Pourquoi pas un financement sur mesure du postsecondaire francophone?
OTTAWA – À la suite des énoncés économiques provincial et plus récemment fédéral, l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) rappelle la nécessité d’investir dans le postsecondaire de langue française, mais cette fois-ci, l’organisme demande de nouvelles formules de financement.
« Avec une formule de financement favorisant les partenariats, l’AFO croit que les institutions pourront améliorer leurs services aux étudiants et bonifier l’accès aux programmes en français », lit-on dans le communiqué de presse de l’AFO de ce mercredi.
Selon l’AFO, il est essentiel que le gouvernement accorde une priorité aux investissements dans l’éducation postsecondaire afin de garantir une certaine compétitivité. Mais face aux défis économiques, l’organisme porte-parole des francophones pense que « les prochains mois sont un moment opportun pour revoir le financement de nos institutions ».
L’AFO préfère parler de collaboration plutôt que de compétitivité
L’organisme affirme « que les institutions postsecondaires offrant une programmation en français en Ontario sont des outils pour pallier la pénurie de main-d’œuvre francophone et bilingue ».
D’après la même missive, la francophonie en Ontario, c’est aussi 30 000 entreprises et un apport économique au PIB de près de 80 milliards de dollars. Raison de plus, pense l’AFO, pour investir dans les individus et les concepts qui stimuleront la progression du pays, et ce par le biais du postsecondaire de langue française.
Le directeur de l’AFO, Peter Hominuk, estime aussi les institutions francophones bilingues en Ontario doivent être capables de répondre aux besoins des ressources humaines.
Si l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario demande un financement qui favorise les partenariats, c’est pour appuyer la collaboration entre institutions, au lieu de favoriser une compétitivité qui ne prend pas en considération l’aspect minoritaire.
D’après Peter Hominuk, en entrevue avec ONFR, « la formule actuelle de financement génère de la compétition, pas nécessairement de la collaboration. On croit que les institutions francophones et bilingues en Ontario, comme l’Université d’Ottawa, doivent revoir les formules de financement afin d’en proposer une sur mesure pour les francophones ».
Une formule qui reflète les besoins des francophones
« Les formules de financement ne prennent pas souvent en compte les besoins des francophones, poursuit M. Hominuk. Je pense qu’il y a le financement de base qui pourrait aller aux institutions, mais il y aurait du financement additionnel qui pourrait permettre d’avoir des outils de collaboration et des outils de concertation. »
« Il pourrait y avoir des systèmes de partage entre les institutions », suggère-t-il, rappelant que plusieurs éléments doivent être pris en compte.
« Par exemple, acheter des livres en français, ça coûte plus cher. Nous avons besoin de s’assurer que les établissements ont les outils pour embaucher les profs nécessaires et des outils pour accueillir des francophones. Tout ça coûte plus d’argent. »
Revoir le financement de la province et du fédéral
Un rapport d’experts, publié il y a quelques semaines, intitulé Assurer la viabilité financière du secteur de l’éducation postsecondaire de l’Ontario, s’était justement attardé aux enjeux entourant la pérennité d’un système postsecondaire financé par les fonds publics de l’Ontario.
« Comment pouvons-nous garantir un système d’éducation financièrement viable en français pour que les étudiants francophones et de FLS (programmes de français langue seconde) puissent accéder à un éventail de programmes de qualité et soient préparés à une brillante carrière ? », questionnaient les auteurs du rapport, à la recherche de leviers de financement du ministère qui pourraient être utilisés d’une meilleure façon.
« Quelle que soit l’option choisie, la province doit avoir pour objectif stratégique d’obtenir une part appropriée et équitable du soutien financier octroyé par le gouvernement fédéral, par l’intermédiaire de l’enveloppe de financement pour le français au Canada », mentionnait le document.
À ce propos, dès 2024-2025, le montant de l’enveloppe fédérale pour l’éducation postsecondaire en langue minoritaire s’élèvera à 128 millions de dollars sur quatre ans.
Entre 2021 et 2023, l’Ontario a reçu 38 % de ce financement.