« Plusieurs anglophones vont lutter avec les Franco-Ontariens »

Marit Stiles, critique en matière d'éducation pour le Nouveau parti démocratique Crédit image: Étienne Fortin-Gauthier

TORONTO – Alors que la communauté franco-ontarienne organise sa riposte aux coupures de Doug Ford, des anglophones font savoir qu’ils partagent leur colère. Et ils comptent se joindre aux actions qui seront entreprises au cours des prochaines semaines avec la ferme intention de faire reculer le gouvernement ontarien.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

Jeudi 15 novembre, aux alentours de 13h30, le gouvernement Ford annonçait l’élimination du Commissariat aux services en français et l’annulation du projet d’Université de l’Ontario français. L’organisme anglo-québécois Quebec Community Groups Network (QCGN) a été l’un des premiers à dénoncer ces coupures.

« Notre organisme regardait l’Ontario comme un modèle en ce qui a trait à la manière dont on devrait traiter une communauté linguistique minoritaire », a écrit l’organisme dans un communiqué.

Selon QCGN, la formule ontarienne se base sur trois piliers qui sont indissociables : « Une Loi sur les services en français, qui protège les droits des Franco-Ontariens. Un Office des Affaires francophones qui s’assure que des services en français sont offerts. Puis, un Commissaire aux services en français qui s’assure que ces droits sont respectés ».

Selon le groupe, on ne peut pas s’en prendre à l’un d’eux sans provoquer de graves conséquences, ce qui le motive à prendre part au mouvement.

« Standing in solidarity with Franco-Ontarians »

Le quotidien montréalais The Gazette a aussi publié un éditorial intitulé « Standing in solidarity with Franco-Ontarians ». L’équipe éditoriale du quotidien écrit que « les Québécois anglophones devraient être solidaires avec nos confrères de l’autre minorité linguistique pour des raisons de principe, d’empathie et, franchement, pour nos propres intérêts. De défendre l’accès aux services dans les langues des deux minorités officielles, c’est défendre l’unité nationale et c’est avoir une vision pour ce pays où l’on peut parler les deux langues ».

Marit Stiles, critique en matière d’éducation pour le Nouveau parti démocratique (NPD) de l’Ontario, confirme ce désir de bon nombre d’anglophones de se faire aussi entendre face à Doug Ford. « Les francophones de l’Ontario vont se rendre compte que plusieurs anglophones vont lutter avec les Franco-Ontariens », a-t-elle indiqué, en marge du congrès conservateur ontarien qui se déroulait au cours de la fin de semaine à Toronto.

« La communauté francophone à travers le Canada démontre ses craintes suite à ces coupures. Il faut protéger les droits des francophones, ça envoie un mauvais signal », a-t-elle indiqué tout en dénonçant vivement le silence quasi total de la ministre déléguée aux Affaires francophones, Caroline Mulroney, sur la question. « Il faut se battre pour ses droits et sa reconnaissance », a-t-elle ajouté.

Alors que Caroline Mulroney a profité du congrès conservateur pour dénoncer les « politiques de division » de Justin Trudeau, Marit Stiles a accusé le gouvernement Ford d’utiliser exactement cette technique. « Je m’inquiète de cette division entre nous tous. Le premier ministre Doug Ford doit gouverner pour tout le monde », a-t-elle lancé.

Réaction de Canadian Parents for French

Des milliers de parents anglophones pourraient aussi participer au mouvement, affirme Nicole Thibault, directrice nationale de l’organisme Canadian Parents for French.

« Nous avons le plus gros organisme anglophone pour la promotion du français. On va être en appui aux démarches de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). Je pense qu’il faut montrer à Doug Ford qu’on a des attentes de services minimaux dans un Canada bilingue », dit-elle.

Même pour les anglophones de l’Ontario, le commissaire aux services en français jouait un rôle essentiel, dit-elle. « Il était partenaire avec nous. Il jouait un rôle important de rapprochement des communautés et il expliquait aussi aux anglophones tout ce qui concerne les droits linguistiques », explique Mme Thibault.

La perte de l’Université de l’Ontario français serait aussi problématique. « Il y a  215 000 anglophones inscrits en immersion française actuellement en Ontario. On peut bien s’imaginer que plusieurs auraient voulu aller à cette université pour étudier en français », dit-elle. « On met beaucoup d’argent pour que les jeunes soient bilingues et on prend une telle décision, c’est incompréhensible », ajoute-t-elle.