’apprentissage de l’élève. « Il faut investir dans le système scolaire et dans du personnel qualifié. »

Le ministre de l’Éducation Stephen Lecce a lancé son plan pour le rattrapage scolaire. Capture d’écran

Il est question de nouvelles ressources digitales et numériques dont une offre accrue pour les mathématiques à l’élémentaire. Ce projet impliquera TVO mais aussi TFO avec son programme Les Missions d’Élo sur la plateforme Idello.

Stephen Lecce déclare aussi que « nous sommes chanceux de pouvoir aider les familles et les conseils scolaires en même temps ». Le ministre sous-entend ici que le gouvernement débloquera « 15 millions de dollars supplémentaires aux conseils scolaires » pour qu’ils puissent s’offrir des outils numériques – en phase avec les curriculums – et pour soutenir les élèves, les parents et les éducateurs.

« Il faut plus de ressources, il faut investir de façon réfléchie et avec des gens sur le terrain », clame la présidente de l’AEFO, « il faut investir dans la salle de classe ».

42 % des élèves francophones atteignent la norme provinciale en mathématiques

Le plan de rattrapage indique un futur déploiement d’équipes d’action pour les mathématiques.

En effet, les résultats sont en baisse par rapport à 2018. Par exemple, sur 8 020 élèves de 6e année, seulement 50 % ont atteint la norme provinciale en mathématique. En 2018, ils étaient 83 %.

La tendance est de même pour les élèves francophones. En 2021, ils sont 42 % à atteindre la norme provinciale contre 76 % en 2018.  

Pour Anne Vinet-Roy, « la pandémie est fautive, mais ça fait un bon nombre d’années que les ressources s’effritent dans le monde scolaire ».

« Au final, les parents, comme les enseignants, ont fait comme ils pouvaient », affirme-t-elle. « C’est frustrant pour les travailleurs en éducation. On dirait que ce que le gouvernement dit, c’est qu’on ne peut rattraper nos élèves et qu’il faut le faire ailleurs. »

Pour la présidente, le personnel enseignant et les travailleurs en éducation ont l’habitude de ce genre d’écarts. En somme, il ne faut pas s’alarmer et faire confiance à l’éducation. « La pandémie a accentué ces retards, mais les ressources humaines, les consultations et l’investissement dans la salle de classe pourront renverser la courbe. »

Les résultats de l’OQRE comprennent les données des tests administrés aux élèves des écoles anglophones et francophones de l’Ontario. Ces tests évaluent la lecture, l’écriture et les mathématiques, pour le cycle primaire (1re à la 3e) et le cycle moyen (de la 4e à la 6e année).

En plus, un test de mathématiques évalue les compétences des 9e années. Et enfin, un test provincial de compétences linguistiques qui évalue si les élèves ont atteint la norme minimale en littératie (lecture et compréhension).

Garder les élèves en classe

Le premier ministre veut garder les élèves en classe et « voir 100 % des élèves réussir », a-t-il dit en point de presse à Toronto ce 20 octobre.

Dans son plan, le gouvernement appuiera l’apprentissage de la lecture. « À compter de l’année scolaire 2023-2024, les élèves du jardin d’enfants à la 2e année bénéficieront d’un dépistage des difficultés de lecture. »

Il sera aussi question de prolonger le programme de soutien au tutorat avec un investissement de 175 millions de dollars, de poursuivre la modernisation du curriculum. L’emphase sera mise sur les mathématiques, les sciences, les études informatiques, les affaires comme le commerce, et la technologie.

Enfin, le gouvernement indique vouloir travailler avec les conseils scolaires afin d’accompagner les élèves ayant des difficultés dans ce qui est à trait à l’assiduité en classe.

Article mis à jour vendredi 21 octobre à 17h30.